Sa favela, son faux surnom «Alberto», ses bicyclettes... : Roberto Firmino, «gamin des quartiers pauvres» devenu grand
Désormais considéré comme l'un des meilleurs attaquants de la planète, Roberto Firmino est un pur produit du football brésilien, entre jeu de rue, exil européen et élévation sociale. Retour sur ses jeunes années de construction et de rêves.
«La légende des favelas, c'est totalement vrai. Beaucoup de très bons joueurs viennent de ces endroits, grandissent dans la pauvreté, les difficultés sociales. Mais jouent au ballon toute la journée. Pendant des heures et des heures. C'est un centre qui forge. Il faut beaucoup de résistance pour tout ce qui entoure et en même temps, les jeunes ont beaucoup de liberté. C'est ça, le football. L'essence du jeu. Jouer, ce n'est pas mécaniser. Le football, c'est une liberté organisationnelle. Pas une mécanisation. Et avec les favelas, il y a beaucoup de ces profils, qui jouent avec liberté.» Rodrigo Vicenzi Casarin, entraîneur des moins de 17 ans de Figueirense, ne s'y trompe pas. Si Roberto Firmino n'a pas grandi dans le plus glorieux des milieux sociaux, dans le quartier de Trapiche da Barra, le plus pauvre de la ville de Maceio, c'est par contre là que naquit son talent.
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— Anything Liverpool (@AnythingLFC_) 1 juillet 2018
La cité du Nord-Est du Brésil a beau être bordée d'eau turquoise, de paysages de cartes postales, elle n'échappe pas aux difficultés du quotidien, à commencer par la pauvreté et la vie de bric et de broc, où tout est prétexte à se transformer en ballon de foot. Le petit Roberto, lui, s'il n'a pas connu la misère ardue de certaines favelas de Rio ou Sao Paulo, grandit en toute modestie, rêvant de ballon et d'un échappatoire à ce contexte compliqué. «C'est un gamin des quartiers pauvres qui a réussi malgré les difficultés, confirme Guilherme Farias, surnommé "Tec" pour tecnico et premier entraîneur de Firmino au CRB. C'était un garçon modeste. Ses parents n'avaient pas beaucoup d'argent, à ses débuts dans notre club. On a essayé de les aider, notamment pour le transport. Nous ne louions pas de bus, et chaque joueur devait payer ses frais. Un moment, la famille de Roberto ne payait pas parce qu'à l'époque le père était sans emploi, et nous l'avons aidé car il avait énormément de talent. Roberto, c'est un gars béni par Dieu.»
Un coq au milieu des cocotiers
«Il était déjà très doué, se remémore Guilherme Farias. En trois-quatre actions, j'avais demandé à ce qu'il soit dans mon équipe pour le Championnat d'état. Au fur et à mesure, par contre, il a dû travailler physiquement. On faisait du travail physique sur la plage. De la force, de la puissance... Le mardi était le jour libre, pour que les jeunes récupèrent. Mercredi, c'était retour au club pour faire des exercices collectifs. On a des enfants de 11, 12, 13, 14 et 15 ans. Vendredi, c'est également repos et puis samedi, on joue. Roberto, entre 15 et 16 ans, il était encore très léger niveau physique. Et il le travaillait le lundi et il faisait un complément. Il y avait un entraînement physique et avec le ballon. Sauf que le sien était plus poussé.» Le travail, clé de son apprentissage, alors que la totalité des interlocuteurs évoquent un garçon simple, talentueux et timide - ce qui lui coûtera parfois dans sa carrière. Rapidement repéré, aussi, et de manière peu conventionnelle, premier starting-block pour la promesse du coin.
Le flair du dentiste et un premier exil
Le début d'une belle histoire qui débute avec les catégories de jeunes, et plutôt bien. «Après l'avoir reçu, je lui ai indiqué où étaient les bâtiments administratifs, et il était hébergé dans les locaux du club», poursuit celle qui se remémore, fière, les premiers instants de Firmino dans le Sud du Brésil. André, préparateur physique des U17, abonde : «Quand il arrive, il vient d'abord faire des tests. Et dès ses débuts, on a pu constaté qu'il avait beaucoup de qualités techniques et un potentiel énorme. Lors d'une des premières séances, on fait un match et il marque une très belle bicyclette. Quelques minutes après, il en marque une autre, encore plus belle ! Il avait une intelligence de jeu différente de celle des autres garçons de son âge. Il a joué milieu de terrain, ailier, mais on l'aimait en buteur.»
«Je ne l'ai jamais vu se plaindre»
“It's like he's made of steel.”
— Melissa Reddy (@MelissaReddy_) 9 mars 2018
Revealed: The secrets behind Liverpool's scouting and signing of Roberto Firmino...https://t.co/d8Vf3aZaxS #LFC pic.twitter.com/gfGDuJyom1
Conseillé par la société allemande ROGON, dirigée par Roger Wittmann (agent de Firmino mais aussi de Kehrer, Choupo-Moting, Draxler, Luiz Gustavo...), l'adaptation outre-Rhin prend une belle tournure. Des buts et des passes décisives à la pelle (à Hoffenheim, il a inscrit 49 buts et 36 passes décisives en 153 matches), d'excellentes impressions et des réseaux de scouting vite alertés par les performances de l'attaquant. Dont ceux de Liverpool, qui avaient ciblé Firmino dès ses débuts au Brésil via le responsable sud-américain du club, Fernando Troiani, et qui s'offrent leur nouveau joyau offensif pour 41 millions d'euros - à la signature du contrat, les dirigeants des Reds incluent une clause libératoire à 100 millions d'euros, sauf pour Arsenal, qui n'a pas le droit d'acheter le joueur.
De Roberto à Bobby, idole d'Anfield
Visitando, realizando ações e entregando alimentos no bairro do Trapiche, em Maceió.
— Roberto Firmino 09 (@09_firmino) 24 juillet 2018
Muita emoção em ver a alegria dessas crianças !! pic.twitter.com/gFzAxpCLxO
Antoine Bourlon