(L'Equipe)

Valère Germain, Pierre Ménès, @philousports, Smaïl Bouabdellah... : ils disent pourquoi ils veulent vite revoir «leur» Hatem Ben Arfa sur un terrain

Cette semaine, France Football consacre sa Une à Hatem Ben Arfa. Voilà en effet un an que l'international français n'a plus joué. Trop, c'est trop pour certains des fans de HBA qui militent pour un come-back rapide.

Valère Germain* : «On va retrouver le grand Hatem»

«À Nice, Hatem sortait de saisons compliquées. Mais j'ai senti que c'était quelqu'un d'entier. Il a très souvent le sourire, il chambre, il blague. Ça ne le dérange pas qu'on le chambre non plus. On sent qu'il a besoin d'être apprécié par le groupe, par le staff pour qu'il se sente heureux et qu'il soit épanoui. Ce n'est pas quelqu'un qui va prendre beaucoup la parole mais ça reste un leader. Il défend sans cesse le groupe. Au niveau du football, Hatem est sans doute le joueur le plus talentueux avec lequel j'ai évolué. Il a une capacité exceptionnelle d'éliminer des adversaires. Il est adroit devant le but. Il sait faire basculer les matches. Ce qui est digne des grands joueurs. Il aura réalisé son rêve de jouer à Paris même si cela a été compliqué. J'espère pour lui qu'il va retrouver un challenge sportif et humain qui lui corresponde. Et je suis certain que s'il est épanoui au quotidien et qu'il sent la confiance de tout un club, on va retrouver le grand Hatem.» T.C.

*Attaquant de l'Olympique de Marseille, qui a évolué avec Ben Arfa à Nice

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Philousports* : «Il joue comme dans une cour d'école»

«J'aime bien Hatem Ben Arfa parce qu'il joue comme dans une cour d'école. Tu t'amuses plus pour le plaisir que pour le résultat. Pour convaincre un sceptique de Ben Arfa, j'utiliserais ces trois arguments : les petits ponts qu'il est capable d'accomplir ; son côté imprévisible dès qu'il a le ballon ; et enfin pour le fait que c'est pour ce genre de joueur que j'aime le foot.» T.C.

*Roi du Gif sur Twitter

Pierre Ménès* : «Le regarder, c'est du plaisir»

«Il doit avoir une certaine envie de revanche, surtout qu'il n'a que 31 ans. Le regarder, c'est du plaisir, de la créativité. Le fait de ne pas le voir jouer pendant un an est un énorme gâchis. Un gâchis qui a débuté dès qu'il est arrivé au PSG. Il a tout de suite été la boniche de l'équipe : il entrait par-ci, par-là, il a même commencé 2017 en étant la doublure de Cavani. Il a été traité, comme d'autres joueurs, sans le moindre respect par Unai Emery. Il lui faut juste un nouveau club. J'espère qu'il va faire un bon choix, qu'il va signer dans une équipe où il sera clairement la star parce que c'est quelque chose dont il a besoin. Je le verrai bien à Nantes ou revenir à Nice.

Quand on a le Ben Arfa de Nice, oui, c'est un joueur dont la Ligue 1 a besoin. Notamment par la qualité de son dribble, c'est quelqu'un qui est extrêmement inventif à ce niveau. En plus, humainement, c'est un garçon que j'aime beaucoup. Il est affectueux, ultra-sensible et assez confiant en ses qualités. La dernière fois que je l'ai vu, il m'avait dit qu'il resterait au PSG jusqu'à la fin de la saison. Il en a fait une affaire de principe.» T.C.

*Journaliste pour Canal+.

«Il est affectueux, ultra-sensible et assez confiant en ses qualités»

Éric Gerets* : «Il a tout pour être une grande star»

«Je l'adorais. Et je l'adore encore aujourd'hui. Il a gaspillé sa carrière, alors que ce garçon avait un potentiel que j'ai rarement vu. S'il revenait vite sur un terrain, je suis certain qu'il nous apporterait beaucoup de plaisir. Sa technique, sa vitesse, ses mouvements, ses dribbles, il a tout pour séduire les gens. Des joueurs comme Hatem manquent, bien évidemment. Quand il est à 100% de ses moyens, je pense qu'il est l'un des cinq meilleurs joueurs de Ligue 1. Maintenant, s'il veut séduire, il est plus que temps de faire une croix sur tout ce qu'il s'est passé précédemment pour essayer de finir les quatre ou cinq dernières années de sa carrière en beauté. S'il retrouve un club et qu'il joue face à l'OM, j'irais peut-être le voir...» T.C.

