Récit : Lionel Messi et la Ligue des champions, le grand roman, suite et fin
147 matches. 118 buts. 35 passes décisives. 4 coupes aux grandes oreilles. Lionel Messi a un passé long de plus de quinze ans avec la Ligue des champions. Pour le plaisir, FF a ouvert les archives et vous raconte la grande et belle histoire de la Pulga avec la C1. Deuxième partie.
Pourtant, le Milan vient chercher un nul en ouverture au Camp Nou. 30% de possession, trois tirs, une ouverture du score après vingt-quatre secondes, une barre de Messi : les champions d'Europe en titre démarrent leur campagne frustrés. Messi offre tout de même l'ouverture du score à Pedro, mais Thiago Silva vient placer sa tête à la 92e minute (2-2). Deux semaines plus tard, les Blaugrana se vengent et c'est le BATE Borisov qui ramasse : 5-0 en Biélorussie. Et l'Argentin s'énerve également : il pousse Volodko à ouvrir la marque contre son camp ; il est opportuniste pour, de la tête, profiter d'une erreur de Gutor ; avant d'envoyer un missile imparable. Doublé, avec 194 pions avec Barcelone, il devient le co-meilleur buteur de l'histoire du club, à égalité avec Kubala. Une autre passe décisive face à Plzen (2-0), avant un nouveau récital sur la pelouse des Tchèques lors de la rencontre retour : pour le deux centième match de Guardiola sur le banc barcelonais, Messi y va d'un triplé (4-0), intenable. Clinique, la Pulga est attendue pour le match face au Milan, histoire d'assurer la première place du groupe. Et il va dérouler à San Siro, étant à l'origine ou à la conclusion des trois réalisations barcelonaises (3-2). Sa passe décisive pour le troisième but signé Xavi est d'ailleurs absolument délicieuse.
Le premier quintuplé de l'histoire
Sans Messi, Barcelone étrille le BATE Borisov lors de la dernière journée (4-0) : six buts, trois passes décisives, le premier tour de l'Argentin aura été très abouti. Début 2012, Barcelone boitille. Si Messi a été élu "meilleur joueur de l'histoire" par Sport Illustrated, le Real est largement en tête de la Liga et le FCB n'a d'autres choix que de performer en C1 pour sauver sa saison. Le Bayer Leverkusen va en faire les frais en huitièmes de finale. À l'aller, sans être remarquables, les Espagnols font la différence en seconde période, notamment grâce à Alexis Sanchez. Mais Messi n'est pas en reste avec une ouverture parfaite pour le premier but du Chilien, puis un long une-deux avec Alves pour la conclusion de Messi (3-1). S'ils ont un pied et demi en quarts, le Barça et Messi vont pourtant faire vivre l'un des pires calvaires de l'histoire de la C1 aux Allemands lors du retour. Messi inscrit ce soir-là le premier quintuplé de l'histoire de la compétition. Ses dribbles, lobs et frappes précises font complètement exploser la défense du Bayer (7-1).
Difficile, alors, de ne pas imaginer Barcelone aller au bout à cette vitesse. En quarts, le Milan d'Ibrahimovic retrouve les Catalans. Au moment de la première manche, Messi reste alors sur dix-huit réalisations inscrites lors de ses huit dernières sorties. Le danger est donc grand en Lombardie. Et même si les hommes de Guardiola dominent outrageusement (18 tirs à 6), le Barça reste muet. Messi, qui met toujours autant le bazar dans les défenses, n'est cette fois pas en réussite, notamment face au solide Abbiati. 0-0 à l'aller. Messi, après dix heures passées sur le terrain face à des formations italiennes, n'a toujours pas inscrit un but dans le jeu. «Surtout, ne dites pas à Leo qu'il a joué pendant plus de dix heures contre des équipes italiennes et qu'il n'a marqué qu'un penalty. Il ne faut pas fâcher Leo. Il pourrait se vexer et alors attention...», prévient Guardiola juste avant le retour. Messi y va bien d'un doublé face aux Milanais au Camp Nou... mais sur deux penalties, dont un qu'il provoque lui-même. Messi et le Barça font tourner les têtes italiennes, trop c'est trop pour Mexes renvoyé aux vestiaires pour un geste inutile. 3-1 au final.
