(L'Equipe)

Quand les footeux sont aussi des papas...

Ils sont footballeurs, évoluent en Ligue 1, mais mènent un autre match quand ils rentrent à la maison. Celui d'être papa. Au moment de célébrer la fête des pères, rencontre avec trois d'entre eux.

De août à mai, une saison complète de Ligue 1 dure environ neuf mois. Comme une grossesse. Les footballeurs, qui sont devenus papas, l’ont bien à l’esprit. Une naissance, cela modifie forcément le quotidien, même si Emmanuel Imorou, le latéral gauche de Caen, assure qu’il «ne rentrait pas plus tôt de l’entraînement.» «La première grossesse était quelque chose de fort, forcément. On voit le ventre qui grossit, qui pousse, donc on fait des câlins. Ma femme a fait régulièrement des photos pour voir l’évolution de son ventre. On en a fait aussi avec un photographe professionnel pour garder des souvenirs. J’en garde de très bons. Si j’étais aux petits soins ? Ma femme va dire que non, mais oui, je l’étais (rires)».

De leur côté, l’Angevin Thomas Mangani et sa compagne avaient décidé de déménager quelques mois avant l’arrivée de leur premier enfant, afin d’avoir plus de place. «On a opté pour une maison. Comme ça, je peux dormir en bas les veilles de matches, explique la numéro 5 d’Angers. Je dors tout seul et je récupère tranquillement.» Effectivement, sommeil et récupération riment mal avec nuits écourtées et biberons.

Ils ne se lèvent pas la nuit

«Je ne me levais pas la nuit pour nourrir mes enfants, c’était beaucoup trop difficile à gérer, confirme Eric Bauthéac, papa de deux petits garçons, de 3 et 6 ans. Ma femme a compris.» Pareil du côté du gros dormeur Manuel Imorou. «En fait, quand je dors, il peut se passer à peu près n’importe quoi et je ne me réveillerai pas. Je n’y peux rien. Encore aujourd’hui, cela arrive que mon fils vienne la nuit pour avoir de l’aide pour aller aux toilettes et je n’entends rien du tout. Des fois, le matin, je retrouve un de mes enfants dans mon lit, je n’ai rien senti. J’ai le sommeil très lourd

Thomas Mangani a pu, lui, bénéficier du même traitement, mais pas pour les mêmes raisons. «J’ai eu la chance que ma femme allaite donc c’était réglé (rires). On s’était mis d’accord. Par rapport à notre métier, il faut qu’on soit au top et j’ai la chance d’avoir ma femme, sur qui je peux me reposer. Elle est très patiente et me met dans les meilleures conditions.» Côté prénoms, les femmes des joueurs reprennent le dessus. Elles proposent, ils disposent.

 

Petit cadeau de mes 2 bébés pour donner de la force à papa !! ?? #wearelosc #baby #artderue ??

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«On s’est mis assez vite d’accord», se remémore Eric Bauthéac, président de l’association Aktebo, qui réalise les rêves des enfants malades. «Le prénom, ma femme m’en a proposé un et j’ai tout de suite adhéré», ajoute Mangani, qui avoue quand même que «pour un garçon, on aurait galéré». Emmanuel Imorou a effectivement eu du mal pour le prénom de son fils : «On avait plusieurs idées mais rien qui faisait tilt direct. Pour notre fille, c’est venu un peu comme ça. On avait les mêmes styles de prénoms

Une fois les patronymes trouvés, place à la vie de famille, à la création des chambres d’enfants. Habiles balle aux pieds, nos footeux le sont tout autant un tournevis à la main. «J’ai monté le lit, les armoires, mais je n’ai pas fait de peinture, car je louais donc je ne pouvais pas faire trop de changements», explique le bricoleur Eric Bauthéac. Thomas Mangani a, lui aussi, mis les mains dans la caisse à outils. «J’ai monté le lit et la commode. J’ai tout fait, je suis content et fier de moi. Le bricolage, j’aime bien, je prends du plaisir.» Le plaisir, Emmanuel Imorou ne se souvient plus s’il en a pris à ce moment-là.

Mangani : «J'ai monté le lit et la commode. J'ai tout fait, je suis content et fier de moi. Le bricolage, j'aime bien, je prends du plaisir».

«Ça fait mûrir et ça change la vie»

«Je pense qu’on a monté les meubles même si je n’en ai pas de souvenirs particuliers. En vrai, je ne m’en souviens plus (rires), mais j’ai forcément dû monter quelques trucs. Après, sur la déco pure, le choix des meubles, ce n’est pas moi le chef (rires) et heureusement.» Eric Bauthéac confirme, «le rôle de la femme est prépondérant». «Ma femme a bien géré», renchérit Emmanuel Imorou. «J’avais 23 ans quand j’ai eu mon premier enfant, détaille Eric Bauthéac, possible partant du Losc cet été. Je ne me sentais pas adulte. Ça m’a mis un coup, j’ai pris cinq ou six ans en un instant. Ça fait mûrir et ça change la vie. L’amour, c’est un truc de fou.» Celui des supporters aussi. «Il y a eu beaucoup de jolies attentions de la part des fans au moment de la naissance de mon enfant, se rappelle Thomas Mangani. Ça fait chaud au cœur, c’est du bonheur». Celui d'être un père comme les autres...

Tanguy Le Seviller