Chukwueze of Villarreal celebrates the goal during the Spanish Championship La Liga football match between Rayo Vallecano and Villarreal on November 11th, 2018 at Estadio de Vallecas in Madrid, Spain. *** Local Caption *** (Oscar J Barroso/AFP7/PRESSE SP/PRESSE SPORTS)

Samuel Chukwueze, un «Super Eagle» nouvelle génération

Symbole de la nouvelle génération et synonyme d'espoir au Nigeria, Samuel Chukwueze brille à Villarreal, en Liga, et reste l'un des facteurs X de sa sélection. De ses terres, au Sud du Nigeria, à l'Égypte, FF retrace son parcours.

«On a vu quelqu'un de taciturne, qui parlait peu...» Antonio Salamanca, ancien scout de Villarreal, ne s'y trompe pas. Samuel Chukwueze est quelqu'un de discret. Du moins pour qui ne s'y intéresse pas. Car à force de dribbles, d'arabesques, de courses à haute intensité et de frappes, le Nigérian, 20 bougies depuis mai dernier, s'est fait un nom. Loin des paillettes, proche du ballon. Relève d'une nation, il représente, par la même occasion, le rêve doré du football européen. «Je suis tombé amoureux du football à l'âge de 5 ans, explique l'intéressé dans son pays, pour une interview à ses anciens formateurs. Notre légende nigériane, Jay Jay Okocha, a montré une telle habileté à la télévision... Cela m'a donné un rêve à accomplir pour ma vie.» Ces formateurs, ce sont ceux que la Diamond Football Academy, qui a accueilli Samuel Chukwueze dès ses 13 ans, en 2012.

Grandir au pays puis s'exiler

«Ça a changé ma vie, détaillait Chukwueze. J'ai appris l'éthique du football, ses règles et la conduite à avoir. J'ai été inclus dans l'équipe de l'Académie qui s'est rendue au Portugal pour un tournoi que nous avons remporté et j'ai été le meilleur buteur de cette compétition.» Là, le jeune Samuel y apprend les rudiments du football, songeur d'une carrière européenne et peaufinant sa palette pleine de fantaisie. Et les premiers murmures se font ressentir. Ainsi, plusieurs clubs européens, entre autres Arsenal, placent le jeune Chukwueze sur leur liste. Mais l'Espagne a également des yeux sur la pépite d'Umahia, au Sud du Nigeria...

Anglophone, Chukwueze parle peu. Mais écoute.

«Puis il est arrivé par l'intermédiaire d'un agent, qui l'avait proposé à Villarreal, se remémore Antonio Salamanca. Le club l'avait vu jouer avec les jeunes du Nigeria. Il y avait déjà une idée de son niveau et des qualités.» L'acclimatation, malgré un monde nouveau, se passera finalement bien. Anglophone, Chukwueze parle peu. Mais écoute. «Je me souviens d'avoir dit à Samuel : 'accroche-toi, ça va être un long chemin, pas facile, et tu auras gain de cause', se remémore Salamanca. Et pour s'adapter, il vaut mieux être à Villarreal, avec le soleil toute l'année, qu'à Eibar...»

Arjen Robben comme modèle

Niveau ballon, si Chukwueze aura connu des hauts et des bas dans le Sud de l'Espagne, en termes de niveau et de temps de jeu, le Nigérian sait aussi faire l'unanimité. «Parfois, quand tu es dans une mauvaise passe, une équipe a besoin de joueurs comme Samu avec quelque chose de différent», jurait à l'UEFA Raul Herrera, directeur de l'académie de Villarreal. «C'est un joueur qui flotte sur le sol - on dirait qu'il ne touche même pas l'herbe -, et il continue à se développer», narrait de son côté Luis Garcia, ancien entraîneur du sous-marin jaune. Avec ses airs d'ailier rapide, façon 'Crochet, crochet, Samuel Chukwueze', il a développé ce trait de personnalité footballistique au fil du temps. Et l'origine de ses fantaisies se trouvent peut-être dans sa passion pour un joueur : Arjen Robben. «C'est mon modèle, racontait le jeune Chukwueze. C'est un excellent joueur et l'un des plus talentueux au monde. Je suis gaucher, comme lui, et je suis son fan numéro un.»

Futur du Nigeria... mais pas que

Un adoration qui peut pourtant lui coûter un excès de confiance au moment de transformer ses dribbles en action décisive. «Il a toujours eu le même type de football, continue Antonio Salamanca. Il a une capacité à se sortir de l'adversaire très impressionnante. Il est puissant, il va vite... Ce qu'il doit améliorer, c'est sa décision sur le dernier geste. Il peut avoir tendance de rentrer sur son pied gauche, et même s'il est à 30 mètres, il tire. Alors que des solutions sont plus évidentes ou qu'un coéquipier peut être démarqué de l'autre côté... C'est le point à améliorer. Et ça viendra ! Il est très jeune. À 20 ans, ce qu'il fait en termes de puissance, de dribbles, de frappes de balle, de précision, c'est très intéressant.» Quant à son équipe nationale, s'il alterne endosse souvent un costume de supersub, Gernot Rohr le compte parmi ses détonateurs. «Il a un bon pied gauche, est rapide, son centre de gravité est bas - ce qui lui donne un très bon équilibre - et il peut faire des assists et marquer», avait déclaré le sélectionneur en conférence de presse. Reste à savoir si, pour mener le Nigeria au bout de cette CAN, Samuel Chukwueze saura faire la différence.

Antoine Bourlon