Au-delà des résultats, le coach Luzi regrette de ne pas avoir pu jouer dans son stade. (J. Prévost/L'Équipe)

« Il faut rester digne » : Chambly va devoir digérer sa relégation en National

Après la défaite contre le Paris FC (0-3), samedi, synonyme de descente, la première de l'histoire du club, un mélange d'émotions est ressorti du FC Chambly Oise, entre fierté et fatalité. L'avenir de l'entraîneur Bruno Luzi, usé par les diverses péripéties, reste incertain.

Habitué à changer de configuration, le stade Charléty a été le théâtre d'une tragi-comédie, ce samedi soir. Le dénouement heureux pour le Paris FC, officiellement qualifié pour un pré-barrage à Grenoble dès mardi, et la triste fin pour Chambly, qui reste avant-dernier et redescend en National, deux ans après sa promotion historique en Ligue 2. Pendant que les Parisiens, tout sourire, prenaient des selfies avec les ramasseurs de balle après le coup de sifflet final, le coach camblysien Bruno Luzi a, à son habitude, réuni ses troupes dans le rond central pour un dernier discours, d'adieux au monde professionnel. « Faut récupérer, accepter... C'est comme ça. [...] On est tous responsables. [...] Acceptons », a-t-il lancé à son équipe, inoffensive et impuissante sur l'ensemble du match, à l'image du capitaine Guillaume Dequaire, expulsé en seconde période. Les larmes ont coulé, parfois essuyées par les maillots. Une détresse qui tranchait avec l'euphorie locale.

Un à un, ils ont ensuite regagné les vestiaires, dans un silence de plomb, les mines déconfites. « On s'était préparés à cet épilogue, même si on avait repris espoir sur les dernières rencontres. Il faut rester digne, réagit Fulvio, le président, avant de prendre dans ses bras un de ses joueurs, les yeux encore très humides. Il va falloir digérer, tout en apportant du sang frais. Quand on perd, on apprend. C'est la vie, il faut le prendre avec fatalité. On recule d'un cran cette fois, mais l'aventure n'est pas finie. »

« J'ai dit aux gars que j'étais fier d'eux car on a lutté jusqu'au bout [...]. Il fallait s'y préparer. Mais, au-delà de la division, les structures du club n'avancent pas. Se projeter, ça me fait un peu peur »

Bruno Luzi, entraîneur de Chambly

En trente-deux ans d'existence, le FCCO, parti des plus bas échelons jusqu'à l'antichambre de l'élite, n'avait connu que des montées. C'est sa « première descente sportive ». « La saison aura été rocambolesque (matches encore délocalisés, blessures importantes, gros cluster de Covid...), mais c'est pour ça qu'on aime Chambly, car c'est toujours incroyable avec nous », sourit - malgré lui - Bruno Luzi. Une fois arrivé au pupitre, l'entraîneur était toujours ému. « J'ai dit aux gars que j'étais fier d'eux car on a lutté jusqu'au bout, jusqu'ici et face à un prétendant à la montée. Il fallait s'y préparer. Mais, au-delà de la division, les structures du club n'avancent pas. Se projeter, ça me fait un peu peur. »

Après son faux-départ du banc il y a un an, le cofondateur du club est forcément atteint par cette relégation, mais aussi et surtout usé par ce stade toujours en chantier (la faute à des décisions administratives). « Le regret, c'est de ne pas jouer chez nous sur deux saisons, d'autant plus que le stade est prêt à 90 %. On passe devant tous les jours... C'est complexe, long, épuisant. Désespérant sur la fin, même. Plus loin que la saison, on n'a aucune visibilité et l'avenir s'assombrit. »

« On va essayer de remonter de suite, mais ce ne sera pas facile. On va se fixer trois ans pour remonter. Il faudra aussi voir s'il n'y a pas des chances d'être repêché. C'est une bouée de sauvetage. On ne sait jamais »

Fulvio Luzi, président de Chambly

De là à envisager un départ du technicien ? Rien ne semble décidé. À chaud, en tout cas, le discours est ambigu. « Je suis un compétiteur, mais que dois-je dire à mes joueurs et aux recrues pour les garder et attirer ? C'est très compliqué, convient-il. Je sais que j'ai des beaux yeux et que je parle bien, mais il me faudra un peu d'arguments quand même. Je n'ai pas spécialement d'envies d'ailleurs. Tout peut arriver. Après, je ne vais pas me défiler parce qu'on descend. Je reste hypermotivé pour faire remonter l'équipe, mais il faudra du matériel, à commencer par notre stade... »

Un peu plus tôt, dans les couloirs de l'enceinte francilienne, son frère et président était un peu plus mesuré. « On va essayer de remonter de suite, mais ce ne sera pas facile. On va se fixer trois ans pour remonter. Il faudra aussi voir s'il n'y a pas des chances d'être repêché (en cas de rétrogradation contrainte d'un ou d'autres clubs). C'est une bouée de sauvetage. On ne sait jamais. » Chambly ne serait pas à un retournement de situation près...