*Entraîneur de Ben Arfa à l'OM

Lire : le sommaire du nouveau numéro de France Football avec Ben Arfa, l'OM, Dijon et Saint-Étienne à la Une

C'est vrai que Paris a un effectif fantastique, mais je pense qu'Hatem avait toutes les armes pour s'imposer et devenir enfin le joueur qu'il mérite d'être. Que Paris se prive d'un joueur pareil, même en tant que remplaçant, c'est surprenant. Il a cette insouciance qui lui permet d'oser, quel que soit l'adversaire. On le décrivait comme un enfant gâté, comme un joueur hautain. C'est tout l'inverse. Pour moi qui commençais ma carrière, rigoler avec un joueur comme Hatem Ben Arfa ressemblait à un rêve. Et puis son histoire le rend encore plus attachant. Je l'adore, et je suis très déçu pour lui. J'espère très vite le retrouver sur un terrain de foot.» B. Ro.

*Actuellement à Cologne, ancien coéquipier de Ben Arfa à Nice.

Vincent Koziello* : «En attendant le serrurier, j'ai regardé des vidéo d'Hatem»

«Il manque au football. C'est un artiste, il a du génie dans les pieds, c'est pour ce genre de joueurs que l'on paye sa place au stade. Les Français se plaignent du manque de spectacle, de ne pas voir assez de bons joueurs, mais quand on sait que Ben Arfa ne joue pas... Il est capable de débloquer n'importe quelle situation quasiment à lui tout seul. Pour l'anecdote, j'étais récemment bloqué devant chez moi pour un problème de clés. En attendant le serrurier, j'ai regardé plein de vidéos d'Hatem et j'ai redécouvert ce qu'il faisait avec nous. C'était juste incroyable.

Après, il y a toujours des rabat-joie qui voient le football comme un business. Ils ont raison, mais on a aussi le droit de regarder du foot pour le kif, pour voir un mec faire des dribbles, des gestes de génie. Hatem apporte une incertitude chez l'adversaire. Le défenseur va se demander : «Mais qu'est-ce qu'il fait celui-là ?» Hatem, c'est un spectacle. Après, il y a ceux qui disent «Oui, mais il en fait trop, et tout ça». Moi, j'ai envie de leur dire, prenez un bouquin, achetez-vous un dictionnaire et apprenez-le par cœur. Vous serez sûr de ne vivre aucune émotion. Mais ne regardez pas du foot. Moi, je le regarde encore avec mes yeux d'enfant. Et un enfant, il veut prendre du plaisir. Et puis, Ben Arfa est élégant, et gaucher. C'est quand même super beau un gaucher, non ?» B. Ro.

*Journaliste beIN Sports, président du Total Régal.

«On le décrivait comme un enfant gâté, comme un joueur hautain. C'est tout l'inverse»

Smaïl Bouabdellah* : «Contre le Real, il a manqué»

«Évidemment que Ben Arfa manque. C'est son football qui manque. Je regarde le foot pour voir des joueurs comme lui. Je ne parle pas de 4-4-2, de 4-3-3, de compensation ou autre. Je ne parle pas de résultats, je ne suis juste un spectateur. Quand j'allume ma télé et que je vois Ben Arfa, j'attends qu'il me donne des émotions, qu'il tente des choses, qu'il me fasse lever de ma chaise et que je me dise : «Il est complètement fou ce garçon.» Contre le Real Madrid, je pense qu'il a manqué. Paris aurait eu besoin d'un joueur qui ose, qui se dise : «Ok, tu t'appelles Sergio Ramos, pas grave, je vais quand même tenter un double contact.» Hatem ne se cache pas, il en a dans le slip. Je ne dis pas qu'il aurait réussi, que le PSG aurait gagné, qu'il se serait qualifié. Mais il serait entré sur le terrain avec cette envie d'apporter ce petit ingrédient indispensable dans les grands matches. Il ferait la même chose dans un «urban», avec le même plaisir. Ben Arfa, c'est un joueur différent. Et le foot a besoin de joueurs différents, qui ont un don.

«Hatem apporte une incertitude chez l'adversaire. Le défenseur va se demander : 'Mais qu'est-ce qu'il fait celui-là ?'»

