Djamel Belmadi, le sélectionneur de l'Algérie. ( AFP) (AFP))

Quelles sont les chances de l'Algérie à la CAN 2019 ?

L'Algérie, le Maroc et la Tunisie disputeront bien la prochaine CAN. Mais quelles sont leurs chances ? Le Maghreb FC fait le point. Premier épisode avec l'Algérie.

Depuis 2004, et une victoire à domicile de la Tunisie, aucun pays maghrébin n'a remporté le titre continental. Pleines de promesses, les sélections maghrébines déçoivent très souvent. L'organisation de cette CAN en Egypte, en zone de confort, pourrait peut-être permettre à ces pays phares du football continental de (re)mettre le nez à la fenêtre. Pour chacune des sélections concernées, on a trouvé les motifs d'espoir, mais aussi les écueils qui pourraient freiner leurs ardeurs. On commence par l'Algérie ce dimanche, avant d'enchaîner avec le Maroc vendredi prochain et de finir le 5 avril par la Tunisie.

Les points forts de l'Algérie

Enfin un sélectionneur ! C'est un préalable à tout, sauf qu'en Algérie cela fait près de quatre ans qu'on rame. Depuis le départ de Christian Gourcuff, après la CAN 2015, les Fennecs subissent une vacance de pouvoir, voire le mandat de trop comme avec Rabah Madjer. Le passage de George Leekens a viré à la blague belge à la CAN 2017. L'Espagnol Lucas Alcaraz a échoué dans son sillage. On préfère taire l'épisode Rabah Madjer par respect pour le grand joueur qu'il a été... L'intronisation de Djamel Belmadi a clairement marqué une vraie rupture. Le discours musclé et volontariste de l'ancien sélectionneur du Qatar est audible et cohérent. Ce n'est absolument pas une garantie pour espérer une énorme perf en Egypte, mais au moins, l'Algérie n'est pas dans la préparation d'un échec programmé.

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Djamel Belmadi a remis la mosquée au milieu du Douar, il a pris ses responsabilités en écartant (provisoirement ?) Nabil Bentaleb, insuffisant lors de ces dernières sorties avec El-Khedra. Il a bousculé la hiérarchie en défense centrale en installant Mehdi Jean Tahrat à la place d'Aïssa Mandi. Ou alors avec l'émergence de Baghdad Bounedjah en pointe. L'attaquant d'Al-Saad est attendu comme l'une des sensations du prochain tournoi continental. Il peut aussi compter sur l'explosion sur le côté droit de Youcef Atal, auteur d'un but monstrueux à Lomé (1-4). En somme, Belmadi a pris ses responsabilités, et a remis quelques têtes à l'endroit tout en faisant preuve de calinothérapie avec Riyad Mahrez. Evidemment, il sera jugé sur ses résultats. Mais au fond, l'Algérie avait avant tout besoin d'un vrai patron. Elle l'a peut-être trouvé... Il y a le sélectionneur, et les joueurs. Belmadi va-t-il en fin réussir à tirer la quintessence de certains talents supérieurs comme Mahrez, Ounas ou Brahimi ? C'est un peu le facteur X de cette sélection. Ces joueurs vont-ils enfin faire de cette compétition un moment qui compte dans leur carrière ? Qu'on le veuille ou non, l'Algérie peut faire exploser n'importe quelle défense sur le continent ou ailleurs.

Ses points faibles

Dans les années 80, un dernier carré était le service minimum. On n’est désormais pas loin du miracle quand cela se produit, comme en 2010 lors de la CAN en Angola. L'Algérie aime de moins en moins l'Afrique, où elle plafonne, voire régresse. El-Khedra donne l'impression de se désintéresser du fait africain pour se concentrer davantage sur une possible participation au Mondial. Pour Djamel Belmadi, c'est un défi mental que de réussir à faire évoluer le logiciel chez certains de ses joueurs majeurs, ou alors il faut choisir, moins forts peut-être, mais plus déterminés. Le retour d'une proportion de joueurs locaux au sein du groupe est peut-être aussi une réponse pragmatique aux réalités du football africain. Il y a l'état d'esprit qu’il faut faire évoluer, mais aussi retrouver des leaders, des tauliers capables de répondre présent quand ça tangue.

Depuis les départs d'Anthar Yahia, Madjid Bougherra ou encore Karim Ziani, on n’a plus le sentiment qu’il y ait de chefs charismatiques qui se dégagent. Rafik Halliche pourrait par son vécu fédérer mais le défenseur central est en difficulté sportivement, et voit donc sa légitimité écornée. Riyad Mahrez, tête d’affiche de l’équipe, est davantage un dépositaire technique qu’un capitaine de route. Raïs M’Bolhi est là pour jouer les pompiers de services dans un collectif qui a perdu sa grinta. Un sentiment de révolte généralement dicté par des cadres dont l’Algérie est en manque. Lors de la dernière CAN, aucun leader n’a réellement émergé. Pire, des lignes de fractures entre locaux et joueurs binationaux sont apparues. Le retour en grâce de Sofiane Feghouli est une bonne nouvelle pour le sélectionneur, qui pourrait voir en lui le joueur capable d'amener ce supplément d’âme. Yacine Brahimi est aussi attendu dans ce rôle. Le milieu offensif du FC Porto est certainement un de ceux qui ne se cachent jamais quand il porte le maillot de la sélection. Avec des joueurs qui l’incarnent un peu plus, l’Algérie peut partir à la reconquête d’elle-même, comme avec ses jeunes du Paradou AC qui se sont vus offrir une première sélection contre la Gambie (Boudaoui, Nadji, Loucif..).

Nabil Djellit