(L'Equipe)

Révolution au Real Madrid : un air de déjà vu

Après une saison ratée dans les grandes largeurs, le Real Madrid, qui présentait ce jeudi Eden Hazard, a entrepris une révolution qui le voit être très actif sur le marché des transferts. Un copier-coller, en quelque sorte, de l'été 2009, qui voyait Cristiano Ronaldo, Karim Benzema ou Kaka débarquer dans la capitale espagnole.

Il faut que tout change pour que rien ne change. La célèbre maxime, tirée du roman Le Guépard, pourrait totalement s'appliquer au Real Madrid. Remaniement de l'effectif, façon coup de pied dans la fourmilière, avec l'objectif de conserver une hégémonie mondiale sur le football de clubs. Florentino Perez l'a évidemment compris. Et il ne s'accordera pas une deuxième saison aux résultats décevants, comme ce fut le cas cette année. «Les trois Ligue des champions consécutives ont offert un répit par rapport aux résultats obtenus cette saison, signale Juan Carlos Guerrero, qui analyse le Real sur le blog Fondo Blanco. Il n'y a pas eu de sifflets ni quoi que ce soit. Bien sûr, personne ne pardonnerait une autre année comme celle-là. Après les mauvais résultats, vous devez apporter des modifications, le cycle des trois C1 est terminé.» Et il s'agit de repartir sur de bons rails, avec l'homme providentiel Zinédine Zidane sur le banc. Mais ce n'est pas la première fois que la Casa Blanca s'attèle autant à sa révolution. Dix ans auparavant, en 2009, les mauvais résultats avaient eu raison de tout un pan du vestiaire. Qui avait aussi vu, dans le sens des arrivées, les signatures de Cristiano Ronaldo, Kaka, Karim Benzema ou encore Xabi Alonso. Le total : 258,50 millions d'euros.

Pas comme en 2009

Cette saison, le club madrilène a signé les chèques sans discontinuer pour arriver à un ticket de caisse à 303 millions. La liste de courses est conséquente : Eden Hazard, Luka Jovic, Eder Militao, Rodrygo et Ferland Mendy. «Pour moi, l'été 2009 est sans comparaison possible, tempère cependant Guerrero. À cette époque, Madrid signait les deux derniers Ballons d'Or (Cristiano et Kaka). Ce n'est évidemment pas le cas cette saison. À l'exception peut-être de Hazard, qui pourrait se battre pour figurer dans le top 5 mondial. Le mercato sera le plus important depuis 2009, mais il n'atteindra pas son niveau car il est impossible de le faire aujourd'hui.» Florentino Perez, lui, avait beau marteler dans nos colonnes que «le Real Madrid possédait un effectif exceptionnel» et que cela «ne serait pas facile de faire mieux», il a bien compris, en collaboration avec son entraîneur, qu'il fallait bouger les lignes. Avec l'arrivée des joueurs cités et prochainement, peut-être, d'autres noms bien connus du Vieux Continent. L'idée est la même, dans le fond, mais la forme a bien changé. La bulle financière est autrement plus élevée, et la toute-puissance des clubs anglais a fait que le Real ne peut être aussi compétitif sur le mercato.

Un virage stratégique

Il a ainsi décidé de changer de stratégies : viser les jeunes. «Notre stratégie, tout en tenant compte du marché des transferts, de l'ordre nouveau qui s'y est installé ces dernières années, est de passer devant les autres dans le recrutement des stars du football mondial qui émergent, détaillait Florentino Perez dans FF. Et c'est ce que nous faisons désormais avec des joueurs très jeunes qui seront les protagonistes du futur. Comme Vinicius Junior ou Rodrygo, par exemple.» Les arrivées d'Eder Militao, de Luka Jovic et de Ferland Mendy vont dans ce sens, pour des joueurs qui doivent, à terme, remplacer les Sergio Ramos, Karim Benzema et consorts.

«Vous devez voir combien de joueurs qui signent seront titulaires, poursuit Juan Carlos Guerrero. À l'heure actuelle, je vois seulement Hazard. Madrid ne peut plus acheter les joueurs les plus chers, la stratégie est donc d'investir dans les jeunes les plus prometteurs. Et de se positionner sur les meilleurs joueurs qui peuvent venir à un prix raisonnable en raison de leur fin de contrat prochaine, comme Hazard.» La stratégie veut qu'à moyen terme, le Real soit doté des meilleurs éléments de la planète, alors que Zinédine Zidane aurait également des vues sur le champion du monde tricolore Paul Pogba. «Nous travaillons pour que les futurs Ballons d'Or jouent chez nous, avait analysé Florentino Pérez. Dans ce sens, je suis persuadé que les jeunes footballeurs sur lesquels nous misons actuellement seront des candidats solides.» Pour que rayonne, encore pour quelques décennies, la couronne blanche du Real Madrid.

Antoine Bourlon