marcal (A.Martin/L'Equipe)

Quelle saison fait Fernando Marçal à Lyon ?

Arrivé à Lyon à l'été 2017 en provenance du Benfica après une bonne saison à Guingamp, Fernando Marçal n'a pas vraiment de statut figé à l'OL. Zoom sur une situation floue.

Dès son arrivée à Lyon, Fernando Marçal a été titularisé sur le côté gauche de la défense. Il faut dire que les Rhodaniens avaient grand besoin de sang neuf après une saison passée avec Jérémy Morel et Maciej Rybus en tant que latéraux. Au fur et à mesure de la saison, le Brésilien a perdu du crédit auprès de Bruno Genesio, qui lui préférait la fougue de Ferland Mendy. Très vite, le jeune latéral a crevé l’écran, devenant un titulaire en puissance et un des meilleurs à son poste en Championnat. Très logiquement, le Brésilien a donc terminé la saison sur le banc, contraint de ne jouer que les matches de Coupe. Le début de la saison 2018-19 n’a pas été plus heureux, puisqu’une blessure au mollet l’a tenu écarté des terrains pendant plusieurs semaines. Pourtant, le joueur n’a pas lâché et a beaucoup travaillé dans sa préparation pour revenir en forme. Et ça a payé. De retour de blessure, il a démarré plusieurs matches, aussi bien en tant que latéral gauche que latéral droit.

Une révélation dans la défense à trois

Après trois matches plutôt convaincants, il a été pourtant relégué sur le banc à nouveau par Genesio. Alors qu’il semblait condamné à un rôle de doublure, il a finalement été le grand gagnant du changement de système du technicien rhodanien. Déçu par le rendement de sa défense à quatre, celui-ci a décidé de passer au 3-4-1-2. Lors des deux premiers matches avec ce dispositif (contre Hoffenheim et Guingamp), il avait choisi l’expérience, en alignant Jérémy Morel avec Marcelo et Jason Denayer. Résultat, quatre buts encaissés. Il n’en fallait pas plus pour enlever Morel du onze et tenter le coup de poker Marçal. Latéral de formation, le Brésilien révélait sur OLTV «Je crois que je n’ai joué qu’une seule fois défenseur central au Brésil, et je devais avoir quinze ans». Il avait donc de quoi être surpris quand son coach lui a demandé de se préparer à jouer à ce poste pour le derby.

Un choix pas si surprenant que ça quand on regarde ce dont avait besoin Lyon. Certes, Jérémy Morel apportait de l’expérience, mais il ralentissait énormément l’arrière-garde lyonnaise, qui n’en avait pas besoin avec un Marcelo déjà très lent. Il manquait aussi de transition avec le milieu de terrain, Jason Denayer étant le seul à avoir des qualités de relanceur. Dans cette défense, Fernando Marçal apportait des qualités de relance et de vitesse qui manquaient donc cruellement. Si cette association pouvait surprendre au départ, elle a finalement pris tout son sens sur le terrain, et a été un vrai succès. En plus d’apporter de l’allant offensif à cette charnière, Fernando Marçal s’est révélé dans le secteur défensif pur. Lors du derby, et pour son premier match à ce poste, il faisait huit dégagements. Le match suivant, contre Lille, il réalisait huit interceptions. Deux statistiques qui montrent l’aisance du Brésilien à ce poste. D’autant plus qu’il a réussi à maintenir ce bon niveau en Ligue des champions contre Manchester City et le Chakhtior Donetsk.

Victime du système

Cette saison de Fernando Marçal est une affaire de derby. Le premier de l’année lui a fait retrouver une place de titulaire, et le second l’a relégué de nouveau sur le banc. Sans vraiment que l’on sache pourquoi, Bruno Genesio décidait le 20 janvier 2019 de retourner à une défense à quatre, privilégiant l’attaque. Un début de réponse pourrait renvoyer au comportement du Brésilien, qui oubliait parfois les bonnes manières sur le terrain. Celui qui avait échappé au carton rouge pour avoir bousculé un arbitre l’année dernière n’y a pas coupé cette saison après un geste d’énervement sur un Amiénois. Se passer de lui dans le onze type, c’est aussi éviter de se retrouver à dix contre onze inopinément.

Dans ce 4-2-3-1, la charnière centrale, sans surprise, est composée de Marcelo et Jason Denayer. Et, même si l’avis populaire réclame une charnière Marçal-Denayer, on ne peut que constater que le choix du coach lyonnais fonctionne. En quatre matches joués (dont Saint-Etienne et Paris), les gones n’ont encaissé que deux buts. Une recette qui marche et qui soulève une question : que faire de Fernando Marçal ? La tendance n’est clairement pas de se séparer du joueur, dont le contrat court jusqu’en 2021, car il a un profil très intéressant en sortie de banc. Capable de jouer dans l’axe, à gauche et à droite, il a déjà disputé dix matches de Coupe d’Europe et dispose donc d’une expérience du haut niveau. Quand on sait que les doublures se font rares dans la défense lyonnaise (personne à gauche, Morel et Solet dans l’axe), ce n’est pas du luxe que de garder Marçal. Et puis qui sait, personne n’est pas à l’abri que Genesio change encore d’avis sur son dispositif...

Emile Gillet