Ryad Boudebouz, l'homme qui ne ratait (presque) jamais les penalties. (S.Thomas/L'Equipe)

Ryad Boudebouz : Laisser un penalty, «une preuve d'intelligence»

A Sochaux, Bastia et Montpellier, Ryad Boudebouz était l'un des meilleurs spécialistes du penalty en Ligue 1. L'international algérien parti au Betis raconte comment il s'est imposé ou a parfois partagé l'exercice.

La saison 2015-16 de Ryad Boudebouz n'a ressemblé à aucune autre : pour la seule fois de sa carrière en Ligue 1, entamée en 2008, il n'a inscrit aucun but sur penalty. En octobre, sa série de succès dans l'exercice avait pris fin à sa 17e tentative, expédiée sur le poteau du gardien lillois Mike Maignan après 16 buts en autant de penalties frappés.

Cette saison-là, c'est donc un autre milieu héraultais, Jonas Martin, qui se chargea par deux fois d'ajuster le gardien à 11 mètres. Pourtant, Boudebouz avait été désigné tireur numéro un en début de saison, alors qu'il arrivait de Bastia. «Tout le monde me connaissait comme tireur de coups de pied arrêtés, raconte-t-il. Donc, ça avait facilité les choses. A Montpellier, avec Jonas Martin, comme on était très potes, on s'était dit qu'on allait se débrouiller, que si l'un était moins bien, c'était l'autre qui tirait.»

«Le plus important, c'est que l'équipe avance»

A ce premier échec avait donc succédé une passation de témoin sans vague. Pas de dispute ni de léger accrochage comme il peut en arriver de temps en temps. A Ryad Boudebouz aussi, qui se souvient avoir une fois refusé de laisser un penalty à Islam Slimani, attaquant de l'Algérie. «Avec le recul, je me dis que j'aurais dû lui laisser», regrette-t-il.

Car le milieu formé à Sochaux le promet, il n'a jamais fait des penalties une chasse gardée, quand bien même ils ont contribué à gonfler ses stats. «Le plus important, c'est que l'équipe avance, dit-il. On va dire que c'est un discours de footballeur mais non, c'est vrai. Attention, il ne s'agit pas de dire du tout que Cavani et Neymar ne sont pas intelligents, parce que ce sont de grands joueurs et moi pas. Mais le plus important, c'est que le penalty soit marqué.»

95%
En neuf saisons de Ligue 1, Ryad Boudebouz a inscrit 95% des penalties tentés avec Sochaux, Bastia puis Montpellier, soit 19 inscrit en 20 tentatives. Son seul échec est intervenu le 2 octobre 2015 à Lille, où le MHSC était mené 2-0. Il avait tiré sur le poteau puis repris pour marquer, but invalidé car personne n'avait touché le ballon.

En disant cela, Boudebouz se souvient surtout qu'à Sochaux, le tout jeune Ryad – il y a fait ses débuts professionnels à 18 ans – a été naturellement appelé à frapper. «J'ai pris la responsabilité tout de suite parce que Francis Gillot (l'entraîneur qui l'a fait débuter en pros) m'a fait confiance pour tirer les coups de pied arrêtés. Et quand tes partenaires voient que tu tires bien, que tu sois le petit ou pas, ils te font confiance. Et ça, c'est une preuve d'intelligence.»

Intelligence qu'ont aussi eue les Montpelliérains en ne s'arrêtant pas sur le seul échec de leur meneur de jeu : lors de la saison 2016-17, Ryad Boudebouz est redevenu le numéro un et a ajouté un 3/3 à sa ligne statistique. Cet été, il est parti en Espagne avec la mention excellent sur penalty : 19/20 en neuf saisons de Ligue 1.