Sergi Darder of RCD Espanyol in action during the spanish league, La Liga, football match between RCD Espanyol and Athletic Club Bilbao on November 05, 2018 at RCDE Stadium in Barcelona, Spain. Cordon Press (Tomas Rubia/CORDON/PRESSE SPOR/PRESSE SPORTS)

Sergi Darder (Espanyol Barcelone) : «Beaucoup de plaisir à jouer à l'OL»

Timide et discret selon ses propres dires, le milieu de l'Espanyol Barcelone Sergi Darder a accepté de revenir, en toute franchise et avec le sourire, sur son passage à Lyon. Et de se confier également sur ses ambitions.

«Sergi, on vous a quitté en 2017 au moment de votre départ de Lyon. Comment se passe le retour dans votre club formateur, l’Espanyol ?
Très bien. Je suis rentré à la maison, je suis chez moi ici. C’est ce dont j’avais besoin quand j’ai pris la décision de quitter Lyon. J’avais moins de temps de jeu, moins de confiance en moi aussi. L’Espanyol était la meilleure option et je ne la regrette aucunement.

Être cadre d’une équipe moins huppée valait mieux que d’être remplaçant à Lyon, en gros ?
Partir de Lyon n’était pas ma volonté à tout prix. J’étais bien dans la ville, dans l’équipe, avec Bruno (Genesio, ndlr), les supporters… Mais j’ai été honnête avec moi-même. Si je restais ici, je savais que ce serait compliqué de retrouver une confiance que j’avais perdue. C’était le bon moment pour partir.

Le parfum de la Ligue des champions ne vous manque pas ?
(Il sourit) Tout le monde voudrait jouer la Ligue des champions dans un top club européen. Moi, ma place est à l’Espanyol, où le projet est passionnant, avec l’opportunité de disputer la Ligue Europa cette saison. L’ambition développée par le club, ç’a été une des choses qui m’ont poussé à y revenir. Je suis vraiment heureux d’avoir fait ce choix.

Justement, en Liga, l’Espanyol ne faisait a priori pas partie des favoris aux sept premières places…
C’est vrai que décrocher une qualification en Ligue Europa, ç’a été une petite surprise. Il y a des équipes qui ont le budget pour la viser chaque année et qui en font une obligation. Ce n’était pas un objectif initial, mais on avait l’équipe pour le faire et nos performances nous ont permis d’y arriver. Maintenant, on va y aller pas à pas. Je pense, même si le groupe est relevé, qu’on a l’effectif pour sortir des poules. Ensuite, vous pouvez tomber sur des grosses écuries ou des clubs reversés de la Ligue des champions…

Jouer contre Saint-Etienne vous ferait plaisir ?
(Rires) J’adorerais revenir en France et près de Lyon, oui. Parce que j’ai beaucoup d’amis là-bas et que j’aime votre pays. Saint-Etienne est une belle équipe, ce serait un adversaire compliqué mais ça serait plaisant, forcément.

Revenons sur votre passage à Lyon. Quel souvenir en gardez-vous ?
De la ville et même du pays en général, un très bon souvenir. Il a fait un peu froid par moment (rires), mais le cadre de vie était génial. Au niveau football, c’est un Championnat hyper difficile parce que très physique et avec beaucoup d’intensité. Bien jouer, c’est vraiment compliqué. Il y a peu d’espaces et de liberté, voire aucune dans certaines rencontres. Ç’a été une belle expérience malgré tout.

On a le sentiment que vous n’avez pas pu vous exprimer pleinement…
En partie parce que j’ai eu un peu de mal à m’adapter. Il y avait une concurrence énorme, avec Nabil (Fekir, ndlr), Tousart, Gonalons, Tolisso, Ferri… Ça faisait du monde au milieu. Ces joueurs-là sont plus physiques que moi, plus box-to-box. J’ai fait au mieux pour me mettre à leur niveau et apporter ma touche technique. Je n’ai aucun regret, et j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer à l’OL.

