lemar (thomas) (P. Lahalle/L'Equipe)

Supercoupe d'Europe : Thomas Lemar, l'heure de (vraiment) grandir à l'Atlético Madrid

Jour J. Pour son premier match officiel avec l'Atlético Madrid, Thomas Lemar peut remporter son premier trophée, la Supercoupe d'Europe. Les prémices d'une nouvelle aventure en Espagne qui peut le voir devenir un joueur de classe mondiale.

Nouveau club, nouveau numéro, nouveau statut. Champion du monde il y a tout juste un mois avec l'équipe de France, Thomas Lemar a fait, dès le début du mercato, le choix de l'exil. Après cinq années de carrière pro dans l'Hexagone, dont le sommet restera le titre avec Monaco en 2017, le Guadeloupéen qui fêtera ses 23 ans à l'automne va en effet découvrir la Liga, son jeu et ses fantaisies avec l'Atlético Madrid. Un club qui a déboursé 70 millions d'euros pour s'attacher les services du milieu de terrain, et qui compte sur sa nouvelle recrue pour passer un autre cap. Lemar, lui, doit également franchir un énième palier. En mettant de côté sa fin de saison insignifiante en Ligue 1, déjà, puis en devenant le très grand joueur que tous les observateurs voient en lui. S'il va retrouver plusieurs compatriotes (Hernandez, Griezmann), Lemar aura sûrement besoin d'une période d'adaptation dans un premier temps. Puis tout le monde l'attendra, très vite, lors des grands rendez-vous ibériques et européens, face aux mastodontes du Vieux Continent et les deux ennemis locaux, le Barça et le Real.

Bien s'adapter pour mieux régner

Discret et parfois décrit comme timide, Thomas Lemar se lance dans une nouvelle aventure après la fougueuse épopée monégasque de la saison 2016-17. Le milieu a des atouts (très) nombreux pour s'imposer rapidement comme l'une des armes fatales de l'Atlético. Lemar y retrouvera d'abord le 4-4-2 classique, système préférentiel de Leonardo Jardim à Monaco dans lequel il a déjà brillé. Que ce soit en Ligue des champions, où l'Atlético se régale dans les transitions offensives - dans lesquelles Lemar peut faire parler son jeu long et ses transmissions limpides -, mais aussi en Liga, là où les Colchoneros peinent parfois à déstabiliser des blocs compacts. Lemar est fin dans les petits espaces, a la qualité de percussion nécessaire sur attaque placée et aussi un formidable pied gauche. Que Godin, Gimenez et les autres gaillards du Wanda Metropolitano sauront également apprécier sur coup de pied arrêté.

Quatre gauchers fantastiques

Autre avantage à exploiter pour «Toto» Lemar : des acolytes de grande qualité. Dans la formation de Diego Simeone, il est clair que le Français sera bien entouré. Lucas Hernandez ou Filipe Luis en soutien, Saul Niguez à ses côtés au milieu de terrain, Antoine Griezmann devant. À vue d'œil, le losange côté gauche de l'Atlético n'a rien à envier aux autres grands d'Europe. Là, Lemar peut évidemment y trouver son compte. Monaco fut le témoin d'une formidable association avec son pote latéral Benjamin Mendy, et il aura aussi la chance de retrouver à l'Atlético des compatriotes pour combiner. Dans les petits espaces avec Saul ou Griezmann, avec des dédoublements de son défenseur gauche, puis avec Diego Costa capable d'offrir des solutions en pivot dans une équipe centralisée autour du collectif : tactiquement, c'est costaud. Et il n'est pas question que Lemar soit un flop à Madrid, ce qui rajoute par contre un peu plus de responsabilités et de pression sur ses épaules.

L'atout Simeone

«L'arrivée de bons joueurs nous garantit de bonnes individualités. Mais pas une meilleure équipe si nous ne travaillons pas ensemble dans la même direction.» Si l'équipe a évolué et que le complexe d'infériorité - si tant est qu'il y en avait un - s'est grandement réduit avec le Barça et le Real, Diego Simeone n'en perd pas son idéologie, sa vision du football. Pour Thomas Lemar, rencontrer un tel coach ne peut avoir que du bon. Footballistiquement, s'il est un top joueur en devenir, sa progression va suivre son cours, au fil du temps, et sa palette ne peut que s'embellir.

Mais c'est dans de petits détails, pas toujours évidents à déterminer, que Diego Simeone a un grand rôle à jouer pour son nouvel élément. Dans son travail invisible, d'une part, puis dans l'affirmation du caractère de Thomas Lemar, un défaut que beaucoup lui ont reproché lors de cette dernière saison à Monaco, alors que plusieurs cadres avaient quitté la Principauté l'été précédent. À l'Atlético, personne n'attendra de lui d'être un leader, et il n'y a pas de quoi l'être au regard des Godin, Koke, Oblak et cie qui squattent les feuilles de match des Matelassiers. Mais la tâche sera de parfois prendre le jeu à son compte, tenter de déverrouiller des situations et par-dessus tout, d'être régulier et de transformer les grandes performances en train-train hebdomadaire. Il en a le talent, et à l'aube de ses 23 bougies, c'est plus que jamais le moment.

Antoine Bourlon