ronaldinho (PICS UNITED/PRESSE SPORTS/PRESSE SPORTS)

Ronaldinho raconté par ses victimes

Les dribbles chaloupés, les feintes, les inventions, les inspirations... Ronaldinho, terreur des défenseurs, faiseur de rêves. Ceux qui l'ont affronté témoignent.

Jean-Louis Montero* : «À tout moment il peut se passer quelque chose»

«Je me rappelle bien quand il a dribblé toute l’équipe et qu’il a marqué (avec le PSG face à Guingamp, but ci-dessous, ndlr). Je crois qu’il est parti de sa moitié de terrain. Il s’est mis à prendre de la vitesse et a commencé à nous dribbler les uns après les autres. J’avais essayé de m’approcher de lui, en vain. Ce qui m’avait impressionné, c’est que quand on le voit comme ça on a l’impression que c’est quelqu’un de très technique. Oui, il est très technique, mais il est aussi très puissant avec la balle. Donc même en lui courant après sans ballon, on n’arrivait pas à le rattraper. Quand il prenait le ballon, on sentait que c’était un génie, qu’il n’était pas comme les autres. On sentait qu’à tout moment il pouvait se passer quelque chose. C’est la marque des très grands. En plus, il avait toujours le sourire aux lèvres. Il dégageait une tranquillité, comme s'il était hermétique à la pression. Il était différent des autres.

«Si on ne prépare pas bien le match avant, on risque d'avoir des moments très difficiles»

Quand on joue contre lui, on s’attend au pire, donc on se prépare toute la semaine parce que pour nous c’est le match de notre vie. Lui ne devait connaître ni Guingamp ni moi, mais moi je le connaissais. Donc la motivation, elle était à 300%. On se surpasse face à des joueurs comme ça. Si on ne prépare pas bien le match avant, on risque d’avoir des moments très difficiles. Et à côté de ça, il avait des côtés négatifs. À Paris il ne défendait pas, il ne jouait que quand il avait le ballon.»

* 1 match avec Guingamp quand Ronaldinho jouait au PSG.

Pascal Cygan* : «Vous éliminer comme un pioupiou de 10 ou 11 ans»

«Je me souviens d’un moment bien précis, puisque je participe à ses compilations de plus beaux buts en vidéo. C’est le retourné contre Villarreal, qui a lobé notre gardien. Au moment où j’arrive pour essayer de le gêner ou le ralentir, il arme contrôle de poitrine et retourné. Je me souviens m’être fait chambrer, et je me fais encore chambrer dès que ce but repasse à la télé. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est sa vitesse. Il arrivait à combiner technique et vitesse balle au pied. Il a une maîtrise du ballon un peu à la Messi qui fait qu’on pense que le ballon va arriver là, et en une fraction de seconde, il est déjà à un autre endroit. Donc le temps d’envoyer l’info au cerveau, de tendre le pied, le pied s’est détendu. Mais le ballon est déjà loin dans votre dos. C’est ce qui fait sa force, de voir vite, penser vite et agir vite.

C’est le profil d’attaquant le plus dangereux et imprévisible pour les défenseurs. Il est capable de pousser la balle et de vous éliminer, ou de faire un geste technique qui va vous prendre en défaut et derrière vous éliminer comme un pioupiou de 10 ou 11 ans. C’est ça qui est rageant, ça parait si facile pour lui et c’est si dur pour nous défenseurs à arrêter. Il a aussi une faculté à envoyer vite et fort la balle. Même sur coup de pied arrêté, c’était un danger. C’est pour ça qu’on le craignait à tout moment sur le terrain, et pas que quand il avait le ballon dans les pieds. Le danger pouvait venir de partout. Même s’il focalisait un peu l’attention de tout le monde, on savait que si on ne se concentrait que sur lui, on verrait Eto’o ou un autre flamber. Il n’y avait pas de plan anti-Ronaldinho. Il était complet, hormis au niveau de son train de vie. C’est le seul regret qu’il peut avoir. Un joueur comme lui aurait dû avoir au moins deux Ballons d’Or FF. Il n’a pas toujours mis le sérieux au détriment du potentiel. Parce qu’il aurait pu tout péter.»
 
* 3 matches contre Ronaldinho (1 avec Lille vs. PSG, 2 avec Villarreal vs. Barcelone)
 

Jérémie Bréchet* : «Le ballon lui collait au pied»

«Je me rappelle d’un match contre Ronaldinho. Lequel et dans quelle situation, je ne sais plus. Mais je me rappelle d'une action, un peu cocasse, que j'ai vécue. J’étais en 1 contre 1 sur mon côté gauche. Lui jouait ailier droit. Il recevait un ballon sur le côté, et je connaissais sa capacité d’élimination, déjà que je n’étais pas très rapide…  Il m’a enchaîné six feintes de départ avec le ballon. Six fois il est passé au-dessus avec un passement de jambes, et le ballon n’a jamais bougé. Sauf que moi j’ai bougé six fois (rires). À la fin de l’action, j’ai appelé à l’aide mes coéquipiers, parce qu’il allait trop vite. À la fin, un coéquipier est venu m’aider et il a joué en retrait. Le reste du match ? Je pense que ça s’est bien passé, sinon je m’en rappellerai. En principe dans les 1 contre 1 sans mouvement, c’est plutôt l’attaquant qui est en difficulté, avec le défenseur qui vient presser. Mais lui c’était complètement l’inverse. Il allait tellement vite dans ses feintes et balle au pied, que c’est moi qui était en difficulté. Le ballon lui collait au pied. C’était déjà le grand Ronaldinho. La seule chose qui fait qu’on en doutait, c’est qu’il jouait en France avec de moins bons joueurs. Il était déjà incroyable. Mais il était irrégulier. Il pouvait disparaître et ensuite réapparaître sur un geste technique incroyable.»

* 4 matches avec l'OL quand Ronaldinho jouait au PSG.