buffon (gianluigi) (B. Papon/L'Equipe)

PSG : Gianluigi Buffon, grandeur et décadence

Au terme d'une saison des plus délicates, le portier italien et le PSG ont dit stop. Et ça ne peut qu'être une bonne nouvelle pour Buffon s'il ne veut pas écorner sa légende.

Le crépuscule d’une carrière peut être tortueux. Des mauvais choix, des prestations ternes, un football qui se perd dans les limbes d’un corps vieillissant… Difficile de dresser un diagnostique fiable dans le cas de Gianluigi Buffon. Difficile, aussi, de démêler le vrai du faux quant à la fin de sa courte expérience avec le PSG. A-t-il lui-même décidé de partir ? Le club de la capitale l’a-t-il poussé vers la sortie ? Les dernières semaines ont brouillé les pistes : si les journaux italiens prédisaient le glas de son aventure parisienne, l’intéressé s’était empressé de démentir au micro de Sky Uno, arguant que le club lui avait «proposé une prolongation», ce qu’il a par ailleurs réitéré sur Instagram ce mercredi. Qu’importe, au final ! Celui qui a tranché a été bien inspiré de le faire. Gianluigi Buffon ne pouvait pas rester une saison de plus au PSG, au risque qu’il ébrèche sa remarquable carrière et que sa classe naturelle ne parvienne plus à camoufler sa décadence sportive.

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La rotation jusqu'à la lie

Vingt-cinq matches et deux trophées de plus dans une armoire déjà bien garnie. Son passage au PSG fût fructueux. Mais à 41 ans, le portier italien a vécu cette saison comme aucune autre dans sa carrière. Et l’alternance instaurée dès le début de l’exercice avec Alphonse Areola lui a sûrement causé du tort. Pire même, au moment de dresser le bilan, cela nous force à un triste constat : Gianluigi Buffon a fait l’année de trop. Il a manqué de tonicité et de vitesse sur ses appuis, de force dans ses sorties et ses arrêts, et, pire que tout, n’a pas semblé avoir l’impact escompté dans un vestiaire qui aurait pu s’abreuver de son expérience, notamment dans les grands matches comme contre Manchester United. Cette soirée cauchemardesque, où il a commis une grossière erreur nourrissant l’espoir d’une remontada improbable, a probablement sonné le glas de sa carrière de joueur.

La légende italienne, plus de 900 matches au compteur, a paru usé, d’autant plus en fin de saison. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Pour titiller l’espoir de le voir en pleine possession de ses moyens, il aurait fallu abolir cette rotation que Thomas Tuchel lui-même a questionnée au milieu de la saison. Un portier de son âge a besoin d’enchaîner pour ne pas perdre ses repères et le rythme des matches. Des lors, on peut (encore une fois) interroger la décision du PSG d’avoir fait venir Gigi entre ses murs dans ces conditions qui, inéluctablement, allaient altérer son rendement sportif. Heureusement pour lui et son immense carrière, Buffon a su mettre le holà à ce fiasco et devrait, si l’on lit entre les lignes, revenir en Italie. Dans un poste d’encadrement serait le plus sensé. Et puisque le Mister a cité Ernest Hemingway dans son message d’adieu, il ne devrait pas oublier les mots de l’écrivain : «La sagesse des vieillards, c’est une grande erreur. Ce n’est pas plus sages qu’ils deviennent, c’est plus prudents.»

Heureusement pour lui et son immense carrière, Buffon a su mettre le holà à ce fiasco.

Antonin Deslandes