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Walter Benitez (Nice) : «Patrick Vieira sépare facilement les moments de rigolade et de travail»

Gardien providentiel de l'OGC Nice, Walter Benitez est un homme de base du système de Patrick Vieira à Nice. Surnommé «Le Mur», l'Argentin s'est confié à FF.fr.

«Nice est septième de Ligue 1, avec la meilleure défense du Championnat ex-aequo avec le PSG. Quel est l’état d’esprit du groupe aujourd’hui ?
C’est toujours le même, compétitif, afin d’arriver à faire des bons matches, d’aller le plus loin possible tous ensemble, de gagner et de prendre le maximum de points. On sait que cette saison a été un peu compliquée par moments, avec quelques nuls et des défaites que l’on aurait pu éviter. Et c’est difficile de ne pas jouer quelque chose la saison prochaine. Mais l’état d’esprit, c’est le même : gagner le maximum de matches.

La fiche de Walter Benitez
 
Pour vous, en tant que gardien, est-ce une satisfaction d’encaisser aussi peu de buts ?
C’est un objectif. Cela récompense le travail qui est fait en match et toute la semaine. C’est quelque chose dont on parle avec les défenseurs et l’équipe. Cette année, on n’a pas beaucoup marqué, et la majorité des matches que l’on a gagnés l’on était avec un petit but d’écart. Donc on cherche à en encaisser le moins, avec un bon travail collectif. Et c’est ça qui nous permet aujourd’hui d’être à la septième place.
 
Plus personnellement, vous avez le meilleur total de Ligue 1 au niveau des clean sheets, 15.
Je suis très content pour tous ces matches-là où on n’a pas pris de buts, mais aussi du travail individuel et collectif. C’est une énorme satisfaction. Finir le match sans prendre de but, c’est pareil que marquer lorsque vous êtes attaquant. Surtout quand on est face à des bons joueurs et de grosses équipes. Pour ça, le plus important, c’est la concentration. C’est primordial pour un gardien, mais aussi pour tous les autres joueurs, de rester très concentré sur toutes les actions. Car à ce niveau-là, un moment de déconcentration peut être dangereux pour l’équipe.

Lire : Les oubliés de FF aux Trophées UNFP 2018-19
 
Comme beaucoup, on a été un peu surpris de ne pas voir votre nom affiché aux trophées UNFP de meilleur gardien…
C’était une chose un peu difficile. Mais c’est déjà oublié ! Et on pense à tout ce qui va arriver. Certains m’ont demandé pourquoi je n’étais pas là. Mais c’est la décision des joueurs, on doit la respecter. Et puis on passe vite à autre chose...

«Patrick Vieira ? Un gros travailleur»

Qu'est-ce que l'arrivée de Patrick Vieira a changé ?
Ça nous donne beaucoup de confiance, car Patrick est un entraîneur qui, en arrivant, a tout de suite parlé avec tout le monde et posé les bases autour de sa manière de travailler et de penser les choses. C’est très important pour un groupe, qui plus est qui est jeune. Le coach nous donne beaucoup de choses, il ne fait pas de différences entre chaque personne et reste tout le temps avec nous. Il offre aussi son expérience. Et c’est un gros travailleur. C’est important pour notre équipe, pour grandir. Dans la vie du groupe, il est gentil, il rigole. Il reste avec tout le monde, et il sépare facilement les moments de rigolade et de travail, de sérieux, en offrant à chacun son expérience pour faire progresser les joueurs individuellement et collectivement.
 
C’est un jeune entraîneur, mais on a l’impression qu’il dégage beaucoup de sérénité.
Oui, je pense la même chose. C’est son premier club en Europe, il a déjà beaucoup d’expérience, après avoir été avec d’autres équipes. C’est quelqu’un qui mérite d’être ici à Nice. Tout ce qu’il a gagné avant, cela lui donne aussi de la confiance.
 
En parlant de confiance, comment décririez-vous votre relation avec vos défenseurs ?
On a une très bonne relation, et cela fait déjà quelques années que l’on se connaît avec Dante, Malang (Sarr) et Patrick (Burner). Avec Christophe (Hérelle), c’est uniquement depuis l’année dernière. Mais je pense que la confiance s’est créée par rapport aux matches que l’on a fait, aux bons résultats et surtout avec une bonne communication. On se parle beaucoup. Pour un gardien, c’est important de voir qu’il y a beaucoup de solidité et de confiance. On a besoin de ça. À l’entraînement ou avant le match, on essaie d’analyser l’autre équipe ensemble, de se dire ce que l’on doit faire et on doit toujours communiquer et se faire confiance.
 
