Soccer Football - Premier League - Watford v Arsenal - Vicarage Road, Watford, Britain - April 15, 2019 Arsenal's Laurent Koscielny applauds fans after the match REUTERS/David Klein EDITORIAL USE ONLY. No use with unauthorized audio, video, data, fixture lists, club/league logos or "live" services. Online in-match use limited to 75 images, no video emulation. No use in betting, games or single club/league/player publications. Please contact your account representative for further details. (Reuters)

Un an après sa grave blessure, Laurent Koscielny a su revenir encore plus fort à Arsenal

A la suite de sa rupture du tendon d'Achille, Laurent Koscielny manquait la Coupe du monde et sept mois de compétition. A force de travail et avec une grande force mentale, il a su rebondir.

On le disait fini pour le football.Vieillissant, cramé, usé, incapable de revenir. Pourtant, après sa rupture du tendon d’Achille il y a tout juste un an, Laurent Koscielny est bel et bien là. Voilà donc une année entière qui s’est écoulée depuis cette scène horrible. C’était le 3 mai 2018. Cette scène où le Français, ulcéré par la douleur, tapait de toutes des forces sur le sol, se tordant dans tous les sens, la tête littéralement enfoncée dans la pelouse. Antoine Griezmann venait à son chevet, et Diego Costa, si loin de l’image qu’il véhiculait, était l'un des plus précautionneux à l’endroit du capitaine d’Arsenal, assénant des invectives au staff médical.

Depuis, la France a été championne du monde sans lui. Il a pris sa retraite internationale. Mais sept mois après, il réintégrait la défense toujours bien en peine des Gunners. «Je n’avais aucun doute sur sa capacité à revenir. Après une telle blessure, la question était de savoir si ça allait être à 80% ou 100%. Mais ça, c’est médical, assène son agent, Stéphane Courbis. Mais sur la partie motivation, détermination, sur l’aspect mental, il avait cette volonté de revenir à son meilleur niveau, toujours très confiant». Jérémie Aliadière, ancien joueur d’Arsenal et toujours salarié du club, confirme. «Quand tu passes 32-33 ans, tu as besoin de temps pour récupérer, même de petites blessures. Franchement, ce qu’il fait, c’est incroyable, surtout de revenir si fort à son âge, analyse-t-il. Mentalement, il est à fond. Il gère son rythme, il connaît son corps, dès qu’il sent qu’il a un petit truc, il s’arrête au bon moment pour éviter d’être absent plusieurs semaines et d’entrer dans un engrenage».

Koscielny après sa blessure contre l'Atlético. (B. Cremel/L'Equipe)

La confiance d'Unai Emery

Si Wenger avait l’habitude de brandir la carte du «like a new signing» (comme une nouvelle recrue) à propos du retour des joueurs blessés quand il était interrogé sur le mercato pour détourner l’attention, le cas de Laurent Koscielny s’inscrit parfaitement dans ce schéma. Quand, le 12 décembre dernier, il prenait place sur le banc d’Arsenal contre Huddersfield, et surtout contre Qarabag cinq jours plus tard lorsqu’il débutait, il soufflait comme un vent de fraîcheur sur Arsenal. «C’est complètement derrière lui, il le démontre en enchaînant des matches tous les trois jours, assure Stéphane Courbis. La seule chose, c’est qu’il n’a pas fait la préparation normale avec l’équipe et par moments il se sent un peu court. Ce n’est pas facile avec un rythme comme celui du Championnat anglais».

La boucle était bouclée donc, son retour se faisait en Ligue Europa, là où tout avait basculé. Sa réintégration était aussi entourée de doutes. Car à 33 ans, avec une si grave blessure, allait-il pouvoir garder son niveau ? La suite montrera que oui, indéniablement. Mais la question était aussi de savoir si sa place à Arsenal était toujours assurée pendant tout ce temps. «C’est une discussion qu’on a eue avec Emery après l’opération. Il a été clair dès le départ, il a dit que Laurent était son capitaine, qu’il comptait sur lui, qu’il prenne le temps de revenir pour être à son meilleur niveau, révèle l’agent du Français. Ça a fait partie de sa reconstruction, il a pu travailler dans de bonnes conditions, et avoir pour seul objectif de revenir sans s’inquiéter».

«J'ai l'impression qu'il est revenu encore plus fort»

Et en l’état, à grossir le trait, même sur une jambe, il ne serait probablement pas loin d’être le meilleur défenseur d’Arsenal. Symptomatique d’une arrière-garde à l’agonie la plupart du temps, sans qu’Unai Emery ait encore réussi à régler la mire. «Si la défense d’Arsenal avait été béton, que Sokratis et Mustafi avaient été costauds, il aurait sûrement eu plus de temps pour revenir, analyse Jérémie Aliadière. Il a été relancé rapidement parce qu’on avait besoin de lui». Comme souvent avec les Gunners, il y a des cycles. C’est un peu tout ou rien. Mais avec Koscielny, installé comme l'un des meilleurs défenseurs de Premier League depuis quelques années maintenant, c’est différent.

