kurzawa (layvin) (S. Mantey/L'Equipe)

Remis de ses pépins physiques et brillant contre Montpellier, Layvin Kurzawa (PSG) repointe le bout de son nez à gauche

Avec une belle performance contre Montpellier (5-1), Layvin Kurzawa a fait son retour avec le PSG. L'international français peut-il maintenir ce niveau et concurrencer durablement Juan Bernat à gauche ?

«Ça fait du bien. J’en avais besoin». C’est en ces termes que réagissait Kurzawa après la victoire du Paris Saint-Germain contre Montpellier (5-1). On peut le comprendre. L’ancien joueur de l’AS Monaco débutait une rencontre de Championnat pour la première fois depuis… le 4 mai 2018, lors de la 37e journée de l’exercice 2017-2018, contre Amiens (2-2). Depuis, il traînait sa misère, entre ennuis physiques (pubalgie, hernie discale) et méforme sportive. Avant ce dernier match, il n’avait disputé que 72 minutes en Ligue 1, lors de ses quatre entrées en jeu, en plus d’une titularisation début janvier contre Pontivy (4-0).

Une bonne performance à nuancer

Au-delà de son retour sur les terrains, c’est surtout la qualité de sa prestation contre les Héraultais qui est ressortie (France Football lui attribuait la co-meilleure note de 7/10). Avec un but - celui qui a permis de mettre le PSG sur de bons rails - et une passe décisive pour offrir son dix-neuvième but à Mbappé, il a en plus été largement décisif. Il aurait même pu lui en offrir une autre, mais le but était refusé pour une position illicite. «Mentalement c’était un peu compliqué. J’ai bossé, bossé, sans arrêt […] Je suis content, ce soir j’ai rempli mes objectifs, j’ai apporté ce que je devais apporter», expliquait-il devant la presse, comme le rapportait L’Equipe après la rencontre.

Kurzawa prend bien les espaces, en mouvement pour proposer des solutions et à l’origine de deux buts (à gauche : son centre ne trouve pas preneur mais il sera buteur dans la continuité de l’action, à droite, il déborde et sert Mbappe dans la surface) (capture d'écran Canal +)

Reste désormais à voir s’il pourra enchaîner et maintenir un niveau qui conviendra à Thomas Tuchel, son entraîneur. En face, il y a la concurrence de Bernat (voire de Diaby) qui n’a pas fait qu’impressionner, bien que très bon dans le choc contre Manchester United en C1. L’Espagnol part indéniablement avec (au moins) une longueur d’avance. Parce qu’il joue régulièrement, et parce qu’il a suivi très assidûment la méthode et appréhendé à maintes reprises les consignes de l’Allemand depuis sa prise de fonction. Et puis Kurzawa a eu du mal à revenir pendant ces longues semaines de convalescence, il était presque devenu un «lofteur», un peu porté disparu. Mais cette performance pourrait le relancer, avec la possibilité de le voir jouer comme latéral gauche à quatre défenseurs derrière, ou plus haut, comme piston si Tuchel décide de passer à trois centraux. «Il a été très bon. Un peu négligent sans le ballon, mais très, très bon offensivement, analysait-il à propos de son joueur après le match devant la presse. Il est doué avec le ballon, il sait utiliser sa vitesse, jouer derrière les lignes. Pour une reprise c’est très bien».

Polyvalent sur le flanc gauche

Par son jeu, ses qualités et l’attrait tout particulier que porte Tuchel pour le système à 3, Kurzawa pourrait avoir des opportunités de se distinguer. Avec peut-être moins de tâches défensives, ce qui n’est clairement pas son point fort. Grâce à sa faculté de se projeter, de prendre la profondeur, créer le surnombre, proposer des débordements, il a les qualités nécessaires pour le faire. Reste à retrouver du rythme et se stabiliser. «C’est nécessaire qu’il soit fiable pour nous et qu’il montre ses qualités», avançait Tuchel dans la semaine. Des propos qu’il confirmait après le succès des siens. «Je suis toujours un peu inquiet avec lui, il est toujours fragile, on le sent, expliquait-il. On doit être attentif mais je suis très heureux». Alors que le PSG rentre dans un moment clé de sa saison, où les échéances importantes vont s’enchaîner, et compte tenu des blessures déjà récurrentes dans l’effectif, l’ancien coach de Dortmund voudra avoir tous les éléments à sa disposition. Cela passe par un comportement irréprochable sur et en dehors du terrain.

Contre Montpellier : les touches de balle de Kurzawa dans une défense à 4 (à gauche, 1ere période) ; dans une défense à trois (à droite, 2e période) (Whoscored)

Bernat s’est installé dans cette position, et même si Diaby voire Di Maria ont été parfois utilisés sur le côté gauche dans un système adéquat, l'Espagnol est le joueur qui a le plus disputé de rencontres à ce poste (14 en Ligue 1). Etant donné que le contrat de Kurzawa court jusqu'en 2020, on imagine aisément que le club prendra une décision rapide, au plus tard cet été. L'ancien de Monaco peut-il prouver qu’il mérite une prolongation ou le PSG voudra-t-il s’en séparer ? Si cette première contre Montpellier a été encourageante, elle doit être nuancée. Seul un enchaînement de performances pourra attester ou non de son retour au premier plan. Désormais, à Kurzawa de prouver qu’on peut compter sur lui dans la capitale. 

Jérémy Docteur