sanogo (yaya) (F.Lancelot/L'Equipe)

Yaya Sanogo : «J'ai pu montrer à mon corps que je suis apte»

Relégué en Ligue 2 avec Toulouse à l'issue de la saison 2019-20, Yaya Sanogo, en fin de contrat, a quitté les bords de la Garonne. En attendant de signer dans un nouveau club, pourquoi pas en Ligue 1, l'ancien attaquant d'Arsenal, si embêté par les blessures par le passé, retrace des derniers mois bien compliqués et fait son bilan avec les Violets.

«Comment se sont passés ces trois mois d'arrêt pour vous ?
C'était dur. Arrêter le football. D'un coup. Stopper ce qu'on fait tous les jours. Notre boulot. Face à une épidémie qui est venue bouleverser le monde entier. Cela m'a beaucoup touché. Il y a eu bon nombre de morts, des familles touchées. Voir autant de gens partir à cause d'une épidémie dont on n'a pas trouvé le remède, franchement, ça m'a beaucoup affecté. Sportivement, on n'avait pas les conditions pour s'entraîner, on n'avait presque pas le droit de sortir. C'était nouveau et bizarre à la fois. S'arrêter, nous qui nous nous entraînons tous les jours... On travaillait à la maison mais on faisait ce qu'on pouvait. Ce n'est pas le même boulot, pas la même chose.
Le fait que Toulouse soit bon dernier de Ligue 1 a-t-il rendu la chose encore plus compliquée ?
Oui, aussi. Mathématiquement, ce n'était pas fini. On se disait qu'il y avait toujours un espoir sur les dix derniers matches. C'était un mince espoir, mais il allait falloir tout donner sur le sprint final.
Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que la saison de Ligue 1 était terminée après 28 journées et que votre équipe était alors reléguée en Ligue 2 ?
C'est comme si tu finissais sans avoir le choix. Tu es impuissant. Injuste ? Non, au regard de la pandémie. On s'est dit qu'on n'allait pas prendre de risque. On fait du foot, mais le fait qu'autant de gens partent chaque jour... Le foot venait après. Bien après. On s'est dit que la sentence serait celle-là et que l'important, c'était la santé.

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«On aurait aimé reprendre aussi...»

Ce sentiment est-il resté le même en voyant la Premier League, la Bundesliga, la Serie A et la Liga reprendre ?
On aurait aimé reprendre aussi... Il n'y a quasiment que nous qui n'avons pas repris. Ce sont les décisions de la Ligue... On n'y peut rien. On aurait repris plus tard, mais on était tous d'accord pour reprendre même si la préparation allait être un peu plus longue et qu'on aurait fini un peu plus tard. Au moins, rien qu'au niveau du classement, ça aurait été plus clair. Là, c'est resté figé à la 27e ou la 28e journée. Certaines équipes pouvaient se maintenir, d'autres pouvaient espérer la Ligue des champions...
Mais pour vous, le maintien paraissait quasiment impossible...
Quasi impossible... Rien n'est impossible ! Mais, oui, ça allait être difficile. Il restait dix matches ! Tout pouvait se passer.
Comment expliquez-vous aujourd'hui que Toulouse se soit retrouvé dans une telle situation, avec, donc, une relégation au bout ?
Cette saison a été difficile. Il y a eu trois coaches. Il y a eu des défaites marquantes qui nous ont un peu plombé.
Par exemple ?
Celle de Lyon (NDLR : Défaite 3-2 à domicile avec un but de Memphis Depay à la 95e minute). Rennes aussi (Défaite 3-2 à Rennes après être revenu de 0-2 à 2-2, avec un but breton à la 92e minute). Et je pense également à Bordeaux, à domicile, c'est la première qui est marquante pour moi.
Pourquoi ?
Je crois que le club fêtait quelque chose, le stade était rempli. On a perdu 3-0 (3-1). Le premier gros choc qui nous a mis un coup sur la tête.

Avec 15 apparitions pour 9 titularisations en Ligue 1 avec Toulouse, Yaya Sanogo a inscrit 3 buts en 2019-20. (F.Faugere/L'Equipe)

Avez-vous vu très vite ce groupe lâcher prise ?
Non, on a essayé ! On a essayé de rester solidaires et soudés. Après, on connaît le football : quand la confiance n'est pas là, tu as l'impression que tout ce que tu fais devient plus dur, et les victoires deviennent plus dures aussi à obtenir.
Avez-vous déjà eu l'espoir que vous alliez vous en sortir ?
On l'a eu, des fois. On jouait bien. Mais, au final, alors qu'on mettait les ingrédients pour gagner, on allait se prendre au but. Il y avait toujours quelque chose. Le sort s'acharnait contre nous. Je ne sais pas si c'est de la malchance... Je suis dégoûté que l'équipe aille en Ligue 2.
Vous arriviez en fin de contrat à Toulouse, qu'avez-vous fait dès que cette fin de saison a été entérinée ?
Je me maintiens, il le fallait, surtout après trois mois d'inactivité. Il fallait reprendre les choses sérieuses. Ça fait six ou sept semaines que je suis avec un préparateur physique. Ça se passe plutôt bien. Maintenant, j'attends de signer dans mon nouveau club.
Toulouse est-il venu vers vous dans l'optique d'une possible prolongation ?
Non. Ce n'était pas mon but de poursuivre. Et le club n'est pas venu. Cela s'est fait sans problème.

«Il y avait toujours quelque chose. Le sort s'acharnait contre nous. Je ne sais pas si c'est de la malchance...»

«Mon bilan à Toulouse n'est pas dégueulasse»

Quel bilan faites-vous de ces trois ans ?
Je savais dans quelle équipe j'arrivais. J'avais besoin de jouer, je voulais retrouver le plaisir de jouer. J'ai eu moins de pépins. J'ai dû faire 70 matches (70 exactement, toutes compétitions confondues) pour 17-18 buts (16 exactement). Les stats ne sont pas énormes, mais j'ai pu montrer à mon corps que je suis apte, que je peux jouer. Je voulais m'assurer de ça. Je suis parti très jeune à l'étranger et je suis venu à Toulouse pour me refaire une caisse.
Vous vous êtes rassuré...
Voilà, exactement. Pour repartir du bon pied. Sur ces trois saisons, (Max-Alain) Gradel doit être le meilleur buteur, je suis le second en ayant joué beaucoup moins de matches. Mon bilan n'est pas dégueulasse.
Quelles sont désormais vos envies ?
J'ai eu pas mal de propositions et de contacts. Bon nombre de clubs sont venus. Ma recherche est plutôt axée sur le sportif. J'attends que tous les Championnats majeurs se terminent. Il faut de la patience.

L'Equipe a expliqué que le Spartak Moscou était intéressé par vos services. Une bonne idée ?
Ça peut être une idée. Ça discute. Il y a aussi d'autres clubs. Il y a le Spartak, le Dinamo est également venu. Les clubs du Golfe, des équipes de Championship (D2 anglaise), deux-trois touches en France... J'attends.
 
La France est-elle une destination privilégiée ?
Ça pourrait m'intéresser. Mais je suis ouvert à tout. Dès qu'un bon challenge sportif se présentera à moi, j'irais là-bas.»

Timothé Crépin