Fin mars, The Guardian se demandait quel était le joueur clé pour la fin de saison dans chaque club. Et écrivait : «Les sélections d’équipes d’Emery ont été quasi impossibles à deviner, mais s’il y a un joueur qui est assuré de débuter, c’est bien Koscielny». Il faut dire que l’ancien joueur de Lorient a été au cœur du renouveau - certes assez ponctuel - des Gunners. De mi-mars à mi-avril, ils n’encaissaient aucun but. Brassard vissé au bras, "Lolo" était à chaque fois de la partie. Ce fut une période charnière pour Arsenal : la victoire contre Manchester United (2-0), le retournement de situation contre Rennes (3-0) et l’élimination plutôt aisée de Naples (2-0, 1-0). Son but contre Chelsea (2-0) permettait même de sécuriser une victoire face à un membre du "big 6", pas si courant ces derniers temps. Comme si le Français était revenu plus solide de sa blessure. «Elle lui a donné encore plus de détermination qu’il avait à la base, son parcours le prouve. Je l’avais senti dans sa préparation, se réjouit Stéphane Courbis. C’est dingue, j’ai l’impression qu’il est revenu encore plus fort. Lui aussi le sent, sinon, il me l’aurait dit, ce qui n’est pas le cas, bien au contraire. Quand tu vas au combat tous les week-ends, tu ne peux pas faiblir».

Traduction : Franchement, si on m’avait dit en septembre que Koscielny reviendrait aussi fort d’une blessure qui pouvait mettre un terme à sa carrière, et qu’il rendrait ce genre de performances contre Naples en quarts de finale de Coupe d’Europe en avril, je ne l’aurais pas cru. Il a montré tellement de caractère. Mon capitaine.

Une adaptation dans son jeu

Il y a quelques semaines, The Telegraph se penchait sur le cas du natif de Tulle. «En ce moment, il joue très certainement avec la plus grande maîtrise et autorité défensive qu’il n’a jamais eues dans sa carrière à Arsenal». Le quotidien britannique mettait en avant le système de l’entraîneur espagnol en 3-4-1-2 où le Français se retrouve au centre de la défense. A l’inverse de la saison passée, où, quand Wenger s’essayait non sans mal à la défense à trois, il était davantage sur un côté. «Il est mieux protégé autour de lui et cela lui permet de se focaliser sur l’essentiel, permettant aux joueurs plus créatifs de s’épanouir, pouvait-on lire. Koscielny prospère comme le défenseur principal, l’homme à qui on fait confiance pour attaquer le ballon quand Arsenal est sous pression». En décembre, quand il est revenu à la compétition, il a eu du mal à se remettre dedans. Ses premières performances étaient brinquebalantes, mais il n’était pas aidé par une défense très passive. Il devait aussi retrouver le rythme. Désormais, il a retrouvé la pleine possession de ses moyens. A 33 ans, bien sûr, Koscielny n’a plus ses cannes d’antan. Il réalise moins ses courses dans l’axe du terrain qui cassaient si bien les lignes, mais le fait toujours avec ses passes lasers.

Traduction : Koscielny sur sa grave blessure au tendon d’Achille il y a un an : «Pour moi, c’était un mauvais très difficile de ma carrière, de ma vie… Quand tu es un compétiteur, tu veux tout gagner et je voulais me battre pour revenir de blessure».

Il dispose toujours de cette faculté à bondir pour intercepter le ballon devant son vis-à-vis. «Il commence à s’adapter d’une autre façon dans son jeu. Il intercepte au bon moment, il se jette moins, décrypte Jérémie Aliadière. Avant, il pouvait parfois aller dans des duels où il n’avait pas besoin. Maintenant, il y va quand il sait qu’il va avoir le ballon à 100%. Il fait en sorte de cadrer le joueur pour ne pas le laisser jouer». Ses qualités lui sont restées, en dépit de cette blessure, de ce traumatisme. «Il peut faire une carrière à la Hilton, abonde Stéphane Courbis. Il se prépare, il s’entraîne et fait tout ce qu’il faut pour avoir encore deux ou trois belles années dans les jambes».

A Arsenal ou ailleurs ? Quand il était encore en convalescence, d’aucuns estimaient que la suite de sa carrière à Arsenal pouvait être en péril. Un départ a même été évoqué. Son contrat court jusqu’en 2020 ,et il pourrait finir son bail dans le Nord de Londres. «Tu n’as plus beaucoup de mecs qui jouent pour le club et qui l’aiment, lâche Jérémie Aliadière. Sauf si c’est un choix personnel de sa part, ce serait bête de ne pas le garder». A voir désormais s’il pourra rester à 100% jusque-là. Dans l’entourage du joueur, on n'a aucun doute là-dessus. La fin de saison devrait être un premier indicateur important. «On aura une réflexion, on va faire une réunion avec le club à la fin de la saison. Il fera un point avec lui-même aussi», explique le conseiller du joueur. Mais avec Laurent Koscielny, on est habitué à le voir rebondir au gré des étapes se dressant sur son chemin.

Jérémy Docteur