Sandor Kocsis (D.R)

Sandor Kocsis (Hongrie), nouvel épisode de nos 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde

16 avril - 14 juin : dans exactement 59 jours, débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu'au coup d'envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde. Quarante-deuxième épisode avec Sandor Kocsis.

Son histoire avec la Coupe du monde

Membre du mythique «Onze d’or hongrois» aux côtés notamment de Ferenc Puskas et Zoltan Czibor, l’attaquant du Kijpest Honved Sandor Kocsis n’a peut-être, comme ses compatriotes, disputé qu’une seule Coupe du monde, mais son empreinte laissée dans l’édition suisse de 1954 est restée dans les annales. Vainqueurs du tournoi des Jeux Olympiques disputés à Helsinki deux ans plus tôt, Kocsis et la Hongrie, qui ont infligé la première défaite de l’Angleterre sur son sol à Wembley un an plus tôt dans un match qui a révolutionné le football et les schémas tactiques, font office de grands favoris sur le territoire helvète. Et les Magyars ont parfaitement assumé ce rôle, en infligeant des défaites mémorables lors de la phase de groupes. La bande à Gustav Sebes ont collé pour leur match inaugural un 9-0 à la Corée du Sud, où Kocsis a inscrit un triplé, avant de laminer la Nationalmannschaft de Sepp Herberger, sur un score incroyable de 8-3. Là, il n’a pas marqué trois buts, mais quatre. Sept buts en deux rencontres, auxquels vont se rajouter deux autres réalisations, lors des quarts de finale, pour se débarrasser d’une Seleçao en reconstruction, après l’épisode du «Maracanaço» (4-2). En demi-finale, l’opposition est beaucoup plus sérieuse, face aux champions du monde uruguayens. Dans une rencontre où les Hongrois ont mené 2 à 0, la Celeste, valeureuse, a poussé Kocsis et ses coéquipiers en prolongation. Mais deux coups de tête rageurs du buteur hongrois sont venus libérer Puskas et consorts, qui se sont qualifiés pour la finale. En y retrouvant l’Allemagne de l’Ouest, la Hongrie était archi-favorite, encore plus avec avoir mené 2-0 au bout de huit minutes de jeu. Faisant preuve de suffisance, Kocsis et ses partenaires ont déjoué et perdu 3 buts à 2, au cœur d’une finale que le monde du football a surnommé «Le Miracle de Berne». Muet au pire moment, cette défaite n’a pas masqué la formidable performance de Sandor Kocsis, célèbre pour son exceptionnelle efficacité dans une équipe qui a connu sa première défaite depuis quatre ans.

Le moment marquant

Son quadruplé face à l’Allemagne de l’Ouest est évidemment un épisode marquant de cette Coupe du monde 1954. A Bâle, Kocsis va d’abord profiter d’une erreur d’Anton Turek sur corner pour marquer du gauche et ouvrir la marque (3e), avant de récidiver en reprenant du même pied une passe éclair de Ferenc Puskas dans la surface (21e). La balade hongroise continue en seconde mi-temps, et Kocsis inscrit le sixième but de son équipe en remportant son duel face au gardien allemand (67e). Enfin son quatrième but personnel sur une frappe du gauche a l’entrée de la surface (78e) vient conclure le festival hongrois (8-3). Les Allemands prendront leur revanche trois semaines plus tard en finale (3-2).

Le chiffre : 11

Soit le nombre de buts marqués par Sandor Kocsis lors de cette cinquième Coupe du monde organisée en Suisse. Il demeure le deuxième avec le plus grand nombre de buts inscrits lors d’une même phase finale d’un Mondial, où il sera dépassé par Just Fontaine (13, mais avec un match de moins pour le Hongrois), quatre ans plus tard en Suède.

L'archive de FF

En 1994, lors de son traditionnel récapitulatif des joueurs qui ont marqué l’histoire de la Coupe du monde, FF écrit ceci sur le buteur magyar : «Le meilleur buteur de la Coupe du monde 1954 était surnommé «Tête d’Or» : ce n’est donc pas un hasard si, parmi ses onze buts, six furent inscrits du haut de sa phénoménale détente. Mais, ce qui donne la véritable mesure de l’efficacité de Kocsis dans le jeu aérien, c’est le fait qu’il fallut attendre la finale de Berne et une parade de l’Allemand Turek pour qu’un gardien, enfin, au cours du tournoi, arrête une de ses tentatives de la tête. Et la Hongrie s’inclina (2-3)… Détente et opportunisme étaient les qualités d’un athlète et technicien hors normes dont la carrière, comme celle de ses compatriotes, souffrit ensuite des conséquences de l’insurrection et de la répression de Budapest. Hélas !».
 
Joffrey Pointlane