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«Surtout, ne dites pas à Leo qu'il a joué pendant plus de dix heures contre des équipes italiennes et qu'il n'a marqué qu'un penalty. Il ne faut pas fâcher Leo. Il pourrait se vexer et alors attention...»
Auteur de 63 buts jusque-là en 2011-12, Messi est face à un nouveau défi : marquer enfin face à Chelsea, lui qui a fait chou blanc après six tentatives dans sa carrière. Et décidément, cette malédiction va se poursuivre : danger permanent, l'Argentin perd un ballon crucial proche du rond central. Dans la foulée, Ramires trouve Drogba pour le seul et unique but de la demie aller. Messi et ses coéquipiers se cassent les dents sur le mur bleu. Avec une Pulga qui traverse une période de léger moins bien, Barcelone est donc en danger pour le retour. Tout va bien après quarante-trois minutes, où le FCB mène 2-0, avec notamment une passe décisive pour Lionel Messi. Chelsea est même à dix dès la trente-septième minute avec l'expulsion de Terry. Seulement voilà, Ramires réduit la marque juste avant la pause avant que Torres n'aille entériner la qualification en finale au bout du temps additionnel. Entre-temps, Messi loupe un penalty (49e) et touche du bois (83e). Il perd même vingt-six ballons et ne gagne que 47% de ses duels. Maudit, vraiment. Pas de nouvelle finale, et une saison bien délicate, collectivement pour Messi et sa bande.
Comme souvent ces dernières années, Barcelone réattaque la C1 de manière assez poussive. Au Camp Nou, en septembre 2012, le Spartak Moscou mène même 2-1 à vingt minutes de la fin. Mais ça, c'était avant que Messi n'entre en scène. En huit minutes, la Pulga claque deux buts pour un premier succès afin de se mettre sur le bon chemin (3-2).
«Quand Messi est dans un grand soir comme ça...»
Puis deux passes décisives à Benfica (2-0), avant une victoire poussive devant le Celtic (2-1) et une défaite sur le terrain des Ecossais (1-2). Dans les arrêts de jeu, alors que Celtic Park fait la fête, Messi réduit la marque. Insuffisant. Décidément très en réussite face au Spartak, Messi y va de nouveau d'un doublé (3-0). Au sein d'un Barcelone toujours plus Messi-dépendant qui obtient une nouvelle première place. En huitièmes, tiens, tiens, très original, c'est encore le Milan qui se dresse devant les Blaugrana. Parfaitement marqué par le collectif lombard, Messi, qui ne touche pas un seul ballon dans la surface, cale encore. Le plan adverse est parfait : Boateng et Muntari donnent une belle avance avant le retour (2-0). Le leader incontesté de la Liga et favori de la C1 est en grand danger. «Je ne suis pas triste. Affecté, oui», dit même Messi lors de cette période un peu compliquée pour lui. Et la remontada va avoir lieu au cours d'une sacrée prestation collective. Avec Messi, évidemment, en homme de base. Deux buts, dont un premier exceptionnel dans la lucarne italienne, en première période, avant d'être à l'origine du quatrième but (4-0). «Quand Messi est dans un grand soir comme ça, il faut l'attraper», constate Niang, le Milanais, après la rencontre.
Remis sur pied, même s'il est loin d'être dans sa forme optimale, Messi est prêt pour défier le Bayern. «On va sans doute voir le meilleur de Messi, parce que c'est le genre de matches qui le motive», prédit Xavi. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, la déception est immense. Le Barça est humilié en Bavière (0-4) et Messi traverse la rencontre tel un fantôme. Fragile, Messi déclare forfait pour le retour où les Catalans sont de nouveau balayés (0-3). Voilà deux ans que le Barça et Messi ne sont pas allés en finale. Une éternité.
En quarts, c'est le PSG qui est proposé aux troupes de Villanova, qui avait remplacé Guardiola. Au Parc, Messi ouvre la marque, transformant une passe extérieure complètement dingue d'Alves. Mais avant la pause, il doit céder sa place, touché à une cuisse. Sans lui, si Xavi pense donner la victoire aux siens à une minute de la fin sur penalty, Matuidi égalise dans le temps additionnel (2-2).
L'humiliation du Bayern.
