(L'Equipe)

Soweto, jour de derby entre les Orlando Pirates et les Kaizer Chiefs

Samedi, le FNB stadium de Johannesburg accueille le sommet entre les Orlando Pirates et les Kaizer Chiefs. Une affiche qui anime depuis 1970 le football sud-africain. Et qui n'est pas près de se ternir, tant ces clubs comptent de fans partout en Afrique australe.

Il y a quelques semaines, à l'occasion de la Supercoupe de Côte d'Ivoire qui opposait l'ASEC d'Abidjan à l'Africa Sport (1-0) en préambule de la nouvelle saison, j'avais évoqué l'un des derbys éternels du football continental. Samedi après-midi, c'est au tour de l'Afrique du Sud de vivre le premier derby de Soweto de la saison. Un match attendu et débattu longtemps à l'avance, puis commenté et vécu avec émotion par des millions de Sud-Africains, comme s'il s'agissait d'une finale africaine.
 
Après une huitaine de journées, c'est pourtant les provinciaux du Baroka FC, une seule saison parmi l'élite, qui mènent la danse localement. Les Orlando Pirates, troisièmes, sont distancés de trois points et devancent leurs frères ennemis des Kaizer Chiefs d'une seule longueur. Entre ces deux-là, ce n'est pas vraiment l'amour foot depuis une quarantaine d'années. Et pour cause.

La C1 1995 avec l'inoubliable Mark Fish

C'est que les Kaizer Chiefs ont été fondés au début des années 1970 par Kaizer Motaung, un ancien attaquant Pirate qui évoluait alors aux Atlanta Chiefs (USA), dans la défunte NASL nord-américaine. En rentrant au pays à l'intersaison, Motaung a décidé de créer, avec d'autres dissidents des Pirates, son propre club. Pour en faire l'un des clubs africains les mieux structurés du continent, à défaut de briller sur la scène africaine. Parmi ses illustres joueurs, Doctor Khumalo.
 
Les Orlando Pirates, de leur côté, existent depuis 1937 et les Boucaniers s'enorgueillissent d'avoir remporté en 1995 la Coupe d'Afrique des clubs champions, devenue Ligue des champions, sur le terrain de l'ASEC d'Abidjan (2-2, 1-0), avec l'inoubliable Mark Fish. Ils ont vu évoluer Jomo Sono qui, revenu des Etats-Unis, a lui aussi créé un club, le Jomo Cosmos. Les "Bucs", désormais dirigés par le Serbe Micho Sredojevic, l'ancien sélectionneur de l'Ouganda lors de la dernière CAN, courent après le titre national depuis 2012. Les Chiefs, eux, l'ont remporté pour la dernière fois en 2015 et sont entraînés par Steve Komphela, un ancien défenseur international qui fit partie de la génération des premiers Bafana Bafana après la réintégration de l'Afsud au sein de la FIFA en 1992.

Chacune de ces deux formations, dont le cœur et l'âme se trouvent à Soweto, a déjà connu des entraîneurs français : Jean-Yves Kerjean (2001-2002) pour les Pirates, Philippe Troussier (1994) et Paul Dolezar (1997-99) chez les Chiefs, appelés également "Glamour Boys" par leur public. Ce derby, qui peut rassembler jusqu'à 90 000 personnes, sera sans doute placé sous le signe de l'émotion puisque la dernière confrontation entre les deux clubs, le 29 juillet dernier lors d'un match de gala, avait été marquée par la mort de deux personnes piétinées et de nombreux blessés. Une fois sur le terrain, il ne sera alors question de suprématie locale. Pour l'avoir vécu, spectacle garant en tribunes comme sur le terrain qui devrait être une fois encore le théâtre de "shibobos", ces gestes techniques les plus fous dont raffolent les joueurs...

Ce derby, qui peut rassembler jusqu'à 90 000 personnes, sera sans doute placé sous le signe de l'émotion puisque la dernière confrontation entre les deux clubs, le 29 juillet dernier lors d'un match de gala, avait été marquée par la mort de deux personnes piétinées et de nombreux blessés.

Frank Simon