Soccer Football - Africa Cup of Nations 2019 - Semi-Final - Senegal v Tunisia - 30 June Stadium, Cairo, Egypt - July 14, 2019 Senegal's Sadio Mane reacts as Tunisia's Mouez Hassen goes down with an injury REUTERS/Suhaib Salem (Reuters)

Sénégal-Tunisie : Sadio Mané n'a pas joué les héros mais verra la finale avec les Lions de la Teranga

Moins tranchant et agile qu'à l'accoutumée, Sadio Mané a manqué de réalisme et même refusé de tirer le penalty capital en seconde période. Le Red verra toutefois la finale et peut rêver d'un titre continental.

C’est la marque de fabrique des grands champions. Plus le niveau s’élève, plus ils crèvent l’écran par leur maîtrise des grands rendez-vous et leur prise de responsabilité. Malgré tout ce qu’il représente au Sénégal ou à Liverpool, et malgré une saison en tout point fantastique, Sadio Mané n’était pas de ceux-là contre la Tunisie, en demi-finale de la CAN. Soixante-dix-huitième minute de jeu. L’arbitre accordait un penalty au Sénégal après un rush de Sarr stoppé irrégulièrement par Bronn. Le Sénégal se voyait déjà ériger une statue à son héros national qui avait l’occasion de sortir les Lions de la Teranga du piège tunisien. Oui, mais voilà, ce n’était pas le champion d’Europe 2019 avec Liverpool qui se présentait face à Hassen, mais son compère, Saivet. Ses deux récents manqués dans la compétition (contre le Kenya et l’Ouganda) ont visiblement eu raison de son capital confiance. Il s’en est sûrement mordu les doigts en voyant son coéquipier rater également la transformation. Puis en repensant à toutes ses occasions gâchées en amont.

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Suspendu contre la Tanzanie, transparent contre l'Algérie, double buteur contre le Kenya, décisif en huitième de finale contre l'Ouganda et incisif contre le Bénin, Sadio Mané montait pourtant en puissance dans cette CAN qu’il rêve de remporter. Contre les Aigles de Carthage, c’était tout de même lui le principal dynamiteur de la défense adverse. Dès l’entame de la rencontre, le Red arrivait à se retourner et à décaler Sabaly dont le centre en retrait était contré (5e). Excentré dans un couloir, les pieds sur la ligne de touche, il tentait des débordements intenses pas toujours réussis (15e, 69e), mais obligeait surtout les latéraux tunisiens Drager et Haddadi a faire faute pour le stopper (27e, 62e). Bien contenu, l’ancien Messin pouvait néanmoins compter sur quelques inspirations de ses coéquipiers pour le mettre dans les conditions adéquates. Notamment sur celles d’un Sabaly enthousiaste. Sur une merveille de passe en profondeur du latéral gauche, Mané tergiversait trop face à Hassen et laissait finalement Niang frapper en pivot hors-cadre (37e).

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Protégé par sa bonne étoile

Dans la foulée, encore sublimement lancé dans le dos de la défense tunisienne par Gueye, il contournait Hassen mais n’arrivait finalement pas à rabattre le ballon au fond des filets pourtant abandonnés par leur propriétaire (38e). Et ce n’est pas fini. Mis en position idéale par une talonnade de Niang, le natif de Sedhiou tentait de crocheter le portier adverse, mais ce dernier lui chipait parfaitement le ballon dans les pieds (56e). Moins actif et moins sollicité en fin de partie dans une rencontre rugueuse et hachée qui devenait tendue, l’ailier sénégalais abandonnait quelque peu ses couloirs pour prendre l’axe, en soutien de Diagne. Dans l’optique de faire une différence bienvenue. Sans grande réussite. Après le penalty de Saiver, il a surtout erré sur le terrain et traversé la prolongation avec un fâcheux et inhabituel sentiment d’impuissance. Mais le facteur chance fait partie intégrante du football, et Mané voyait le destin lui faire une première fleur lorsqu'Hassen manquait sa sortie aérienne pour le but du malheureux Bronn (1-0, 101e). La deuxième est venue de la VAR et de cette main litigieuse commise par Gueye, d'abord sifflée par le corps arbitral puis annulée avec l’appui de la vidéo (116e). Un miracle. Mané jouera bien la finale de la CAN. Il n’est plus qu’à un match de son rêve de titre et celui de tout un pays.

Augustin Audouin