À peine frustré, Messi claque un triplé lors de la première journée de l'édition 2013-14. La victime du soir ? L'Ajax de Frank De Boer qui ne peut rien (4-0). Un autre but devant le Milan AC en Italie (1-1), puis deux autres toujours devant les Rossoneri (3-1). Messi ne dispute que quatre rencontres, gêné par une blessure, et attend Manchester City pour le choc des huitièmes de finale. À l'aller, à l'Etihad, sans être transcendant, Messi débloque la situation en provoquant puis en transformant un penalty en seconde période. Victoire 2-0 des Blaugrana. Avant un autre succès tout aussi difficile à obtenir au retour (2-1, ouverture du score de Messi, profitant d'une erreur de Lescott). Ce n'est pas un grand Barça, mais c'est un Barça en quarts de finale.
Passeur décisif sur l'unique but du Barça, signé Piqué, pour l'ouverture de la C1 2014-15 face à Nicosie, Messi se rend au Parc des Princes pour affronter le PSG de Blanc. Suite à une action à trois exceptionnelle, où cela va bien trop vite pour les Parisiens, Messi égalise après l'ouverture du score de Luiz. Messi fait d'ailleurs très mal à ses adversaires mais il ne peut empêcher la défaite espagnole (2-3).
Messi est de retour en finale, cette fois face à la Juventus. Si sa prestation n'a pas été mentionnée au niveau des statistiques (but ou passe décisive), son influence a été plus qu'essentielle dans la conquête d'une nouvelle Ligue des champions (3-1). Entre ses séries de dribbles et toujours cette capacité à attirer l'attention constante de l'adversaire. Messi est titré pour la quatrième fois en autant de finale. 6 juin 2015 : la dernière trace de Lionel Messi, à ce jour, en finale d'une Ligue des champions.
Même s'il y a défaite, il y a comme une sensation que le Barça atteint un bien meilleur niveau que six mois plus tôt. Devant l'Ajax, Messi est dernier passeur pour Neymar, avant d'être "caviardisé" par Iniesta (3-1). Messi y va ensuite d'un doublé aux Pays-Bas (2-0), puis égalise face au PSG lors du match décisif pour la première place du groupe. L'Argentin surgit au deuxième poteau pour terminer du droit. Les Blaugrana l'emportent (3-1). En huitièmes, c'est encore Manchester City qui est proposé aux Espagnols. Les Anglais luttent et galèrent face au génial argentin, encore une fois au coeur de toutes les actions des siens. S'il est impliqué sur les deux buts barcelonais, Messi manque un penalty dans les arrêts de jeu. Un penalty qui aurait mis fin à tout suspense. Le Barça l'emporte tout de même (2-1). S'il bute sur un excellent Hart au retour, Messi régale toujours autant et son équipe voit logiquement les quarts (1-0).
En huitièmes, Messi retrouve un adversaire qu'il aime et qu'il connaît : Arsenal. Seul hic, il aura, dans les cages adverses, un Cech à qui il n'a jamais réussi à inscrire de but lorsque le Tchèque était à Chelsea. «Il peut même réussir un hat-trick, tant que nous passons, je m'en fiche», lance le portier. «J'espère que cela donnera un petit complexe à Messi et que l'histoire jouera pour nous et contre lui», prolonge Wenger. Les prières londoniennes seront loin d'être entendues. D'abord bien entouré, et pas vraiment inspiré dans ses intentions, Messi trouve la faille dans les vingt dernières minutes. Après un contre à cent à l'heure avec ses compères de la MSN, Messi est à la conclusion et trompe enfin Cech. Avant d'ajouter un penalty qu'il avait lui-même provoqué. 2-0 à l'Emirates.
Quand Boateng est mis sur les fesses
Et, comme en poules, c'est le PSG qui se présente pour tenter encore une fois de faire tomber le Barça. Messi touche le poteau, et distille une passe décisive pour Suarez lors de la victoire aisée des Catalans au Parc (3-1). Auteur d'un match moyen au retour, Messi n'a pas vraiment le besoin de briller. Un succès rapidement acquis au retour et Barcelone est dans le dernier carré. Au programme : une revanche face au Bayern entraîné par... Guardiola. À l'aller, au Camp Nou, au terme d'un match de très, très haut niveau, Messi et le Barça plient les Bavarois dans le dernier quart d'heure : une frappe soudaine à l'entrée de la surface, avant d'inscrire un des buts qui ont marqué la C1 au XXIe siècle, quand l'Argentin, d'un dribble, fait tomber Boateng sur les fesses, avant de terminer d'un piqué du droit. 3-0 au final, l'addition est salée.