Et malgré plusieurs nationalités, vous parlez tous très bien le français…
C’est très important ! En match, il y a deux ou trois secondes où l’on doit bien se dire les choses. Si on ne se parle pas bien, cela peut être mal interprété par le défenseur et cela peut créer un problème dangereux pour l’équipe.

Entre Walter Benitez et les défenseurs niçois, à l'image de Christophe Hérelle, c'est un véritable mur qui s'est construit sur la Côte d'Azur. (P.Lahalle/L'Equipe)

Par rapport à l’évolution de Nice, l’équipe est devenu un peu plus pragmatique, avec un bloc plus compact et plus bas qu’en début de saison. Comment cela a évolué pour vous qui êtes gardien ?
C’était une bonne chose, et on a bien assimilé les consignes de jeu que le coach demande. On travaille toute la semaine, en essayant ensuite d’offrir le moins d’espace possible à l’adversaire et de ne pas être trop bas lorsqu'on n’a pas le ballon. C’est ça que l’on travaille avec le coach jusqu’à aujourd’hui et c’est très important pour nous. L’équipe s’est adaptée aux consignes. Pour moi, il y a des attentes du coach pour que je ne sois pas trop bas. Et il y a des choses que l’on doit continuer à mettre en place. Le coach s’adapte aussi en fonction de qui on va jouer.

Et avec le ballon, Nice se caractérise par des joueurs de côté assez performants, comme Youcef Atal ou Allan Saint-Maximim. Y a-t-il des consignes particulières pour aller les chercher rapidement ?
On essaie surtout de jouer, de relancer proprement. Et si on ne peut pas jouer court vers les centraux, on allonge sur les côtés ou vers les milieux. Mais l’idée globale du coach, c’est de ne pas perdre trop vite le ballon, de le garder, de jouer et d’avoir la possession. Ça ne met pas de pression particulière sur mes épaules, d’être premier relanceur.
 
Comment voyez-vous cette évolution du poste de gardien, notamment au niveau du jeu au pied ?
C’est parfait. C’est bien pour le gardien et c’est bien pour l’équipe. Ça fait un joueur de plus. Si on a une mentalité positive, qu’on a le jeu et le gardien pour le faire, on doit s’en servir. Ça fait partie du jeu et de l’idée de Nice de garder le ballon au sol. C’est une chose qui a évolué ces dernières années et qui est important. C’est positif pour un gardien de participer au jeu de l’équipe.

«L'idée globale du coach, c'est de ne pas perdre trop vite le ballon, de le garder, de jouer et d'avoir la possession.»

«La Copa America ? J'espère qu'il y aura une bonne surprise»

Vous avez pris de plus en plus un rôle de leader aussi dans le vestiaire de Nice.
C’est important, des fois, d’être un joueur qui parle et qui donne des conseils au quotidien. Ou même en match, d’être quelqu’un qui peut transmettre les consignes et qui est présent avec sa personnalité. Au poste de gardien, on doit montrer notre personnalité sur le terrain et c’est très important pour moi d’être là pour pousser l’équipe et mes coéquipiers. Dans le vestiaire, après, j’aime bien rigoler, parler avec tout le monde, trouver des petites choses pour que l’on puisse s’améliorer. Mais en match, on reste sérieux !
 
Avez-vous réussi à ramener un peu de culture argentine à Nice ?
Oui ! Je suis en train de boire le maté, là… (Il rit.) Je bois tout le temps le maté, on se fait des asados (NDLR : barbecues typiques argentins) avec ma femme et des amis qui habitent ici à Nice. Et on essaie toujours de ne pas oublier les choses dont on a l’habitude de faire en Argentine.
 
Maintenant, vous devez forcément avoir la Copa America dans un coin de votre tête…
Toujours. C’est une compétition très importante pour tout le monde en Amérique du Sud. J’aimerais y être… Mais on ne sait jamais. Le coach n’a pas encore donné sa liste, donc on ne sait jamais. J’espère qu’il y aura une bonne surprise.»

Antoine Bourlon