kombouare (antoine) (A.Martin/L'Equipe)

Yann Kombouaré sur son père Antoine, l'entraîneur de Guingamp : «Après le PSG, il y a eu un vrai changement»

Cette semaine, dans FF, vous pouvez retrouver un dossier de quatre pages autour d'Antoine Kombouaré et du management du Kanak au tempérament parfois sulfureux. FF a donné la parole à plusieurs de ses anciens joueurs, avec certaines anecdotes très marquantes. Yann Kombouaré, salarié au club d'Amiens et fils du coach guingampais, porte un regard avisé sur le management de son papa. Et notamment sur son évolution avec le temps.

«Avez-vous été surpris de voir votre père sortir de ses gonds face à Frédéric Hantz il y a quelques semaines ?
Il a cette image un peu de colérique, de nerveux, mais ça faisait un petit moment qu’il était plutôt calme. De temps en temps, il retombe dans ses travers. Sa nature revient. À Strasbourg, pour sa première expérience, je me souviens qu’il était très sanguin, et ça l’a suivi tout au long de sa carrière. Mais, après son passage au PSG, il y a eu un vrai changement.

Pourquoi ?
Il a su prendre du recul sur sa profession. Ce qu’il a vécu l’a un peu changé dans sa manière d’être. Au PSG, avec l’attente qui est énorme, il a essayé de faire évoluer son image et sa façon d’être pour essayer de coller à l’image de la capitale : un peu plus de retenue, plus de discrétion.

Mais ça ne lui allait pas vraiment…
Non. Mais ça lui a servi dans son comportement. Il a pu avoir plus de maturité et de calme. L’expérience est aussi passée par là.

«Oui, il a pété des câbles avec des mecs»

Les origines kanaks de votre père jouent-elles un grand rôle sur son tempérament d’entraîneur ?
Il est très marqué là-dessus. Il a vécu en Nouvelle-Calédonie jusqu’à ses 18 ou 19 ans. Il est très porté sur les valeurs de famille, de respect, notamment des anciens. C’est très important. C’est limite si on ne doit pas regarder dans les yeux quand les anciens parlent, un peu comme en Afrique. Dès qu’on l’emmène sur ce terrain-là, il y a des choses qu’il ne laisse pas passer. C’est commun à tous les Kanaks. Mon éducation a été la même.

Mais, parfois, cela est parti en vrille avec certains…
Parfois, oui, il a pété des câbles avec des mecs. Il y a des choses qui lui tiennent particulièrement à cœur et qu’il ne laisse pas passer. C’est pour ça que les joueurs ne lui en tiennent pas rigueur. Il est franc, honnête, ne fait pas de coup par derrière. Oui, il est exigeant avec ses joueurs, et parfois ça va au clash parce que ce n’est pas possible de ne pas y aller. Mais, en général, ça se finit bien.

Comment votre mère réagit-elle face à ce tempérament ?
Elle a l’habitude. Elle est là pour le soutenir très souvent. Autant, avant, elle laissait couler, autant aujourd’hui, elle est capable de faire ce qu’il faut pour l’apaiser on va dire. Il en a besoin.

Rassurez-nous, en dehors du foot, il est calme ?
Il est calme tout le temps ! L’avantage qu’il a, c’est qu’il passe très vite à autre chose. Il gueule et tape très fort du poing sur la table, mais une fois qu’il a dit ce qu’il avait sur le cœur, il passe à la suite pas très longtemps après. Il ne garde pas ça en lui. C’est quelqu’un qui a besoin d’exprimer les choses. Mais il ne va pas bouder dans son coin ensuite. Et il s’est amélioré avec le temps. Avant, il était souvent énervé et ça durait au moins la nuit ou le week-end. Maintenant, même s’il a perdu, il est détendu. Il est capable d’aller voir des gens, de manger au restaurant, et tout se passe bien.»

Timothé Crépin

Dans notre numéro de France Football actuellement disponible dans les kiosques ou ici sur le numérique, retrouvez "Docteur Antoine, Mister Kombouaré", le portrait de la méthode, parfois très dure, du coach de l'En Avant Guingamp.