court (yoann) (V.Michel/L'Equipe)

Yoann Court : «Francis-Le Blé, c'est un petit chaudron rouge !»

À 29 ans et pour sa deuxième saison dans l'élite, Yoann Court traverse actuellement la meilleure période sa carrière. Le milieu de terrain du Stade Brestois s'éclate mais garde les pieds sur terre. Entretien.

«Comment expliquez-vous la différence entre la première saison très timide de Yoann Court en Ligue 1 (en 2015-16, avec Troyes) et la deuxième (cette saison, avec le Stade Brestois) où tout semble vous réussir ?
Ici on a très vite commencé à gagner des matches, c'est aussi simple que ça. Avec Troyes, on avait gagné notre première rencontre début décembre donc ça n'avait pas été évident. Cette saison, on a ce petit brin de réussite qui entraîne la confiance. Et quand la confiance est là...

En parlant de réussite, vous figurez actuellement parmi les cinq joueurs français les plus décisifs du moment (2 buts, 5 passes décisives). Comment vivez-vous tout ça ?
Je pense être dans la meilleure période de ma carrière. Après, honnêtement, je ne prête pas une grande attention à tout ça (les chiffres, ndlr). Mes statistiques passeront toujours après les résultats de l'équipe. Je suis en réussite et ça fait toujours plaisir mais ce qui m'intéresse, c'est d'être titulaire avec Brest et d'apporter un plus à mon équipe. Je préfère ne plus avoir de stats d'ici la fin de la saison mais qu'on se maintienne plutôt que l'inverse.

8 - Joueurs français ?? les plus décisifs dans les 5 grands championnats européens cette saison :

Alassane Pléa - 8 (4 buts, 4 passes décisives)

Yoann Court - 7 (2 ??, 5 ?)

Karim Benzema - 7 (6 ??, 1 ?)

Moussa Dembele - 6 (6 ??)

Wissam Ben Yedder - 6 (6 ??)

Bleus. pic.twitter.com/opq9HkgRdD

— OptaJean (@OptaJean) 9 octobre 2019 >

Vous prenez vraiment autant de plaisir à délivrer une passe décisive qu'à inscrire un but ? De loin, ça ressemble un peu à de la langue de bois...
Non, vraiment pas. J'ai toujours été comme ça, en fait. J'ai toujours préféré l'ombre à la lumière. Entre faire marquer Gaëtan (Charbonnier) ou un autre attaquant et ajouter un but à mon propre compteur, mon choix est vite fait. Dans mon esprit, une passe décisive, ça vaut un but ! Après, si on peut marquer tous les deux, c'est bien. Mais si on se retrouve à deux joueurs face au gardien, je la donne.

Vous avez le sentiment d'évoluer dans un super groupe, cette saison ?
C'est ça ! Avec un coach qui tient à ce qu'on prenne du plaisir, comme c'était le cas avec Jean-Marc Furlan. Et ça tombe bien car c'est ce qui m'intéresse. Le football, c'est ma passion et ce que j'aime, c'est avoir le ballon, jouer dans une équipe qui a la possession. C'est ce qui se passe avec Brest. On a déjà réussi quelques gros matches, on prend des points, il faut continuer comme ça. Car ce n'est pas en restant à dix derrière et en tentant de placer des contres qu'on y arrivera. Le maintien passera par le jeu.

Olivier Dall'Oglio ne s'est donc pas trompé en choisissant de s'inscrire dans la continuité de son prédécesseur ?
C'est là où il a été intelligent, oui. Après, le coach Dall'Oglio est un petit peu plus défensif. La méthode Furlan est vraiment basée sur l'attaque, l'attaque et encore l'attaque. Donc on va dire qu'il y a une petite différence entre les deux à ce niveau-là. Mais ce sont deux coaches qui veulent jouer, avoir la possession et encore une fois, ça me plaît. L'équipe n'a pas trop changé en plus, on se connaît par cœur. Ça aide.

