Soccer Football - Africa Cup of Nations 2019 - Group E - Tunisia v Mali - Suez Army Stadium, Suez, Egypt - June 28, 2019 Tunisia's Mouez Hassen scores an own goal and the first for Mali REUTERS/Suhaib Salem (Reuters)

Tunisie : La carrière tourmentée de Mouez Hassen

Entre espoirs, blessures et pétages de plombs, le parcours du jeune gardien n'a rien d'un long fleuve tranquille. Dernier rempart d'une équipe tunisienne qualifiée pour les demi-finales de la CAN, Mouez Hassen (24 ans) espère enfin lancer sa carrière.

Des débuts en Ligue 1 très (trop ?) précoces
Après avoir profité de la belle vitrine qu'offre une victoire en coupe Gambardella, Mouez Hassen signe son premier contrat professionnel avec Nice en 2012. Et du haut de ses 19 ans, il goûte pour la première fois à la Ligue 1 dès septembre 2013. Avant de bénéficier de la blessure de Joris Delle pour s'installer dans les buts de l'OGC Nice version 2014-15. Mais peut-être inhibé par la pression de ses débuts en professionnel, il peine à convaincre ses dirigeants et partage les cages avec Simon Pouplin, qui lui est souvent préféré. Du côté de la sélection, son statut de grand espoir à son poste lui permet d'enfiler la tunique des Bleuets à maintes reprises entre 2011 et 2015. Il peut notamment arborer fièrement sa place de finaliste lors de l'Euro U19 en 2013 mais en tant que remplaçant de Quentin Bernardeau.
En manque de temps de jeu, il enchaîne les prêts
Mais alors qu'il ne parvient pas à faire ses preuves en Ligue 1, il file vers Southampton en Premier League et rejoint le coach qui l'avait lancé chez les pros, Claude Puel. Un choix étonnant au regard du niveau du Championnat anglais et de son incapacité à s'imposer chez les Aiglons. Il n'y disputera aucun match avec les pros et six avec la réserve. À son retour, il fait une nouvelle pige, cette fois en Ligue 2 à Châteauroux. Et ça se passe beaucoup mieux. Il retrouve du temps de jeu et un statut de numéro un. Alors que Mouez Hassen a du mal à confirmer tout le potentiel qu'on lui promettait lors de ses débuts, il abandonne l'idée de jouer pour les Bleus et choisit les Aigles de Carthage. Le natif de Fréjus s'apprête alors à disputer la Coupe du monde 2018 avec la sélection dirigée par Nabil Maâloul. Lors de la préparation, il est à l'origine d'une mini-polémique. Il aurait simulé des blessures contre le Portugal (2-2) et la Turquie (2-2) pour permettre à ses coéquipiers de rompre le jeûne du ramadan lors d'une pause fraicheur en cours de match. Il n'avait pas vraiment nié les faits.
Coupe du monde 2018 : une blessure qui lui coûte cher
Le Mondial en Russie devait couronner une stabilité enfin acquise par le Franco-tunisien. Son passage en Ligue 2 lui a permis de retrouver une place de titulaire et d'enchaîner les matches. Conséquence directe : il prend place dans les buts tunisiens pour la Coupe du monde. Et dès l'entame de match contre l'Angleterre lors de la première journée, il confirme avec brio le nouvel élan donné à sa carrière. Alors que les Aigles de Carthage sont submergés par les vagues anglaises, il se mue en véritable héros (3e, 5e) et retarde l'échéance. Mais sur une de ses parades somptueuses, il se blesse à l'épaule et se trouve dans l'obligation de quitter la pelouse. Il est forfait pour le reste de la compétition et sera indisponible pendant plusieurs mois. Cette blessure est un nouveau coup dur pour le Niçois qui ne jouera pas un seul match de la saison avec le Nice de Patrick Vieira.

Une CAN en dents de scie
Qualifiée pour les demi-finales, la Tunisie devra compter en ses rangs un grand gardien si elle veut jouer la troisième finale de Coupe d'Afrique de son histoire. Et pourquoi pas deux gardiens ? Depuis le début de la compétition, Alain Giresse semble apprécier mettre en concurrence ses deux portiers, peut-être dans un but de les garder concernés et d'en tirer le meilleur. Lors de la phase de poules, tous deux ont complètement manqué leur entrée, Farouk Ben Mustapha en grande difficulté contre l'Angola puis Hassen en inscrivant un but contre son camp contre le Mali. Mais depuis, si le joueur de 24 ans a enchaîné les matches comme titulaire, il a vécu une soirée compliquée contre le Ghana en huitièmes de finale. Impliqué sur le but contre son camp de son coéquipier Rami Bedoui en toute fin de rencontre, il a été remplacé par Ben Mustapha pour la séance des tirs au but. Incapable de contrôler sa colère, il a lancé un regard noir vers son coach et son remplaçant du soir. Un coup de sang vite oublié puisqu'il a applaudi lors de l'arrêt décisif de son suppléant avant de s'excuser à l'issue de la rencontre. En fin de contrat à Nice, il doit profiter de cette CAN pour se montrer à son avantage et enfin tourner la page d'un début de carrière pour le moins tourmenté.