Le Parisien Thomas Meunier est titulaire avec la Belgique. (Vincent Van Doornick/ISO SPORT/PRESSE SPORTS)

Thomas Meunier (Belgique) : «Éliminer la France ou le Brésil serait une réussite»

Le latéral droit de la Belgique évoque le statut d'outsider des Diables Rougesà la Coupe du monde et espère passer le palier des quarts de finale.

«Comment vous sentez-vous physiquement ?
Je me sens très très bien, plutôt frais. J'ai quand même été préservé en club. Après le Championnat, on a eu une petite semaine de vacances qui a fait du bien. Elle a provoqué une déconnexion nécessaire. Et puis ici, on a bien repris (lundi). Je suis content de revenir en équipe nationale. Comme à chaque fois, c'est une atmosphère assez spéciale. Cela fait toujours plaisir. Pour le reste, mentalement et physiquement, tout va bien.

Romelu Lukaku a dit mercredi que vous étiez celui qui l'avait le plus impressionné...
Et je l'ai remercié pour ça. C'est un petit coup de pub sympa. Romelu est quelqu'un d'assez honnête. Donc je sais que s'il le dit, il le pense. J'avoue que moi aussi j'ai pris une envergure considérable ici. Il y a deux ans, je n'étais même pas sûr d'être pris pour l'Euro. Maintenant, je suis devenu un titulaire indiscutable entre guillemet au vu de mes prestations en équipe nationale et du statut que j'ai acquis via Paris. Je me sens bien tout simplement dans un système que j'apprécie (3-4-2-1). Je me retrouve un peu comme à l'ancienne un joueur offensif qui peut participer au jeu, donner des passes décisives, mais qui travaille aussi pour l'équipe en phase défensive. J'ai assez de liberté. Martinez me fait confiance et c'est important. Cette partie offensive du jeu m'attire le plus. Je ne l'ai jamais perdu. Dès que j'ai l'occasion de pouvoir être dans la surface, d'être décisif offensivement, cela compte aussi pour moi. D'un point de vue général, on ne demande plus seulement à un défenseur de défendre. Les latéraux ont pris une importance considérable. Une équipe qui joue sans latéraux offensifs, cela devient un handicap.

Comment vivez-vous le fait d'être titulaire indiscutable en équipe nationale ?
On n'est jamais sûr de rien jusqu'à la dernière minute. Mais au vu du talent et de la qualité des joueurs dans cette équipe, pouvoir se dire ''je suis un des pions importants de la Belgique'', ce n'est pas négligeable mentalement. C'est à ce moment-là que l'on prend conscience de ses qualités. Et de ce que l'on peut vraiment réclamer et apporter. Cela m'a aidé à progresser et à monter d'un cran. À partir du moment où on te met en confiance et que sur le plan football, ça marche pour toi, je pense que tu remarques que tu as des qualités sous estimées. Tu parviens à les mettre à profit dans ton jeu.

Vous ne saviez pas que vous pouviez évoluer à ce niveau ?
Non. Je mise toujours sur le fait d'être très critique à mon égard. J'ai souvent besoin que quelqu'un me dise que je peux faire ce genre de choses et que je vais le faire. Mais ce n'est pas quelque chose que je fais de moi-même. Dès fois, je me contente de faire ce que je sais faire, sans voir si je peux faire d'autre choses. Je reste un peu dans ma zone de confort. C'est là qu'un coach comme Michel Preud'homme a été très important pour moi (à Bruges). C'est un gars qui pousse les gens à atteindre leurs limites. Et je me suis découvert autant sur le plan mental que footballistique une réserve de potentiel que j'arrive aujourd'hui à mettre à profit.

Votre faible temps de jeu en club peut-il influencer votre statut en équipe nationale ?
Je ne me suis pas posé la question. Le message de Martinez était clair à mon égard : ''Obtiens le minimum de temps de jeu, prouve que tu peux apporter de la concurrence à tes concurrents et tu seras en équipe nationale''. J'ai fait ce que je pouvais. Je pense que je l'ai plutôt bien fait cette saison. Malgré un peu de frustration. C'est normal car les joueurs veulent toujours tout jouer. Ici, le sélectionneur me fait confiance et juge que j'ai fait les choses bien malgré mon faible temps de jeu. Cela peut être un avantage en termes de fraîcheur comme je l'ai dit. J'ai eu deux ou trois matches en fin de saison histoire de me remettre un peu dans le bain. Je ne peux pas être mieux préparé.

«Je veux rester à Paris»

Une bonne Coupe du monde peut-elle influencer la suite de votre carrière ?
Personnellement, je ne pense pas à autre chose que la Coupe du monde. Je ne pense ni à Paris ni à un transfert, ni à quoi que ce soit. Je suis obstiné à réussir un beau tournoi collectivement et individuellement. Je ne veux pas regretter et tout simplement donner le maximum. Par la suite, tout le monde connaît mon idée, je veux rester à Paris. Donc si Paris ne veut plus de moi, on avisera. Autrement, je serais ravi de prolonger mon aventure là-bas.

Quelle place tient cette rencontre contre le Portugal ce samedi ?
Celle d'un match contre le champion d'Europe en titre. Les matches amicaux, il n'y en a plus. À partir de maintenant, le tournoi commence. En fait, il a commencé depuis lundi. Les trois équipes que nous rencontrons à Bruxelles (Egypte le 6 juin et Costa Rica le 11) vont vouloir se préparer à 100%. On n'a pas d'autre choix que de montrer directement qu'il faudra compter sur nous.

Maxwell a dit que le Brésil pourrait être champion du monde mais que la Belgique pourrait être également la surprise de cette Coupe du monde...
Je pense qu'il a raison. Il a une grande connaissance footballistique (rires). Il a dit le Brésil car il est chauvin. Sinon, il aurait dit directement la Belgique. C'est le moment ou jamais de pouvoir prouver à la terre entière que notre pays a vraiment des qualités. Et un super groupe. On a fait deux fois quart de finale, Coupe du monde (2014) et Euro (2016). Il est temps de montrer que l'on peut passer le palier des quarts. Et puis, il y aura encore un Euro avec le même groupe et beaucoup de choses vont changer. Des joueurs de la génération de Vincent (Kompany), de Jan (Vertonghen), de Toby (Alderweireld) vont stopper à un moment. Il va falloir renouveler une bonne moite du groupe. Il faut vraiment profiter de ces moments ensemble en se donnant les possibilités de faire des choses inoubliables. On en est conscients.

Quel pourcentage vous donnez-vous d'être champion du monde ?
Pas champion du monde. Atteindre les demi-finales serait déjà pour moi un super objectif. Après, il y a toujours de détails qui rentrent en ligne de compte. Si tu prends le Brésil en quart de finale, cela se complique. Rien que la demi-finale, je dirais qu'on a cinquante pour cent de chances. Cela ne dépend que de nous. Mais à l'Euro, après le tirage des quarts (face au Pays de Galles, défaite 1-3), j'aurais dit qu'on avait cent pour cent de chance de gagner l'Euro. Et finalement, on a merdé. Il faudra voir la forme du moment.

Quel joueur du PSG n'aimeriez-vous pas affronter en Russie et pourquoi ?
Aucun. J'espère affronter le Brésil, vraiment. Pour leur montrer que la Belgique a aussi du potentiel. Et si on venait à éliminer, même la France ou le Brésil, ce serait pour moi une réussite même si on ne gagne pas le tournoi.»