Ce n’est pas davantage une question de profil, le vôtre étant peut-être inadapté aux exigences physiques de la Ligue 1 ?
Inadapté, non. Même s’il est vrai que des profils comme le mien, on en trouve assez peu en France. Je suis un joueur dépendant du rendement de son équipe. Quand elle n’a pas le ballon, je souffre beaucoup et je peux passer au travers. Quand elle est bien, je peux m’exprimer et être meilleur parce que j’amène une qualité supplémentaire au jeu, une fluidité.

«Je suis un joueur dépendant du rendement de son équipe. Quand elle n'a pas le ballon, je souffre beaucoup et je peux passer au travers».

Quand on pense à votre aventure à Lyon, revient à l’esprit ce but exceptionnel face au PSG…
Je m’en souviens très bien, oui. J’ai eu la chance de marquer ce but au meilleur des moments, quand les gens doutaient un peu de ma signature et que je n’étais pas en confiance. A domicile et contre Paris en plus… Ce soir-là, je remplaçais Tolisso qui était suspendu je crois. Ce but a changé mon histoire en France, les gens m’ont vu d’une autre manière. Mentalement, ça m’a fait beaucoup de bien, et j’ai pris conscience que j’avais ma place ici.

D'après vous, le foot français a du retard sur le foot espagnol, en termes de spectacle et de qualité technique ?
Je crois que oui. Mais je suis espagnol, c’est logique pour moi de penser cela et d’apprécier notre jeu. Le redoublement de passes, les séquences de possession, c’est ma culture. Mais certains Espagnols préfèrent le jeu français, tout dépend de la conception qu’on se fait du football.

Et à vous, qu’est-ce qu’il vous manque encore pour intégrer le haut du panier, à savoir la sélection ?
Eh bien, pas mal de choses (rires). Il y a énormément de grands noms à mon poste. En jouant dans une équipe comme Lyon, c’est plus facile d’être en sélection parce que vous disputez l’Europe tous les ans… J’essaye de travailler pour en tout cas.

Améliorer les statistiques, peut-être ?
C’est un élément, c’est certain. Quand vous jouez dans l’entrejeu, vous devez être capable de marquer des buts, de faire des passes décisives… Mais pas que. Défensivement par exemple, je dois aussi progresser. Je suis jeune, j’ai encore le temps.»

Vous avez maintenu le lien avec la France ?
Oui, je parle encore avec pas mal de personnes à Lyon, que ce soit avec des salariés du club, des joueurs… J’y ai gardé beaucoup d’amis. Quand on te traite aussi bien, la moindre des choses, c’est de garder le contact. Et quand il y a un club français qui joue en Espagne, Lyon avant tout, j’essaye d’y aller. Les matches importants de Paris ou Monaco, je les regarde aussi à la télévision.

Bruno Genesio a été très critiqué en France. Quel est votre regard de joueur là-dessus ?
Moi je n’ai rien à lui reprocher et je ne peux en dire que du positif car il s’est très bien comporté avec moi. Au final, on a toujours disputé les compétitions européennes. Chacun pense ce qu’il veut, moi je dis qu’il a tout de même fait du bon travail. Et je lui souhaite le meilleur pour le futur.

Que pensez-vous de l’équipe actuelle ?
Ils ont une excellente équipe ! La direction travaille très bien sur le recrutement, la vente des joueurs, l’achat des nouveaux… Ils finissent toujours par signer des jeunes à fort potentiel qui s’adaptent rapidement. Le centre de formation est aussi bien exploité. Si Lyon arrive à progresser contre les équipes un peu plus faibles et àà gagner en solidité défensive, ils ne remporteront peut-être pas la Ligue 1 parce que Paris est dans une autre galaxie, mais ils pourront lutter.

«En jouant dans une équipe comme Lyon, c'est plus facile d'être en sélection parce que vous disputez l'Europe tous les ans...»

Corentin Rolland