(L'Equipe)

Tchad, sous le signe du renouveau

Sortis avant la phase de poule des éliminatoires de Qatar 2022, les Sao ont validé dimanche leur ticket pour une autre phase de groupes, celle qualificative à la CAN 2021.

Il y a bien longtemps que le vieux stade Idriss Mahamat Ouya de N’Djamena et sa vieille pelouse synthétique n’avaient résonné de tels cris de joie. Peut-être même n’avait-il jamais été envahi par ce public étreint par un si grand bonheur. C’était dimanche, c’était hier. Les Sao du Tchad, 177e au classement FIFA, venaient tout juste de se qualifier pour la phase de poule des éliminatoires de la CAN 2021 aux dépens du Liberia. D’abord une victoire 1-0 grâce à un but du capitaine Ezechiel N’Douassel (Persib Bandung, en Indonésie) pour revenir à égalité parfaite avec les joueurs de la Lone Star qui s’étaient imposés quelques jours plus tôt à Monrovia. Et puis cette terrible séance de tirs au but remportée (5-4).

Un mois après avoir été balayé sur ce même terrain par le Soudan (3-1, 0-0 à Khartoum au retour) et par conséquent éliminé de la course à Qatar 2022, le Tchad a fini par attraper la fièvre de la CAN, lui qui n’a encore jamais disputé ni phase finale de CAN ni même de CHAN dans toute son histoire. Sur le banc des Sao, un Français, Emmanuel Tregoat - dont c’est le deuxième passage après une première mission (février 2014 et octobre 2015) - débutera la phase de poule le 13 novembre en Namibie, une sélection qui a disputé la dernière CAN en Egypte, avant de recevoir les Aigles du Mali six jours plus tard à N’Djamena. Tregoat est déjà associé à un moment fort de l’histoire contemporaine de la sélection : sa victoire au tournoi de la CEMAC 2014 (réservé aux sélections d’Afrique centrale) remportée en Guinée Equatoriale.

Le Tchad souffre d'un cruel manque de moyens pour se préparer correctement, voyager confortablement aussi...

Aujourd’hui, et dans la foulée de deux illustres anciens - Japhet Ndoram et Nambatingue Toko -, la jeune génération se prend à rêver d’une qualification à la CAN au Cameroun voisin, conduite par Casimir Ninga, seul joueur de L1 (SCO Angers). Au moment où tout un pays rêve d’imiter le Burundi, Madagascar et la Mauritanie, qui ont disputé en Egypte leur première CAN, il n’est pas inutile de rappeler que le Tchad souffre d’un cruel manque de moyens pour se préparer correctement, voyager confortablement aussi. Au lendemain du match aller au Liberia, les Sao se sont ainsi retrouvés coincés à Niamey (Niger) en raison d’une panne d’avion et n’ont rejoint la capitale que la veille de la manche retour, après avoir été pas mal ennuyés au Liberia par des hôtes peu enclins à les laisser s’entraîner… 

Une nouvelle détection de Tchadiens en Europe

Pour espérer disputer la CAN chez le voisin camerounais en 2021, Tregoat et ses joueurs auront besoin d’un soutien réel de la part des autorités. L’objectif, même si le Tchad, ne le clame pas sur tous les toits, est évidemment de terminer à l’une des deux premières places d’un groupe qui compte deux habitués de la CAN (Mali, Guinée) et un troisième, qualifié épisodique (Namibie). Déjà, il est question d’une nouvelle détection de Tchadiens en Europe ces prochaines semaines, qui sera menée à partir de Paris, histoire d’élargir le groupe et, pourquoi pas, de le renforcer à certains postes clés.

Frank Simon