Benjamin Pavard était de nouveau titulaire contre l'Islande. (F. Faugère/ L'Equipe) (Faugère//Lâ?™Equipe))

Un début de saison délicat, des difficultés au poste de latéral droit... La place de Benjamin Pavard en équipe de France est-elle menacée ?

Méconnu il y a encore quelques mois, Benjamin Pavard a crevé l'écran pendant la Coupe du monde notamment grâce à son but incroyable face à l'Argentine. L'euphorie passée, les performances du défenseur laissent planer quelques doutes.

Oui, Benjamin Pavard a inscrit un but avec «une frappe de bâtard» durant le huitième de finale de la Coupe du monde face à l’Argentine. Mais depuis, il ne se passe plus grand-chose pour le jeune joueur français. Titulaire une nouvelle fois au poste de latéral droit jeudi dernier face à l’Islande, Benjamin Pavard n'a pas été transcendant, comme une grande partie de l’équipe de France. Durant les 90 minutes, il n’a jamais vraiment trouvé le bon rythme avec ses coéquipiers. Même s'il n'y a pas eu grand-chose à lui reprocher sur le plan défensif, il n'offre pas une assurance tous risques lorsqu'il est confronté à des ailiers vifs. Offensivement, son apport n’est pas non plus grandiose avec une qualité de centre plus que moyenne. Même si, à sa décharge, il a joué pour la première fois de sa carrière sur le côté droit avec Florian Thauvin. «Je n'ai pas été très bon, je n'ai pas été mauvais, j'ai fait un match correct», déclarait l'intéressé ce dimanche au micro de Téléfoot pour résumer son match face à l'Islande. Une analyse qui correspond également à son début de carrière chez les Bleus...

Pavard n'est pas latéral droit à Stuttgart

Avec son club de Stuttgart, Benjamin Pavard est un titulaire indiscutable, en témoignent ses 34 matches l’année dernière, et il l'est encore depuis le début de saison. Mais la grosse différence est que le Nordiste n’évolue pas au poste de latéral droit auquel Didier Deschamps l’aligne en équipe de France, mais bien en défense centrale. Ce positionnement peut devenir problématique car Benjamin Pavard n’a pas les automatismes que pourraient avoir d’autres latéraux droits de formation. Mais l’ancien Lillois n'a pas hérité de ce rôle par hasard, c’est une réflexion qui date de l'été 2017 en raison du faible nombre de candidats à ce poste. «À cette époque, il n’y avait que Sidibé et Jallet devant Benjamin», expliquait son agent Joseph Mohan à Eurosport pendant le Mondial. A Téléfoot, Benjamin Pavard a évoqué cette situation qui n’est pas problématique selon lui : «Je suis encore jeune et pas un latéral de métier. Mais en évoluant en défenseur central en club, je sais aussi ce que les centraux réclament. Mais je demande souvent à l’entraînement à Stuttgart à évoluer au poste de latéral droit.»

Un manque de concurrence chez les Bleus

Si l'on voit le natif de Maubeuge en latéral droit, c’est peut-être parce qu’il n’y a personne pour prendre cette place chez les Bleus. Si Djibril Sidibé était le titulaire à ce poste pour Didier Deschamps, sa blessure a chamboulé tous les plans et il a fallu trouver une solution. Le côté couteau suisse de Pavard plaît au sélectionneur mais cache un manque de solutions chez les Bleus. Hormis Sidibé, il n'y a pas grand monde pour concurrencer le joueur de Stuttgart. Pour preuve, Mathieu Debuchy, auteur d’une fin de saison fantastique avec Saint-Etienne la saison dernière, était pressenti pour la Coupe du monde alors qu’il n’a plus joué avec les Bleus depuis plus de 3 ans. Lorsqu’on évoque le poste de latéral droit, on a également pu parler de Bouna Sarr. Mais là aussi, le joueur olympien a été repositionné à ce poste la saison dernière par Rudi Garcia et manque cruellement d’expérience malgré quelques bonnes performances. Sinon, il faut aller voir du côté des espoirs avec Valentin Rosier de Dijon ou Kelvin Amian de Toulouse. Ou tenter le pari Kenny Lala, très bon avec Strasbourg.

Un début de saison difficile

Après une montée en Bundesliga il y a deux ans et une saison plutôt correcte l’année dernière, Stuttgart est dans le dur dans ce début d’exercice et pointe à la dernière place. Le défenseur central est également à la peine comme lors du dernier match de Championnat perdu face à Hanovre (3-1). Benjamin Pavard a également connu un changement d’entraîneur avec le limogeage de Tayfun Korkut. Ce week-end, il fera la connaissance pour la première fois de son nouveau coach, Markus Weinzierl, qui pourrait redistribuer les cartes. Mais le latéral français affirme bien vivre la situation.

Malgré tout ces paramètres, Benjamin Pavard jouit d'une réputation de bosseur au sein du groupe France. Depuis sa première sélection avec les U19, il n'a pas perdu une seule fois chez les Bleus (34 matches, 27 victoires et 7 nuls) et compte, au même titre que les autres, un titre de champion du monde cet été. Ce n'est pas rien, et la confiance de Didier Deschamps reste intacte. Un transfert l'été prochain sera d'actualité et aidera peut-être le jeune joueur à passer un cap. D'ici là, il aura sûrement à coeur de s'illustrer face à l'Allemagne, la nation qui l'a accueilli il y a deux ans, et de prouver qu'il n'est pas en équipe de France par hasard.

Florian Grégoire