(L'Equipe)

Robert Rensenbrink (Pays-Bas), nouvel épisode de nos 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde

16 mai - 14 juin : dans exactement 29 jours, débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu'au coup d'envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde. Soixante-douzième épisode avec Robert Rensenbrink.

Son histoire avec la Coupe du monde

Robert Rensenbrink est célèbre pour avoir inscrit le millième but de l’histoire de la Coupe du monde. Son arme redoutable : son fabuleux pied gauche. Mais ses dribbles, son démarrage instantané sur les prises de balle et sa force de frappe furent également des atouts indéniables au sein de la grande équipe des Pays-Bas des années 70. Ses performances à Anderlecht, où il fut d’ailleurs nommé «plus grand joueur de l’histoire du club» en 2008 (143 buts en 262 apparitions), lui ont permis d’être sélectionné par Rinus Michels, le précurseur du «football total» néerlandais, pour disputer la Coupe du monde 1974 en Allemagne. Ne jouant pas aux Pays-Bas, Rensenbrink s’est adapté petit à petit au système de jeu prôné par le sélectionneur, qui avait choisi principalement des joueurs évoluant au pays, sous les couleurs de l’Ajax et du Feyenoord. Individuellement, ce tournoi fut une réussite pour l’ailier gauche, qui a surtout évolué au milieu de terrain - l’aile gauche était alors occupée par Johan Cruyff – disputant six matches sur sept et scorant même une fois contre l’Allemagne de l’Est au deuxième tour.

Fatigué par les efforts fournis durant tout le tournoi, il est arrivé sans fraîcheur en finale, contre la RFA, où il fut remplacé à la mi-temps, et a constaté depuis le banc à la défaite de ses coéquipiers face à l’armada allemande emmenée par Gerd Müller. Mais c’est au Mondial suivant, en Argentine que Robert Rensenbrink a effectué ses meilleures prestations dans la plus belles des compétitions. Cette fois-ci sous les ordres du technicien autrichien Ernst Happel, l’ailier avait la lourde responsabilité de succéder à Johan Cruyff, absent de ce rendez-vous, comme principal leader de sa formation, en compagnie de Johan Neeskens. Malheureusement, ses cinq buts - dont quatre penalties – dans le tournoi n’ont pas empêché une nouvelle défaite des siens en finale contre l’Argentine de Mario Kempes. Le meilleur buteur de l’histoire de la désormais disparue Coupe des coupes a arrêté sa carrière internationale un an plus tard, compilant 14 buts en 46 matches.

Le moment marquant

Si scorer le millième de la Coupe du monde est évidemment un événement historique, il ne s’agit pourtant pas du moment le plus marquant de Robert Rensenbrink en Coupe du monde. Lors de la finale à l’Estadio Monumental contre le pays hôte argentin, l’ailier de 30 ans aurait pu devenir le héros de toute une nation s’il avait converti son occasion en fin de match. Les Oranjes, qui ont réussi à égaliser grâce à l’entrant Dick Nanninga (82e), répondant à l’ouverture de Mario Kempes (37e), obtiennent un dernier coup franc à hauteur du rond central, légèrement dans la moitié de terrain argentine. Johan Neeskens alerte alors son partenaire, positionné à l’entrée de la surface. Rensenbrink réussit à s’extirper du marquage de deux défenseurs, et envoie un tir sur le poteau droit de Ubaldo Fillol, pourtant battu (90e). L’arbitre siffle la fin du match sur cette énorme occasion ratée. La rencontre débouchera ensuite sur les prolongations, fatales aux Néerlandais (3-1 a.p.).

Le chiffre : 1000

La légende d’Anderlecht a marqué le millième but de l’histoire du Mondial au cours de la Coupe du monde 1978. Son ouverture du score sur penalty contre l’Ecosse (34e) lors du troisième match du premier tour a permis d’atteindre cette barre mythique, même si ce but n’a pas suffi aux Néerlandais, qui se sont inclinés (2-3).

L'archive de FF

Après le premier match des Pays-Bas au Mondial 1978 qui a vu un triplé de Robert Rensenbrink contre l’Iran, FF écrit : «Gauche, droite. Tous ceux qui s’inquiétaient du nouveau rôle que Happel a assigné à Roby Rensenbrink dans l’équipe de Hollande seront rassurés : l’idole d’Anderlecht a fait mieux que réussir son examen de passage. En marquant les trois buts de son équipe il a pris la tête du classement des buteurs et il nous étonnerait beaucoup que quelqu’un lui ravisse désormais. C’est d’ailleurs de la tête qu’il a réussi son plus beau but puisque aussi bien les deux autres furent la réalisation de deux penalties. L’un à gauche, l’autre à droite. Roby comme l’appellent ses camarades venait de faire le tour complet de la question technique en quelque sorte : ‘J’avais demandé à Johny (Rep) de tirer le premier mais il m’a dit qu’il m’estimait plus qualifié que lui pour ce faire’. Il s’agit bien là d’un des traites de caractère essentiel de Rensenbrink qui est la timidité. Avec lui on pense irrésistiblement à ce slogan publicitaire : vaincre la timidité en trois leçons. Pour ce qui le concerne, il lui aura fallu une mi-temps pour imposer sa classe basée sur une technique d’orfèvre, son pied gauche fit alors merveille grâce à ses contre-pieds irrésistibles, ses passes justes ou ses appels de balle qui démontrent, s’il en était besoin, que si Rensenbrink est inégalable avec le ballon, il sait aussi jouer sans lui. C’est sans aucun doute l’enseignement majeur d’un match pour lequel on ne put jamais se passionner véritablement. Comme un médiocre film policier dont on connait l’épilogue. Il reste encore deux matches à Rensenbrink pour se mettre entièrement dans la peau de son personnage avant de passer aux choses sérieuses, c’est-à-dire le second tour. Car la Hollande est à peu près la seule équipe, désormais, assurée d’un avenir aussi confortable. Nul doute que Rensenbrink ne mette à profit ces deux prochains matches pour affiner encore son rôle et se mettre définitivement dans la peau de son nouveau personnage».
 
Joffrey Pointlane