Vous n'avez donc même pas le sentiment d'avoir changé de coach ?
L'une des différences se situe au niveau de la vidéo. Par rapport à Jean-Marc Furlan qui avait tendance à faire des séances vidéo collectives relativement longues, Olivier Dall'Oglio opte pour des séquences individuelles, assez courtes. Il nous dit tout de suite ce qui va ou pas. Mais sinon on est dans une forme de continuité, oui.

Les anciens de la maison qui ont intégré le staff jouent également un rôle important, non ?
C'est sûr que les anciens (Bruno Grougi, Yvan Bourgis ou encore Julien Lachuer, ndlr) qui ont intégré le staff nous apportent un plus. C'est toujours bien d'avoir d'anciens joueurs dans un staff. Ils ont beaucoup d'expérience et savent donc vers quelle direction nous mener. Nous, on les écoute.

Brest a la réputation d'être une ville de foot. Vous avez le sentiment que le contexte brestois con-tribue à la réussite actuelle ?
Le début de saison qu'on fait, c'est aussi grâce aux supporters. Ici, il y a un vrai engouement autour du foot et de l'équipe. Quand on joue dans notre style, on sent qu'on a très vite le soutien des supporters et qu'ils peuvent nous donner des ailes. Francis-Le Blé, c'est un petit chaudron rouge ! J'adore cette ambiance. Ici, les supporters te poussent à aller toujours plus loin dans l'effort. Il y a vraiment une grosse différence pour nous entre les matches à domicile et ceux à l'extérieur.

Vous êtes neuvièmes après dix journées, à quatre points de la deuxième place mais également de la zone rouge. Comment situez-vous votre équipe dans ce Championnat très serré ?
Pour l'instant, on ne réfléchit pas trop en termes de classement. On est sur une bonne série mais on sait très bien qu'il y aura des moments un peu plus compliqués. On va essayer d'avoir quarante-deux points le plus vite possible et après, on verra bien. Peut-être qu'on pourra accrocher la première partie de tableau. L'Europe, c'est vraiment un niveau au-dessus de nous. Mais on a en tout cas une équipe joueuse, qui peut gagner contre n'importe qui. On l'a notamment démontré face à l'OL (2-2, le 25 août dernier), qu'on a failli battre. On a un énorme mois de novembre avec les réceptions de Nantes et du PSG et un déplacement à Marseille. On en saura un peu plus à ce moment-là.

«Dans mon esprit, une passe décisive, ça vaut un but !»

«Ici, il y a un vrai engouement autour du foot»

«Reims est l'équipe qui m'a le plus impressionné»

Y a-t-il déjà des équipes qui vous ont fait forte impression ?
Cela va vous surprendre mais jusque-là c'est le Stade de Reims qui m'a le plus impressionné. Ils sont très costauds et devant c'est pas mal. C'est une équipe que je n'attendais pas spécialement à ce niveau-là, en plus. Tout l'inverse de l'Olympique Lyonnais que je voyais très fort mais que je n'ai pas trouvé très bon face à nous. Même s'ils n'avaient peut-être pas aligné la meilleure équipe possible ce soir-là.

Vous êtes passé par l'OL, vous avez été international Espoirs, comment envisagez-vous la suite ? Votre début de saison et vos statistiques ont dû attirer certains regards...
J'ai vingt-neuf ans et je suis en fin de contrat. On va d'abord voir ce que le club compte faire. Pourquoi pas discuter pour signer un nouveau bail ? Je me sens bien ici et mon amie aussi. Pour l'instant, je ne vois pas trop l'intérêt que j'aurais à partir. Mais tout ça reste conditionné par le maintien et mon niveau personnel. Je suis en tout cas totalement concentré sur le Stade Brestois et la suite de la saison. La seule différence que j'ai pu constater se situe au niveau des sollicitations médiatiques, qui sont désormais plus fréquentes. Mais sincèrement, je sais d'où je viens et tout le travail qu'il me reste à faire. Dans mon esprit, je n'ai encore rien fait.»

Thymoté Pinon