Soccer Football - Champions League Semi Final Second Leg - Liverpool v FC Barcelona - Anfield, Liverpool, Britain - May 7, 2019 Liverpool's Georginio Wijnaldum celebrates scoring their third goal with Jordan Henderson and Trent Alexander-Arnold REUTERS/Phil Noble (Reuters)

Wijnaldum, prouesse mythique face au Barça

Auteur d'une entrée en jeu phénoménale, Wijnaldum, double buteur, a changé à lui seul le cours d'une rencontre hors du temps. Et ce après première manche bien manquée de long en large. Solide. Mais surtout légendaire.

Comme quoi, le football ne se joue à rien. La Ligue des champions, elle, n'attache de l'importance qu'à des détails. Aussi minimes soient-ils. Alors que Robertson était obligé de céder sa place à la pause, à contre-cœur sans doute, à la suite d'une semelle de Suarez en fin de première période, Wijnaldum entrait en jeu. Le scénario élaboré par Klopp était sans doute bien différent. Mais qu'importe, après un match aller loupé dans les grandes largeurs au poste d'attaquant de pointe, le Néerlandais retrouvait la confiance sans faille de son entraîneur. Et l'ancien milieu de terrain du PSV Eindhoven lui a bien rendu, en emmenant les siens vers les prémices d'une soirée légendaire.

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Instigateur d'une soirée inoubliable

En deux minutes, le Barca se liquéfiait, vacillait. Doutait. Et pas qu'un peu. Entré au jeu neuf minutes auparavant, au sortir de la mi-temps, Wijnaldum décidait du sort de la rencontre. Celle-ci devait basculer dans l'irrationnel. Et il ne pouvait en être autrement. On jouait la 54e minute de cette folle partie, lorsque Liverpool, déjà devant au tableau d'affichage, se remettait à y croire. Sur son côté droit, l'excellent Alexander-Arnold déboulait à fond les ballons et envoyait une galette dans la surface blaugrana. La sphère arrivait dans les pieds de Wijnaldum qui ajustait instantanément Ter Stegen. 2-0. L'histoire est en marche. Après le miracle d'Istanbul en 2005 et le quart de finale retour de Ligue Europa contre Dortmund en 2016 (4-3), les fans de Liverpool étaient, sans le savoir, les spectateurs d'une nouvelle soirée inoubliable. Avec le Néerlandais aux manettes. Deux minutes après le pion du break, Wijnaldum, en furie, remettait ça et faisait chavirer Anfield dans une allégresse rare. Sur le côté gauche, Shaqiri, pourtant peu inspiré sur le pré – et c'est peu de le dire, envoyait un bonbon au point de penalty. Wijnaldum s'envolait alors dans le ciel de la Merseyside pour catapulter le cuir dans la lucarne de Ter Stegen d'un coup de casque rageur. 3-0, l'affaire n'est pas encore pliée, mais c'est tout comme. Immense. La bascule est alors totale.

Discipline et concentration

Après une piètre partition au Camp Nou, sans relief, à un poste qui n'était pas le sien, Wijnaldum a rappelé à tout son monde à quel point il est un excellent joueur. Fonctionnel et utile pour une équipe de très haut niveau. Avec l'entrée en jeu de son poulain à la mi-temps, Klopp a vu son collectif reprendre du poil de la bête, après une première période irrégulière et entachée de nombreuses imprécisions techniques. Et dans l'entrejeu, Wijnaldum a fait régner la loi. Sa loi. Face à Vidal, pourtant précieux en première période et Rakitic, certes discret, mais très présent à la perte, le Néerlandais s'est démené, démultiplié. Il aura été d'un calme de tous les instants. Mais aussi et surtout d'une grande précision. L'international oranje de 28 ans a soulagé les siens au moment de sortir le ballon. Sans oublier son apport dans la surface de réparation, dans laquelle il aura amené de la présence et de la crainte à l'endroit de l'arrière-garde catalane. Et pour cause, les Barcelonais n'auront jamais vraiment su contrôler les nombreuses courses de Wijnaldum.

Véritable moteur au milieu, le Néerlandais s'est même offert le luxe de donner le tournis à ses vis-à-vis. Alors que Liverpool venait d'inscrire le quatrième but de sa soirée par l'intermédiaire d'Origi, synonyme de ticket pour le Wanda Metropolitano le 1er juin prochain, Wijnaldum se jouait des milieux barcelonais pour lancer Mané sur le côté gauche (81e). Plein de jus et d'entrain, le Néerlandais, dans un bloc adverse de plus en plus étiré, vomissait son talent sur la pelouse pour conduire une dernière contre-attaque, en lançant Mané (90e). Mais celle-ci n'aboutira pas. Peu importe, au coup de sifflet final, Wijnaldum s'écroulait au sol et laissait éclater sa joie. Un droit on ne peut plus légitime après une performance aussi remarquable.

Mehdi Arhab