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Sébastien Bellencontre, ancien conseiller en image d'Antoine Griezmann : «Quand le sportif ne suit pas, le grand public s'en donne à coeur joie»

A l'occasion de notre dossier sur Antoine Griezmann à lire dans le dernier numéro de France Football, Sébastien Bellencontre, l'ancien agent d'image du Français, livre son sentiment sur la surexposition de l'attaquant de l'Atlético de Madrid et des Bleus.

«Depuis quelques mois, vous avez cessé de travailler avec Antoine Griezmann. C’est lui qui a souhaité arrêter ?
Cela s’est fait conjointement. On n’avait pas le même avis sur l’organisation à mettre en place. On arrivait à la fin de notre contrat, on a regardé pour renouveler, on s’est mis autour de la table et on a décidé d’arrêter. Il voulait que sa sœur s’occupe davantage de ce qui était lié à son image et sa com’. On a choisi de se séparer mais on s’est quitté bons amis. 
 
Il a également arrêté de collaborer avec son mentor Eric Olhats et ne bosse plus qu’avec son père et sa sœur. 
Il avait vraiment le souhait de resserrer son organisation à un cadre familial. Et il était le décisionnaire final, c’est évident. On n’avait pas envie des mêmes choses donc on a arrêté. C’est un très bon garçon, intelligent mais on n’avait plus envie d’aller dans la même direction de la même manière. 
 
Vous avez forcément un avis sur la direction qu’il a prise en terme d’image. Pensez-vous qu’il en a trop fait ces derniers temps ?
Il a pris confiance en lui, dans le personnage qu’il incarne, en tout cas celui qu’il est aux yeux du grand public. Il a pris le parti de prendre un peu plus de place sur la toile. Il s’estime plus légitime, plus à l’aise. Jusqu’à présent, il mettait un filtre, une certaine pudeur, il avait envie de conserver une certaine intimité. Maintenant qu’il se sent très à l’aise dans son costume, il n’a pas envie de différencier l’authenticité de l’individu de l’image qu’il véhicule. Ce qui peut-être problématique pour lui, ce sont ses résultats sportifs. Il doivent être excellents pour que les gens acceptent cette visibilité. Parce que quand le sportif ne suit pas, le grand public s’en donne à cœur joie. Je ne sais pas quelles leçons il va en tirer. Peut-être qu’il va lever un peu le pied.

«Peut-être une forme de lassitude du public»

Justement, cette présence plus importante est intervenue au terme d’une saison moins convaincante que la précédente.
Il sortait de deux années très chargées et puis il a aussi eu des évènements extra-sportifs qui lui ont pris du temps. Il s’est marié cet été, il a peut-être eu envie de profiter un peu plus de sa fille. Il y a plusieurs paramètres qui peuvent expliquer sa saison un peu moins bonne. Je suis certain qu’il n’est pas dans une position où il se dit "faut qu'on me voit, je veux en faire beaucoup". Il est naturel, il chambre, il s’amuse et il le montre. Après, peut-être que le grand public n’accepte pas toujours cette forte visibilité parce qu’il n’est pas revenu à son top niveau. C’est comme s’il y avait une sorte d’intolérance. Il est autorisé à communiquer pleinement que s’il est en pleine possession de ses moyens sportifs. En France, c’est culturel, on n’est jamais content de ce qu’on a. On a un joueur sympa, authentique, souriant, dispo, qui communique, qui fait partager son quotidien et quand il a un petit coup de moins bien, on dit qu’il ferait mieux de se concentrer sur son travail plutôt que de poster sur Snapchat ou Instagram.
 
En 2016, il y a eu une grosse hype Griezmann. Des jeunes talents comme Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé sont arrivés en équipe de France et ont donné l’impression de le banaliser. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas cette impression. On ne peut pas dire ça. Et c’est bien aussi quand il y a de la place pour les autres. Et cela instaure une sorte de challenge, au niveau sportif mais aussi de la com’. Il y a peut-être eu aussi une forme de lassitude du public après une année où on avait beaucoup parlé de lui. On est dans une société où on consomme plein de choses très vite. On aime bien la nouveauté et il y a un effet de mode, très clairement. Après, ce sont d’abord ses performances sportives qui l’amèneront à garder sa cote de popularité. La priorité unique doit être donnée au terrain. Le reste vient après. Maintenant, on est dans une saison de Coupe du monde et le contexte est idéal pour voir sa capacité à se relancer. Connaissant bien le garçon et son parcours, je ne suis pas du tout inquiet. » T.S.