ndombele (tanguy) (P.Lahalle/L'Equipe)

Tanguy Ndombele (Lyon), sur la route de la perfection

Arrivé à l'Olympique Lyonnais en 2017, Tanguy Ndombele est de plus en plus sous le feu des projecteurs. Pour sa deuxième saison au club, il ne cesse d'étonner les observateurs, jusqu'à être sélectionné avec les Bleus. Mais pour être parmi les plus grands, il doit encore avoir en ligne de mire certains axes de progression.

Contre l’Islande, le natif de l’Essonne a honoré sa première sélection avec l’Equipe de France. Moins d’une demi-heure a suffi à démontrer tout ce que pouvait apporter Ndombele aux Bleus. Son entrée a coïncidé avec le réveil de la France. Il a un profil atypique, aucun autre joueur des Bleus n’est vraiment comparable. Son impact sur le jeu est indéniable, par sa puissance, ses prises de balle pour se mettre dans le sens du jeu et par les fameuses lignes qu’il casse avec ses passes.

Retrouver son âme de buteur

Ndombele a pris du galon depuis ses débuts en Ligue 2, avec Amiens. Il a su parfaire son jeu, l’étoffer à mesure que sa carrière avançait. Il dispose déjà d’une palette de qualités importante mais un point retient l’attention : il ne marque que très peu de buts. Depuis son arrivée à l’Olympique Lyonnais, il n’a inscrit qu’un seul but. C’était contre Villarreal la saison dernière, en Ligue Europa. Avec Amiens, il n’a guère fait mieux, avec seulement deux réalisations. Si ce n’est peut-être pas son rôle premier, Bruno Genesio y voit un axe de progression possible pour son joueur. Avant d’affronter Nantes fin septembre, l’entraîneur de Lyon avait évoqué les progrès qu’il pouvait faire selon lui. «Il doit franchir un dernier palier dans la finition, c’est certainement le seul élément qui lui manque pour qu’il devienne un très très grand joueur», commentait-t-il.

Mais Ndombele est encore jeune. Pour devenir un milieu de terrain le plus complet possible, il a encore du temps devant lui. Le Lyonnais a les qualités techniques pour devenir plus décisif : que ce soit par des projections ou par une position avancée qui lui permette d’armer une frappe. Très souvent, il est assez haut sur le terrain et reçoit le cuir dans un secteur particulièrement dangereux. Sylvain Ripoll, avec qui il a disputé une bonne partie de la campagne de qualification des Espoirs pour l’Euro U21, le connaît bien. «Forcément, par sa force de percussion et ses qualités naturelles, il se retrouve régulièrement proche de la surface adverse, dans des zones qui lui permettent d’être décisif. On le voit beaucoup devant les seize mètres en position de frappe. Il doit peut-être apprendre à l’être plus, à davantage "attaquer" le but», explique-t-il.

D’autant plus qu’à ses tout débuts, il lui arrivait de jouer attaquant, comme l’expliquait Yoane Wissa, un de ses amis d’enfance, à France Football (lire : «El Feinto», famille, nonchalance, échecs, talent... : portrait de Tanguy Ndombele). Devant la surface adverse, il privilégie souvent une solution altruiste pour décaler un coéquipier. Mais il possède une excellente qualité de frappe, comme il a pu le montrer la saison passée au Parc des Princes, où il avait trouvé la barre sur un missile de loin.

Plus de régularité dans le travail défensif

Que ce soit en 4-2-3-1 - modulable en 4-4-1-1 avec Fekir derrière l’attaquant - ou en 4-3-3, Ndombele est devenu un élément incontournable de l’OL. Il a disputé toutes les rencontres de Ligue 1, dont huit fois en tant que titulaire. Sylvain Ripoll analyse son utilisation dans chacun des systèmes. «C’est vrai qu’un 4-2-3-1 demande plus de discipline tactique, parce qu’on s’appuie sur un socle solide au milieu. Mais cela lui permet de partir de plus bas et d’utiliser les espaces devant lui, surtout quand il est lancé, explique l’entraîneur des Espoirs. Dans un 4-3-3, il y a la présence d’une pointe basse qui lui donne peut-être plus de liberté offensive. Mais il y a quand même le besoin d’avoir des retours défensifs et beaucoup d’activité».

Et pour cause, c’est un domaine où le Français n’a pas encore atteint le parfait rendement. Un peu normal pour un joueur de 21 ans... «Il doit acquérir plus de régularité dans son activité défensive. Parfois, il a des petits moments où il disparaît. Naturellement, par son activité, il a besoin de se régénérer. Mais je crois qu’il est en train de trouver de la consistance. Je pense que c’est pour cela que le staff des A l’a pris, parce qu’il gagne en discipline» explique Ripoll. A mesure qu’il enchaîne les rencontres, Ndombele prend du coffre et a un volume de jeu plus conséquent. Son activité s’en ressent, elle est grandissante.

Mais souvent, les Gones connaissent des difficultés contre les équipes regroupées, avec un bloc bas et des espaces limités. L’OL a régulièrement lâché des points contre les "petites" équipes ces dernières années. Face à Reims par exemple cette saison, Lyon s’était incliné 1-0 et à l’issue de la rencontre, Lucas Tousart avait évoqué la difficulté de jouer contre une équipe qui «défendait bien en bloc». Mais pour Sylvain Ripoll, Ndombele peut être le détonateur : «Il a cette capacité à fissurer le bloc adverse. Il crée des espaces. Il y a deux choses. D’abord, il faut jouer vite et juste. Et puis il faut pouvoir avoir des moments d’accélération, faire des passes dans les petits espaces, déclencher rapidement». Pour celui qui est régulièrement comparé à Michael Essien, l’ascension ne fait que débuter. Tanguy Ndombele est déjà un joueur complet. Mais ce sont ces derniers ajustements dans son jeu qui le propulseront au sommet.

Jérémy Docteur