banks (gordon) (Gerry Cranham/OFFSIDE/PRESSE S/PRESSE SPORTS)

Quand Gordon Banks racontait son arrêt face à Pelé : «Je l'ai entendu crier Goooal...»

Dans un numéro immanquable actuellement disponible dans les kiosques, France Football vous raconte avec passion la Coupe du monde 1970, la plus belle de l'histoire. Une édition du Mondial notamment rendue célèbre par l'incroyable arrêt de Gordon Banks face à Pelé.

Le «sauveur» Banks : tel esl le titre de ce portrait du légendaire gardien britannique à retrouver dans le numéro de France Football actuellement disponible en kiosques ou en ligne (cliquer ici pour l'édition numérique). Banks fait en effet partie de notre club des cinq héros de la Coupe du monde 1970. Une édition mexicaine sur laquelle FF consacre 30 pages pour revenir en détail sur le plus beau Mondial de l'histoire. En 1999, après un sondage rassemblant les meilleurs joueurs de l'histoire, le Roi Pelé avait été élu joueur du siècle par ce jury de prestige. Dans le numéro hommage de FF, en décembre 1999, Gordon Banks racontait ses souvenirs de son arrêt mythique face au Brésilien. FF.fr publie ici l'article en intégralité.

Gordon Banks en rit encore. Quand il se penche aujourd'hui sur les clichés de ce Brésil-Angleterre du Mundial 70, le gardien anglais, champion du monde chez lui quatre ans plus tôt, ne détaille pas d'entrée la tête piquée de Pelé, ni son acrobatie de portier volant qui sauva son camp. Non, Banks rigole franchement en voyant les supporters brésiliens massés derrière les cages, levant les bras en croyant au but certain. «J'ai même entendu Pelé crier Goooal !!!», raconte Gordon Banks dans un hôtel cossu du centre de Stoke-on-Trent, sa ville-refuge du nord de l'Angleterre. De son oeil encore valide (il a perdu le droit dans un accident de voiture en 1972), il ramasse la pile de photos du match tel un joueur de poker avant la partie. Il revoit et revit son duel avec le roi Pelé : «Il y avait 0-0 à ce moment-là du match, si cette occasion avait été transformée, nous aurions baissé les bras... En fait, nous pensions les battre, ce que nous n'avons finalement pas réussi, mais nous avons tout de même réalisé un grand match.»

«Il fallait que je m'attende à n'importe quoi de la part de Pelé»

Les 73 sélections de Gordon «Banks of England» ont défilé, ce combat face à Pelé est resté : «Mon latéral (Alan Mullery) me cachait la vue... Jairzinho avait poussé son ballon en avant et je savais qu'il ne pouvait pas centrer car il lui aurait fallu trois foulées pour le récupérer. Soudain, je vois Pelé, courant à toute vitesse vers la surface. Mais dans le même temps, je garde un oeil sur Jairzinho. Et je vois Pelé plus près encore ! Je dois suivre le ballon mais ne le vois plus... Ce que je savais, c'était qu'une fois la passe faite, le ballon atteindrait Pelé. Je ne pouvais plus aller au-devant de lui, car il m'était impossible de changer de position si vite. Il fallait que je m'attende à n'importe quoi de la part de Pelé : un tir, n'importe quoi. Ce fut une tête...» Une tête piquée et placée du numéro 10 magicien que le gardien de Stoke City va pourtant détourner...

Avancé comme à son habitude un mètre et demi environ au-delà de sa ligne, le face-à-face est épique. Banks : «La partie la plus difficile de l'arrêt venait du rebond. Face à Pelé, je n'ai pas anticipé, j'ai attendu qu'il donne son coup de tête. Une fois partie, je savais sa tête cadrée, et elle allait vite ! Le ballon était extrêmement difficile à capter car il n'a pas atterri à mes côtés mais il a rebondi cinq mètres devant moi...» Les mains de Banks s'agitent à nouveau : «A ce moment-là, je ne peux pas plonger vers l'avant, je dois au contraire reculer à cause de la vitesse du ballon. Et il faut aussi que j'estime la hauteur du rebond. Quand j'atteins la balle, je la touche avec le haut de ma main, le ballon tourne et part vers l'arrière... Ç'aurait pu être un but !» Banks, la carcasse dépliée et tordue, les yeux au sol, ne sait pas encore. Il entend simplement le «Goooal !» lancé par Pelé. Le ballon fuse le long de l'équerre et quitte le cadre. Banks a vaincu.

«La partie la plus difficile de l'arrêt venait du rebond. Face à Pelé, je n'ai pas anticipé, j'ai attendu qu'il donne son coup de tête. Une fois partie, je savais sa tête cadrée, et elle allait vite !»