Unai Emery s'est confié en espagnol. (F. Faugere/L'Equipe)

Unai Emery : «Au PSG, le chef doit être Neymar»

Unai Emery, l'entraîneur du PSG sur le départ, s'est confié dans un long entretien en espagnol sur ses deux années parisiennes et sa vision du métier.

Quelques jours à peine après l'officialisation de son départ du PSG en fin de saison, Unai Emery a accordé un long entretien publié mardi dans le numéro 42 du magazine en ligne espagnol «The Tactical Room». L'entraîneur basque s'y livre comme jamais il ne l'a fait dans les médias français au journaliste Marti Perarnau, auteur de deux livres sur Pep Guardiola (Pep Confidential et Pep Guardiola : la métamorphose). Voici trois des passages les plus marquants (traduction effectuée par Matthieu Martinelli pour le site Culture PSG).

La place de Neymar au PSG

«Un jour, Jorge Valdano [ancien joueur, entraîneur et directeur sportif argentin du Real Madrid] m'a fait la réflexion suivante : "Au Barça, le leader c'est Messi ; au Real, c'est Florentino Pérez ; et à l'Atlético de Madrid, c'est Simeone". Un joueur, un président et un entraîneur. A chaque fois, un profil de leader différent. Je sais quand je suis le principal responsable au sein d'un groupe et quand je ne le suis pas. C'est un processus que chaque entraîneur doit vivre et intérioriser, c'est quelque chose que tu apprends avec le temps et l'expérience. Dans chaque club tu dois savoir quel rôle tu occupes et quel rôle te confie le reste du groupe. Mon opinion est qu'au PSG le leader s'appelle Neymar. Ou plus exactement, le leader s'appellera Neymar, car il est en train de le devenir. Neymar est venu au PSG pour être le leader, pour vivre ce processus nécessaire afin de devenir le numéro 1 mondial. C'est un processus auquel il manque encore un peu de temps afin de se consolider. A Manchester City, le chef c'est Pep [Guardiola]. Au PSG, le chef doit être Neymar.

La barrière de la langue

«Ma maîtrise du français a été suffisante pour m'expliquer et me faire comprendre. Il est évident que l'une des raisons du succès d'un entraîneur réside dans la communication et la connexion avec les joueurs. Je parle de connexion émotionnelle. De plus, j'ai tendance à beaucoup parler dans un vestiaire, même s'il est évident qu'au PSG j'ai réduit l'intensité de mes discours à 60%, mais je réussis à transmettre en français grâce à ce que j'ai étudié étant petit à Fontarrabie et ce que j'ai appris pendant ces deux années. Toute ma communication avec l'équipe s'est faite en français, et je crois que nous nous sommes bien compris et que la langue n'a pas été une barrière dans ce processus.»

Ce qu'il manque au PSG en C1

«Pep me disait l'année dernière quelque chose de fondamental. Pour gagner la Ligue des Champions, le Barça a dû vivre deux moments cruciaux de son histoire : le but de Bakero face à Kaiserslautern [en 1991, but qui évite l'élimination en C1, le Barça gagne la coupe quelques mois plus tard] et le but d'Iniesta contre Chelsea [en demi-finale retour de C1, le 6 mai 2009]. Il manque ce but au PSG ! [...] Il manque au PSG ce match, ce moment fondateur. Avoir son "but de Bakero". Même en étant inférieur, même s'il ne le mérite pas. Mais "pum" ! Tu marques ce but et ton destin change.

Pour devenir de grandes équipes, tous doivent passer par des moments comme ceux-là. [...] Cette année, nous avons connu ce moment où tout pouvait basculer. C'était au Bernabeu. Le Real souffrait. On voyait qu'il souffrait. On en avait parlé avant le match, "pour perdre, le Real doit souffrir". Notre objectif, c'était de faire en sorte qu'ils souffrent et qu'ils ne puissent pas sortir vivant de ce moment. Leur porter le coup fatal au moment où ils étaient le plus en difficulté. Nous en avons eu l'occasion en seconde mi-temps, à 1-1. A ce moment, j'étais très tranquille, parce que la victoire nous semblait à portée de main. [...] Nous n'avons pas su en finir quand nous le pouvions et nous n'avons pas su souffrir quand nous le devions.»