Quand Neymar s'incruste place Bellecour : prise de température au centre-ville de Lyon avant Atlético-Marseille

A quelques heures de la finale entre l'OM et l'Atlético de Madrid, FF s'est rendu dans le centre de Lyon pour y vivre un avant-match parfois mouvementé. Mais surtout décontracté.

Ils ont de la suite dans les idées, ces Toulousains. Thomas, bleu et blanc depuis toujours, qui a arraché un sésame pour le match vendredi dernier sur Ebay contre 450€, déjeune avec ses amis dans une pizzeria de la place Bellecour de Lyon en ce mercredi de finale. Histoire de montrer que c'est bien l'OM qui est le dernier représentant français sur la scène continentale, le groupe propose au gérant d'arborer un drapeau européen marqué OM en plein coeur sur la façade du restaurant. Proposition acceptée. «On a négocié : on le laisse et on le recupère ce soir.» Pas mieux pour faire un peu plus encore grincer les dents des Lyonnais, mais aussi pour rendre fier tout un peuple.

En attendant de se rendre au Parc OL, la place Bellecour a été transformée en village de la finale de la Ligue Europa. Avec des activités comme du baby-foot géant, des tirs de précision, un tournoi pour les jeunes, l'installation d'un trophée géant de la Ligue Europa. Mais aussi, et surtout, un stand photo dédié à l'Atlético, et bien sûr à l'OM où les passants peuvent glisser leur tête pour une photo souvenir. «Ca, sur leur belle place Bellecour, ça doit bien les énerver, sourit Florent, fan de l'OM. Au moins Lyon existe sur la scène européenne grâce à ça, parce que sinon...» D'autres cherchent des places désespérement, quand certains trinquent, les bouteilles de Cristaline pleines de Ricard.

«Ça, sur leur belle place Bellecour, ça doit bien les énerver».

Curieux, et parfois toujours aussi déçus de ne pas voir leur Olympique figurer sur l'affiche de la finale, les supporters lyonnais viennent aussi participer à la fête. Comme Ahmed, maillot de l'OL sur le dos, portant sa fille, Anna, également avec une tunique lyonnaise... mais le logo marseillais sur les joues. «Je suis lyonnais, mais on dit "Allez l'OM" aujourd'hui. On est français avant tout. Ces derniers temps, il y a eu des petites bisbilles avec Jean-Michel Aulas, mais c'est rien : le plus important, c'est d'avoir gagné 3-2 chez eux la dernière fois.» Un son de cloche bien différent chez Simon et Alice, jeunes collégiens croisés également place Bellecour. «On va soutenir l'Atlético, lancent-ils. On est un peu dégoûtés, mais on sait qu'ils vont prendre une bonne raclée. S'ils la gagnent ? Ce serait un sacré coup de chance... et ils vont encore se la raconter pendant quinze ans

La place Bellecour. (Photo Timothé Crépin)

A moins de six heures de la rencontre, les maillots de l'OM floqués Thauvin, Payet, Loïc Rémy se mélangent aux tuniques de 93 et aux autres maillots vintage Panasonic. On croise aussi un fan invétéré d'André-Pierre Gignac avec le maillot des Tigres. Côté Atlético, on n'est pas en reste. Les supporters espagnols donnent même l'impression d'être bien plus nombreux que les Marseillais. Bref, on est loin, si ce n'est très loin des possibles tensions entre supporters évoquées depuis plusieurs jours. De quoi agacer Junayd. «Toutes les histoires de bagarres, franchement... On nous prend pour des animaux depuis trois semaines. On a fait un chant "Jean-Michel Aulas, on va tout casser chez toi" et les gens ont tous pris ça au premier degré ! Je ne dis pas ça parce que je suis marseillais, mais je pense qu'on est les supporters les plus exemplaires. Certes, on n'est pas calmes, on peut faire des conneries, mais quand on chante ça, c'est 100% de la rigolade

15h29. A croire que même le ciel lyonnais en a marre de voir autant de tuniques marseillaises dans sa ville. Quelques gouttes, avant un long déluge d'une bonne vingtaine de minutes qui fait se vider le coeur de la place Bellecour. Chacun se réfugie comme il le peut. 15h55. L'averse est passée. Les chants peuvent débuter. Le premier "Aux armes" retentit du côté du restaurant "Les chaises vertes". S'enchaînent des chansons pour Luiz Gustavo et Steve "Fenomeno" Mandanda. Avant, bien évidemment, de revenir au tube de l'été des Marseillais dédié à Jean-Michel Aulas.

«S'ils la gagnent, ils vont encore se la raconter pendant quinze ans».

Sur la place, tous les maillots se mélangent... (Photo Timothé Crépin)

«Je pense qu'on est les supporters les plus exemplaires».

«Jean-Michel Aulas, on va tout casser chez toi» : le tube de l'été des Marseillais

Venu juste pour chambrer, Neymar est gentiment exfiltré

Quand soudain, un intrus s'amène parmi cette foule jusque-là bien joyeuse. Adrien, 18 ans, se pointe avec un maillot du Paris Saint-Germain floqué Neymar. Rien de pire pour mettre les nombreux vigiles en alerte. «Je suis lyonnais, mais je déteste Marseille. J'ai acheté le maillot juste pour les emmerder», se marre-t-il. Sauf qu'après son arrivée, la tension monte d'un tout petit cran. Assez pour convaincre les vigiles de lui indiquer la sortie de la zone. «Je ne comprends pas, peste Adrien. On dirait que je leur ai arraché un membre. La passion, je la comprends, mais de là à en arriver à de la violence comme ça...»

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16h45. Plus le temps passe, plus l'excitation augmente. Avec des rêves toujours plus fous d'accrocher une deuxième Coupe européenne. «2-1, avec des buts de Mitroglou et de Bouna Sarr, pronostique Baptiste, content "d'envahir" Lyon.» «On profite du moment. On sait qu'il y a très peu de chance que ça passe», confie Nicolas. «En 93, on n'était pas favori non plus et on l'a gagnée, prolonge Junayd. Franchement, même si on perd, je ne serai pas déçu. Qui aurait cru, le 27 juillet, qu'on serait en finale ? Personne. On craint dégun !»

Timothé Crépin, à Lyon