Mouez Hassen* : «Avec Neymar, ils auraient cassé des reins»

«Avec Neymar, ça aurait pu faire un beau duo, ils auraient cassé des reins. Voir un joueur français de ce niveau sur le banc, c'est forcément décevant. Et je pense que la plupart des Parisiens et des Français sont déçus aussi. C'est un mec qui accélère le jeu quand il veut avec ses qualités de percussion, ses changements de rythme. Avec son talent, il peut faire ce qu'il veut. Il peut dribbler toute une équipe, comme il l'avait fait contre Saint-Étienne avec Nice. Quand tu es derrière et que tu vois ça, tu restes bouche bée.» A.D.

*Actuel gardien de Châteauroux, qui a connu Ben Arfa à Nice.

Je suis sûr qu'il aurait pu aider le PSG, par son talent, sa capacité à débloquer un match fermé. Surtout que Neymar est blessé. Même en tant que remplaçant, il aurait pu apporter un peu de folie. Hatem, il connaît ses qualités. Au fond de lui, il se dit qu'il a le niveau, que ce que les autres font, il peut le faire aussi. Il ne lâche jamais rien. Je suis persuadé qu'il va signer dans un club où il pourra montrer à nouveau tout son talent et retrouver le sourire sur les terrains.» B. Ro.

*Coéquipier de Ben Arfa à Lyon et à Nice

Jean-Claude Dassier* : «Le football, c'est son exercice d'excellence»

«C'est un joueur rare. Je pense que les deux parties (le PSG et HBA) en pâtissent de cette situation. C'est très mauvais pour Ben Arfa, et c'est regrettable pour le PSG. Même s'il a eu un écart de conduite, est-ce que ça vaut une année sans jouer ? Un boycott complet qui entraîne une inexistence du joueur ? J'ai une profonde tristesse que cela ait pris ces proportions, et qu'on ne l'ait plus revu avec le PSG depuis un an. C'est un gâchis. Ce garçon, quand il est en confiance, est capable de vous faire des choses sur le terrain qui vous laissent pantois. C'est un joueur d'une très grande qualité et un talent certain, et le fait qu'il ne joue pas au football est triste. J'espère qu'il va retrouver un club très rapidement, car sa carrière ne peut pas se terminer là-dessus. Le football, c'est son exercice d'excellence. Il fait des choses que d'autres ne font pas.» J.P.

*Président de Ben Arfa à l'OM.

José Anigo* : «De la catégorie des vrais artistes»

«Je l'ai toujours défendu, même quand il ne jouait pas chez nous (à l'OM), pour des raisons qui restent encore assez incompréhensibles. Il n'est pas aussi ingérable que ce qu'on veut nous raconter. Ben Arfa, c'est un surdoué du football, un phénomène. Ben Arfa n'entrera peut-être jamais dans la catégorie des Messi et Ronaldo, mais il avait le potentiel et le talent pour y parvenir. Il faut juste accepter certaines choses chez lui... Des choses qu'on n'accepte pas en France, c'est horrible. Il est souvent incompris, et c'est le problème de sa vie. Si on me propose une pétition pour le revoir sur un terrain, je la signe des deux mains et des deux pieds. Les gens viennent au stade pour des joueurs comme Hatem, pour voir des artistes. Pourquoi les gens remplissent les enceintes de Barcelone, de Madrid, maintenant de Paris et certainement de Marseille demain ? Parce qu'il y a du talent et des artistes. J'espère pour lui qu'il va trouver un club où il va s'éclater. Il ne mérite que ça.» T.C.

*Directeur sportif de Ben Arfa lorsqu'il portait le maillot marseillais

Jérémy Pied* : «Sa force, c'est aussi son insouciance»

«Quand je suis arrivé à Lyon, ce qu'on pouvait voir à l'entraînement était déjà extraordinaire. Il était tout simplement phénoménal. Je me souviens notamment d'un match contre Jura Sud où il avait remonté tout le terrain, dribblé tous les adversaires un peu à la façon de Lionel Messi. Tout le monde n'est pas capable de faire un truc pareil... À Nice, il nous a montré qu'il était prêt, motivé, qu'il ne lâcherait rien. Humainement, c'est une crème à la vanille, un mec super gentil, simple, humble. Il était très respectueux, des hommes, des horaires... Sa force, c'est aussi son insouciance. Sur le terrain, il tente toujours des choses. Certains ont peur d'être sifflés, ou de se faire engueuler par des coéquipiers. Hatem, ça ne lui arrivera jamais.

«Certains ont peur d'être sifflés, ou de se faire engueuler par des coéquipiers. Hatem, ça ne lui arrivera jamais»

Timothé Crépin, Antonin Deslandes, Joffrey Pointlane et Bruno Rodrigues