feghouli (sofiane) (R.Martin/L'Equipe)

Sofiane Feghouli sur l'équipe d'Algérie : «On doit assumer, on ne peut pas se cacher»

Galatasaray et ses difficultés, sa carrière, son profil, et bien sûr la sélection algérienne : Sofiane Feghouli a accordé un long et riche entretien à Francefootball.fr. Découvrez la seconde partie où c'est sans langue de bois que le Fennec fait le point sur l'Algérie.

«Malgré vos difficultés personnelles de début de saison avec Galatasaray, Djamel Belmadi vous a appelé avec l’équipe nationale en octobre et en novembre. Est-ce un soulagement ?
La sélection me tient à cœur, avec l’envie que les choses se passent mieux qu’auparavant. Djamel Belmadi est un vrai meneur d’hommes, avec les qualités d’un grand coach. Il a fait ses preuves au Moyen-Orient. Il nous apporte son expérience. Ça me fait du bien de me ressourcer en sélection. Il compte sur moi, j’essaie de lui rendre la pareille sur le terrain en prenant mes responsabilités.

Lire : La première partie de l’entretien avec Sofiane Feghouli

Avez-vous un rôle de leader ?
Je suis un des plus anciens donc je ne peux pas me cacher. J’essaie de motiver les troupes, intervenir quand ça va ou non, corriger certaines choses, même si le chef, c’est le coach et il dit les bons mots quand c’est nécessaire. Tactiquement, le travail est très bon. Il ne peut pas tout changer du jour au lendemain, ça prend du temps. Avec les anciens, M’Bolhi, Halliche, à nous aussi de l’aider dans sa mission. On a un rôle important pour que ce groupe de qualité puisse changer d’état d’esprit petit à petit pour jouer à un haut niveau.

«Ça fait un moment que l'équipe d'Algérie ne va pas bien»

Quel est votre avis sur la situation actuelle de votre équipe nationale et avec toute l’instabilité qu’il y a pu avoir ces dernières années ?
Je suis partisan de dire que c’est davantage de la faute des joueurs quand ça ne va pas. Des coaches mauvais, il y en a partout, ça part, ça vient. Mais les joueurs sont principalement les mêmes. Au bout d’un moment, quand tu vires un coach, puis deux, puis trois, c’est aux joueurs de se remettre en question. C’est qu’il y a un problème au sein de l’effectif. Ça fait un moment que l’équipe ne va pas bien. Personnellement, je n’ai pas été appelé pendant près d’un an, je suis revenu et, sincèrement, je vois un changement par rapport au passé. Ça prendra du temps. En plus, en Afrique, les matches sont très difficiles. Mais, sincèrement, je pense qu’on a les qualités. Aux joueurs de saisir leur chance quand on fait appel à eux. La concurrence est revenue alors qu’il y en avait moins par le passé. Ça amène une dynamique positive. Ça va le faire !

Juste avant, vous parliez de "changer l’état d’esprit" du groupe. Vers quoi faut-il tendre ?
Des choses basiques, comme gagner des duels. Vous avez des matches où ça ne ressemble parfois même pas à du foot, mais plutôt du rugby. C’est du gagne-terrain lorsque les conditions sont catastrophiques. Il faut alors remonter le bloc et avoir une certaine discipline tactique en mettant plus d’envie. Il y a une expression que j’ai entendu de la part de Djamel Belmadi, c’est "Avoir du cœur et des jambes". C’est très simple mais c’est exactement ça, notamment quand vous allez jouer à l’extérieur, en Afrique. Si on met tous cette envie, ça peut le faire parce qu’on a de la qualité. On a des attaquants décisifs, on est en train de retrouver une certaine sécurité défensive, chose qu’on avait plus du tout. Une équipe et un noyau dur vont se dégager progressivement.

La fiche de Sofiane Feghouli

Une chose est claire : une qualification pour la CAN 2019 est indispensable. Ce serait terrible de ne pas se qualifier…
Oui, absolument. C’est impensable de ne pas aller à la CAN. On se doit de gagner au Togo, puis contre la Gambie. Il n’y a pas d’excuses. On doit assumer, on ne peut pas se cacher. À nous, les joueurs, de prendre les choses en main.

«C'est impensable de ne pas aller à la CAN.»

Sentez-vous que l’action de Djamel Belmadi va dans ce sens ?
Oui, il est l’homme qu’il faut pour l’Algérie. C’est l’homme de la situation. Il a conquis tout le monde de par sa franchise et son professionnalisme. Des gens vont toujours chercher la polémique, mais ça fait partie du jeu. À nous, les joueurs, d’être ensemble avec le staff. Lors du dernier match à domicile, on a pu voir le public venir en nombre à Blida. Avec une ambiance exceptionnelle. Les supporters y croient. On sent qu’un engouement est revenu. Les gens voient qu’on a un technicien humble et professionnel, avec des joueurs qui en veulent. On peut faire de belles choses. Cette victoire au Togo est primordiale, ça nous ferait du bien au moral. On sait que ce ne sera pas facile. Il faut y aller, leur rentrer dedans et leur faire mal. 40 millions d’Algériens sont derrière nous. C’est pour eux qu’il faut jouer.»

«Peut-être que ce ne sont pas les meilleurs qui doivent jouer»

Globalement, comment expliquez-vous que l’Algérie ne parvienne pas à enregistrer des bonnes performances ? A-t-on pu hisser cette équipe trop haut trop vite ?
S’il n’y a pas un collectif soudé, exceptés Messi et Ronaldo qui peuvent vous faire des différences sur une action et marquer, personne ne peut se reposer sur des individualités. Il faut un collectif fort. Aujourd’hui, peut-être que ce ne sont pas les meilleurs qui doivent jouer mais les plus rigoureux, les plus travailleurs. Il faut s’appuyer à 80% sur une base de joueurs généreux, qui en veulent. On doit fonder notre équipe sur quelque chose de fort, en se battant les uns pour les autres. Être sincère par les actes sur le terrain.

«Belmadi est l'homme de la situation. Il a conquis tout le monde de part sa franchise et son professionnalisme.»

Timothé Crépin