«Messi ne cesse jamais de nous surprendre»
En septembre 2015, le champion débute à Rome, chez l'équipe de Rudi Garcia. Messi touche la transversale, Florenzi inscrit un but dingue et le club italien tient tête au Barça de l'Argentin (1-1). À la fin du mois, Messi se blesse face à Las Palmas et en prend pour quasiment deux mois. Il retrouve la C1 lors de la réception de la même Roma fin novembre. Quatre jours après un cinglant 4-0 infligé au Real Madrid. Et le Barça s'amuse : 6-1, avec deux buts et une passe décisive pour Messi qui retrouve enfin le chemin des filets. Lors de la dernière journée, à Leverkusen, Messi remet ça, Barcelone prend le nul et empoche bien sûr la première place.
«J'espère que cela donnera un petit complexe à Messi et que l'histoire jouera pour nous et contre lui»
Celtic, Mönchengladbach et Manchester City : tel est le menu proposé lors de la phase de groupes à Messi et consorts en 2016-17. Les Ecossais voyagent en Catalogne pour l'ouverture, et ils vont être reçus : 7-0 ! En grande forme avec son entente idéale avec Neymar (auteur de quatre dernière passe), Messi claque un triplé et une passe décisive. C'est ce qu'on appelle faire des débuts tonitruants. Absent lors de la victoire, de justesse, des siens à Mönchengladbach, Messi envoie un nouveau triplé face au Manchester City de... Guardiola. Ce soir-là, sans vraiment être en vue pendant toute la partie, il a été diaboliquement efficace avec trois buts sur trois occasions. Tout cela, avec une passe décisive pour Neymar (4-0). Deux matches. Six buts. Messi est sur des bases intéressantes...
En septembre 2017, le Barça a l'occasion de se venger en héritant de la Vieille Dame en phase de poules. Messi ne rate pas l'occasion en claquant un doublé, en étant à l'origine de l'autre but des siens et même d'un poteau. Il a une soif de revanche, et la Pulga l'a montré (3-0).
«Messi a fait la différence lors des deux matches, on parle du meilleur joueur du monde»
Lire : Les notes de Liverpool-Barça
Encore raté, donc, pour Messi. En septembre 2019, c'est une poule relevée qui est proposé à l'Argentin et au Barça avec, en plus du Slavia Prague, l'Inter Milan et le Borussia Dortmund ! Malgré deux nuls 0-0 à Dortmund et surtout à la maison face à Prague, le FC Barcelone obtient sa qualification dès la 5e journée. Avec Messi qui s'occupe de tout pour écarter Dortmund : un but et deux passes décisives pour un succès 3-1. La prestation d'ensemble catalane est loin d'être emballante. Le nul 1-1 décroché à Naples en huitième de finale aller, avec un Messi en-dedans, va également dans ce sens. Après la pause liée au coronavirus, Messi profite d'un Napoli trop tendre pour faire très mal. Un but, un penalty obtenu et une qualification pour le Final 8. Mais après Rome et Liverpool, Barcelone va signer la passe de trois : trois humiliations. Celle de 2020 est peut-être la plus ultime. A Lisbonne, le Barça égalise grâce à un but contre son camp d'Alaba (7e). Messi touche même le poteau (10e) et il y a cette impression que le club espagnol est dans son sujet. Avant la tempête, la tornade, le tremblement de terre : 1-4 à la mi-temps. Le double à la fin : 2-8 ! Le Bayern marque plus de buts que le Barça ne tente sa chance (7-8). Messi est dépassé, le Barça en crise majeure. Avec donc des envies de départ finalement envolées, trois buts lors de la phase de poules et un dernier match qui fait redescendre les Blaugrana à la deuxième place. Au Camp Nou, c'est la Juventus et surtout Cristiano Ronaldo qui rendent visite. La gifle est lourde (0-3), malgré dix tirs signés d'un Messi seul dans le désert. Face au PSG de Neymar, Messi va-t-il avoir la force de briser la terrible série d'éliminations de son équipe ?
Timothé Crépin Suivre @T_Crepin