26 December 2018 - Premier League Football - Watford v Chelsea - Roberto Pereyra of Watford celebrates scoring an equalising goal to bring the score to 1-1 - Photo: Charlotte Wilson / Offside. (Charlotte Wilson/OFFSIDE/PRESS/PRESSE SPORTS)

Roberto Pereyra (Watford) : «En Angleterre, c'est une autre vie, une autre culture»

Caution «beautiful game» de Watford, Roberto Pereyra est l'un des joueurs majeurs du club de la banlieue de Londres. Ce samedi, en finale de FA Cup face à Manchester City, l'Argentin espère soulever son premier titre avec les Hornets. Il s'est confié à FF.

Le caractère d’un hincha, le talent d’un surdoué. Roberto Pereyra est de ces footballeurs parfois méconnus, du moins pas trop médiatisés. Une anti-star, ou presque. Mais pas à Watford. Les supporters de la banlieue de Londres idolâtrent l’Argentin. «Pereyra est un des chouchous, confirme Simon Collings, qui couvre les Hornets pour The Evening Standard. Je pense qu’une partie de cela est né du fait qu’ils ne peuvent en partie croire qu’ils ont un joueur de cette qualité dans leur équipe. Signer un joueur de la Juventus n’a jamais été vu par Watford et il a été très impressionnant.»

La bonne saison du club y joue forcément. Après un départ tonitruant, quatre victoires en autant de rencontres sur les premières journées, les coéquipiers du frenchie Abdoulaye Doucouré sont dixièmes de Premier League, et restent en mesure de gagner un titre. «Je crois que nous avons fait une très bonne saison, juge Roberto Pereyra himself, qui a accordé quelques minutes d’entretien à FF.fr. C’est une bonne année, où on peut terminer dans le top 10 avec la possibilité de gagner un titre. On a une finale à jouer, qui est pour nous très importante car avec tous les efforts réalisés et les choses qui sont arrivées, les bonnes comme les mauvaises, cela serait une joie immense de gagner le titre.»

Importance dans le jeu

Pereyra, lui, est un des membres éminents du collectif de Watford. Étincelant balle au pied, précieux tactiquement, l’ancien de la Juve est le maître à jouer d’une équipe redoutée. «On essaye de jouer au maximum avec nos attaquants, détaillait Abdoulaye Doucouré à FF en septembre dernier. Nos attaquants, Troy (Deeney) et André (Gray), on sait très bien qu'ils sont capables de conserver le ballon. Ensuite, Roberto, il est sur le côté et rentre énormément, avec cette capacité à jouer les un contre un. Dans ce 4-4-2, on a deux ailiers mais ce sont des faux ailiers. Et que ce soit Roberto ou Will Hughes, ils peuvent jouer au milieu voire même en numéro 10. Roberto organise le jeu. Ça offre beaucoup d'options qu'ils aient cette caractéristique de jouer à l'intérieur.»

Au coeur du jeu, donc, mais avec des qualités ultra-importantes pour le coach Javi Gracia : créativité, rapidité d'exécution, orientations rapides vers l’avant mais également efforts défensifs. Un must, tandis que le football anglais semble sier à Roberto Pereyra. «C’est un football différent, un football très beau, qui se vit à fond, détaille celui qui devrait jouer la Copa America avec l’Argentine le mois prochain. À Watford, on a un milieu de terrain qui marche très bien, et qui me permet de m’exprimer comme je le sens en étant utile à l’équipe. Être 10, c’est être lucide, tranquille, afin de se porter vers l’avant et ensuite créer des occasions pour nos attaquants.»

Roberto Pereyra, buteur contre Crystal Palace. (Mark Leech/OFFSIDE/PRESSE SPOR/PRESSE SPORTS)

Un Argentin dans la ville

Sur le terrain, tout va bien. Et dans la vie ? Aussi, à en croire l'intéressé : «En Angleterre, c’est une autre vie, une autre culture. Le football se vit d’une autre façon. Il faut profiter, après. Et être tranquille. Asados, maté… On a tout ce qu’il faut, un ami sait faire tout ça et il y a un restaurant où on peut aller pour manger. Puis Londres est la plus belle ville possible, on en profite. On reste à la maison et on passe du temps avec les enfants.» Arrivé en 2016 au pays du kick & rush, Roberto Pereyra s’est adapté, l’immensité londonienne offrant aussi un certain anonymat, une bonne chose comme s’accorde à le dire Simon Collings.

Hors de question, pourtant, de zapper les années en Argentine, dans les quartiers pauvres du Tucuman, sa région de laquelle il gardera un surnom : El Tucumano. «J’ai grandi et je suis arrivé jusqu’ici par ce biais-là, narre Pereyra. Il y a eu des étapes compliquées, mais avec toujours l’envie d’aller de l’avant sans oublier de prendre du plaisir en jouant. Il y avait beaucoup de pauvreté dans ces coins-là. On vit des moments difficiles parfois, quand on est jeune, mais ça reste une bonne expérience. J’ai mûri beaucoup plus vite.» Il en garde aussi quelques tatouages, «certains avec des significations, d’autres plus esthétiques», la passion d’un enfant tout en dosant une personnalité affirmée.

Watford fiesta en FA Cup

C’est peut-être ce qui conduisait Watford à sa propre remontada, en demi-finale de FA Cup face à Wolverhampton. À l’heure de jeu, la plus célèbre diaspora portugaise d’Angleterre gagnait 2-0. Mais le ticket pour la finale non composté, Watford sonnait la révolte : 3-2 score final après prolongation. «Contre Wolverhampton, c’était beau, se souvient Roberto Pereyra, qui jouait les 120 minutes ce jour-là. On a eu beaucoup de caractère pour remonter le score, et c’était un match difficile. On a montré du caractère, de l’ambition, une belle âme. Derrière, la semaine a été très belle. Tout le monde était heureux de ce triomphe qui n’avait pas été facile, avec l’ambition de faire une belle finale.»

Reste à savoir si la troupe de l’Argentin sera capable de rééditer un tel exploit en finale face à Pep Guardiola et ses ouailles. Le maestro de Watford se veut confiant : «On sait que City est une des meilleures équipes d’Europe, mais on est en confiance. Ce n’est qu’un match. On est à 11 contre 11 au final et sur un match sec, tout est possible.» Comme sur le mercato ? «Il est très installé à Watford et heureux, mais je pense que si un grand club appelait, il pourrait être tenté, détaille Simon Collings, du Evening Standard. Watford pourrait aussi être tenté de vendre, mais seulement si le prix est correct. 30 millions de livres minimum. Pereyra a adoré son séjour en Italie et je pense qu'un retour se produira un jour.» En attendant, il s’agit de boucler la boucle. Et quoi de mieux qu’un titre, pour celui qui a déjà un peu changé le visage de cette équipe.

Antoine Bourlon