bakayoko (tiemoue) pauluzzi (valentin) (G. Carotenuto/L'Equipe)

Tiémoué Bakayoko (AC Milan) : «Je n'arrive pas à me vider la tête»

Après une expérience mitigée à Chelsea, l'ex-Monégasque renaît cette saison au Milan AC, en dépit de son statut de joueur prêté et de l'incertitude inhérente, qui lui pèsent. Le joueur s'est confié à FF. Extraits.

Son enfance parisienne

«Mes parents ont quitté la Côte d’Ivoire pour la France dans les années 1990, j’ai sept frères et une sœur, je suis le numéro cinq, pile au milieu ! J’ai eu une enfance plutôt difficile mais remplie d’amour, chacun prenait soin de l’autre. (...) Mon coin, c’est porte d’Orléans, Alésia, un peu Montparnasse, c’est pour ça que je porte le numéro 14 d’ailleurs. Du coup, je n’ai jamais été dans les oppositions de quartiers, le tien est mieux que le mien, etc. Je suis parisien, j’ai d’ailleurs grandi avec le PSG. La génération Ronaldinho, Peter Luccin, Nicolas Anelka même, c’est mon équipe ça !»

Ses débuts compliqués à Monaco

«Quand j’arrive en 2014, je reste sur une préparation tronquée avec Rennes car j’étais en instance de transfert. Pourtant, lors du tout premier match, un amical contre Arsenal dans le cadre de l’Emirates Cup, je suis le meilleur sur le terrain. Du coup, Jardim me titularise pour l’ouverture du Championnat, contre Lorient, à la place du capitaine Toulalan. Ça ne se passe pas bien, on est en train de perdre, mais je n’ai pas l’impression d’être le maillon faible... Pourtant, je suis remplacé au bout de trente minutes. Après, il y a le capitaine sur le banc, le score, la tournure du match, c’est un mix qui fait que le coach a été amené à prendre cette décision. Je l’ai comprise d’ailleurs. Mais ç’a conditionné les mois qui ont suivi, je suis passé de tout en haut à tout en bas, tout d’un coup, bim ! (Il mime avec les mains.) Ç’a retardé mon explosion, d’autant que je découvrais un gros club, je devais emmagasiner de l’expérience.»

L'importance de Claude Makélélé, passé par Monaco en 2016

«Je ne dis pas que je doutais de mes qualités mais j’ai toujours été très critique envers moi et pas toujours positivement, même si je faisais beaucoup de bonnes choses. Claude m’a aidé à me rendre compte de mon niveau, de mes qualités, à avoir confiance. J’ai pris tout ça et j’en ai fait mes fondations. Luis Campos, alors chef de la cellule de recrutement, a aussi été important, il me parlait tout le temps, il a toujours cru en moi. "Ne t’inquiète pas, tu vas réussir, tu joueras dans de grands clubs", me répétait-il.»

La saison 2016-17 avec l'ASM

«Ç’a créé des liens, c’était exceptionnel, pour chacun d’entre nous mais aussi parce qu’on a fait rêver la France. On était jeunes, ça restera à jamais gravé dans notre carrière et dans notre cœur. C’est important de s’écrire, de ne pas s’oublier. À la fin de notre carrière, on aura envie de reparler de tout ça entre nous. Avec Jardim, j’ai eu des hauts et des bas, il ne m’a pas fait jouer le match du titre (face à Nancy), je l’avais vraiment mal pris. Mais, pour la dernière, à Rennes, il m’avait fait une belle surprise en me proposant de porter le brassard de capitaine face à mon club formateur.»

Son aventure à Chelsea

«Je suis le premier à dire que ça ne s’est pas passé comme je voulais. Attention, il y a eu de très, très bons matches, tout n’est pas à jeter, et d’ailleurs ça m’a servi. Si j’ai ce rendement aujourd’hui, c’est aussi grâce à mon expérience londonienne. Aujourd’hui, je peux dire que je suis un meilleur joueur qu’à Monaco.»

Sa situation à Milan

«Je fais une bonne saison, je suis très reconnaissant envers le Milan, je suis très heureux ici même si, au début, j’ai été très critiqué. Mais c’est normal, ils en attendaient plus, il n’y a pas de souci. Quand je pense à mon avenir, c’est le flou total (il est prêté avec option d'achat si le club se qualifie pour la prochaine C1), je n’arrive pas à me vider la tête. (Il souffle.) Je fais tout pour qu’on se qualifie en Ligue des champions. Cela fait cinq ans que les supporters du Milan n’entendent plus l’hymne de la C1 et je veux être là la prochaine fois qu’il retentira à San Siro. C’est un peu la carotte et le bâton. »

Valentin Pauluzzi, à Milan

Tiémoué Bakayoko : « Je n’arrive pas à me vider la tête », un entretien de six pages à retrouver dans le France Football actuellement en kiosque ou ici en version numérique.