Soccer Football - Pre Season Friendly - Juventus A v Juventus B - Villar Perosa Training Centre, Turin, Italy - August 12, 2018 Juventus' Cristiano Ronaldo before the match with team mates REUTERS/Massimo Pinca (Reuters)

Serie A : Comment va jouer la Juventus après son mercato réussi et l'arrivée de Cristiano Ronaldo ?

Ronaldo, Bonucci, Dybala, Pjanic et tant d'autres : pour cette nouvelle saison, la Juventus est armée jusqu'aux dents. Un amas stellaire qui implique une gestion optimale et va mettre au défi la science tactique de Massimiliano Allegri. Mais comment va bien pouvoir jouer la Juve ?

Au moment de cocher les favoris pour la prochaine Ligue des champions, difficile d'oublier la Juventus cette saison. Et pour cause, la Vieille Dame s'est offert, en signant un mercato de haute voltige, le luxe de figurer parmi les premiers noms à souligner. Et pas seulement car elle a réussi l'exploit de faire signer un quintuple Ballon d'Or FF, Cristiano Ronaldo, mais parce qu'elle a su se renforcer intelligemment et avec parcimonie. Dominer la Serie A, elle le faisait déjà à outrance, mais c'est dans l'optique des grands rendez-vous européens que Beppe Marotta, Andrea Agnelli et toute la direction ont travaillé. Avec succès, il faut le dire, mettant la C1 au centre de toutes les attentes, trophée que les Bianconeri n'ont plus soulevé depuis 1996. Déjà, la Juve a su combler ses manques. Buffon parti, elle a acheté Mattia Perin, et peut toujours compter sur Wojciech Szczesny. Lichsteiner parti, Joao Cancelo a signé contre 40 millions en provenance de Valence après une magnifique saison à l'Inter. Et ainsi de suite avec Ronaldo qui vient ajouter une plus-value à un poste délaissé par Higuain, Douglas Costa qui s'engage définitivement en provenance du Bayern, le retour de Bonucci, l'arrivée gratuite d'Emre Can et d'autres jeunes joueurs, en retour de prêt ou achetés, comme Moise Kean.

Et si on jette un œil à la case «départs» du côté de Turin, pas grand-chose à signaler, hormis une balance transfert en négatif que les finances bianconeri peuvent allégrement permettre (même si l'UEFA avait précisé ne plus autoriser le négatif au-delà de 100M€, et la Juve est à -178M€). Car si Higuain a quitté le club en disgrâce (remplacé qui plus est par CR7), Buffon arrivait en fin de cycle, Mattia Caldara, aussi prometteur soit-il, n'offrait pas les mêmes garanties que Leonardo Bonucci, tandis que Lichsteiner, Asamoah, Rincon et Mandragora ne pouvaient prétendre à une place de titulaire. Malgré tout, c'est du très solide, avec des leaders et des joueurs de classe mondiale à toutes les lignes (voir ci-dessus). En termes de jeu pur et de tactique, il semble pourtant bien utopique de croire que la Juve, forte de ses titres nationaux et de ses précédents parcours en C1, va changer du jour au lendemain de style de jeu, malgré une équipe hybride et capable de toutes les fantaisies.

Son entraîneur, Massimiliano Allegri, ne va pas non plus métamorphoser un effectif très structuré. Pas de superflu inutile sur l'attaque, donc, et toujours cette quête de l'efficacité maximale, des deux côtés du terrain, caractérisée ces dernières années par la formidable défense à trois et le portier Gianluigi Buffon. Et si l'arrivée de Cristiano Ronaldo change un peu la donne, le Portugais s'y retrouvera forcément, lui qui s'est judicieusement mué, au fil des années, en un buteur épatant. Un rôle qu'il pourra exercer dans une équipe capable d'évoluer dans tous les registres offensifs, avec des joueurs fins techniquement, à l'aise pour distribuer, abreuver la surface de ballons mais aussi exceller en transition et à la récupération, comme Matuidi.

Et si l'arrivée de Cristiano Ronaldo change un peu la donne, le Portugais s'y retrouvera forcément, lui qui s'est judicieusement mué, au fil des années, en un buteur épatant.

Le tandem CR7-Dybala et son entourage

S'il convient de mettre la Juve dans le gratin du football européen, par son histoire et ses dernières performances, une donnée sera cruciale dans le bon fonctionnement du collectif du champion d'Italie : le duo, aguicheur sur le papier, formé par Cristiano Ronaldo et Paulo Dybala. Deux joueurs aux qualités bien différentes, dont la relation est très bonne selon plusieurs médias transalpins, et qui seront les deux stars de cette Serie A version 2018-19. Épicentres de toutes les attentions, ils vont aussi cristalliser les défenses et sûrement, aussi, affoler les statistiques. Dybala, par son sens du jeu, de la passe, du décalage, du dribble, et sa capacité à jouer comme un trequartista à l'ancienne en apportant du danger hors et dans la surface, puis Ronaldo dans un rôle de pur numéro 9, comme il en a eu l'habitude ces derniers temps à Madrid, aimant à ballons et machine à scorer.

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Enfin, la question se pose aussi, autour de ce duo prometteur, des autres joueurs offensifs de la Juve. Si Massimiliano Allegri appréciait mettre Mario Mandzukic sur un côté quand Higuain jouait dans l'axe, la possibilité existe toujours, même si Douglas Costa semble être le dynamiteur idéal pour accompagner et surtout servir Ronaldo. De plus, la Juve peut aussi compter sur Federico Bernardeschi, excellent gaucher souvent au service du collectif, mais également sur Cuadrado, milieu latéral un peu hybride, tantôt défensif tantôt offensif, à l'aise en débordement. Sans compter Pjanic, génial à la construction. En résumé, si le trio Costa-Ronaldo-Dybala semble être le plus propice à démarrer la saison, la Juve a un atout de taille : la variété de ses profils. Elle pourrait jouer dans n'importe quel style et face à n'importe quelle équipe. Difficile d'en dire autant de tous les gros européens.

Une arme : l'adaptabilité

Au-delà de l'attaque et des individualités exceptionnelles sur lesquelles la Juve peut compter, le club le plus célèbre de Turin peut faire confiance à un collectif exceptionnel, bâti au fil des années sur des cadres et sur les desiderata tactiques très italiens d'Antonio Conte et tant d'autres grands tacticiens. Elle peut s'assurer, aussi, d'être en mesure de contrer n'importe quel système, grâce justement à capacité à varier son schéma : à trois derrière avec des latéraux pistons offensifs, à quatre avec un double pivot et un 10 ou un système en 4-4-3 avec un triangle inversé et Pjanic en sentinelle... Autant dire qu'Allegri a de quoi faire. À l'image du huitième de C1 renversant face à Tottenham la saison passée, où le manager transalpin avait décidé de changer de système en cours de match, la Juve est en mesure de surprendre, presque autant que de se montrer réaliste, force des Noir et Blanc depuis plusieurs années. Monaco, défait il y a deux ans en demi-finale de Ligue des champions, peut en témoigner. Et les animations de «Max» Allegri seront l'un des sujets les plus analysés de la saison. Une arme supplémentaire, alors que la Juventus dispose déjà de nombreux éléments parmi les meilleurs du monde. De quoi faire peur et marcher une nouvelle fois sur la Serie A. En attendant 2019, pour rêver de la Coupe aux grandes oreilles, 23 ans plus tard.

A.B.