rabiot (adrien) (P.Lahalle/L'Equipe)

PSG : Ce si agaçant Adrien Rabiot

À moins d'un an de la fin de son contrat au PSG, Adrien Rabiot reste au coeur des polémiques. Qui enflent entre les non-dits et les incertitudes de sa prolongation, conjugués à des performances mitigées et des négociations canulantes. Frustant quand on sait tout son talent...

Une, deux, trois, quatre... et huit bougies ! Voilà huit ans qu’Adrien Rabiot a rejoint le Paris Saint-Germain, alors qu’il n’était qu’un adolescent passé par les centres de préformation de Manchester City et par celui de Pau. Pourtant, l’anniversaire ne semble pas se fêter, au point que le titi formé au club, aux côtés des Presnel Kimpembe, Alphonse Areola ou autre Christopher Nkunku, est presque devenu persona non grata aux yeux des supporters. Un statut que celui que l’on surnomme le «Duc» n’a peut-être pas voulu, mais qui risque de lui coller à la peau encore un temps, tandis que sa situation s’enlise toujours un peu plus. Pas qu’au Paris Saint-Germain, d’ailleurs, lui qui avait refusé avant la Coupe du monde une place de réserviste avec l’équipe de France à laquelle il goûtait peu. La vague de critiques passée, Rabiot entamait une nouvelle saison, toujours sans nouveau contrat (voir plus bas), mais pas moins dans la tourmente, alors que sa mère et agent Véronique Rabiot fait elle aussi partie des personnes visées. Les supporters, eux, ont peut-être de quoi être mécontent… Les soubresauts se multipliant, les quiproquo aussi, et les performances n’étant plus toujours celles du passé. L’habitué du Camp des Loges a également changé d’image, passé d’enfant chéri à celui à qui l’on ne fait plus aucun cadeau… Mérité diront certains.

La fiche d'Adrien Rabiot

Beaucoup de talent... et de nonchalance

Il faut dire que celui qui avait illuminé Santiago-Bernabeu en 2015 en Ligue des champions a bien changé. En bien, sur certains aspects, notamment physiquement, mais bien trop nonchalant au goût des différents staffs et aficionados qui l’ont vu évoluer. Reproches encore reçus après la claque collective infligée par Liverpool au champion de France, ou les ternes matches de Ligue 1 offerts pour le moment par les ouailles de Thomas Tuchel - et ce malgré le léger 3-2 sur le plan comptable d’Anfield ou le sans-faute du PSG en Championnat.

Les notes de Liverpool-PSG

Qu’Adrien Rabiot ait du talent, personne ne le niera. Et certainement pas ses entraîneurs précédents au Paris Saint-Germain ou en équipe de France, ayant tous trouvé chez le jeune natif du Val-de-Marne un milieu de terrain polyvalent, créateur, bon récupérateur et doué techniquement. Concernant la partie nonchalante, c’est à celle-ci que les fans rouge et bleu ont encore eu droit à Rennes dimanche dernier, l’international français offrant une partie frustrante, bien au-delà de son but contre son camp malchanceux…

Là est tout le problème pour Adrien Rabiot. Inconstant dans l’intensité, la concentration et parfois imprécis sur des phases de jeu qu’il maîtrise habituellement, le Français pêche encore dans trop de domaines. Sans parler de son hygiène de vie, on peut par exemple citer son jeu sans ballon encore limité, lui qui évolue pourtant sur un axe gauche relativement bien animé ces dernières années. «Quand Neymar a le ballon, les autres s’arrêtent», disait à l’arrivée de Thomas Tuchel un journaliste allemand du Süddeutsche Zeitung. Rabiot en est peut-être le parfait exemple, tandis que les observateurs les plus pointus attendent encore le grand réveil. Son coach aussi, très certainement, à une époque où le PSG déplore son mercato raté et son milieu appauvri.

Inconstant dans l'intensité, la concentration et parfois imprécis sur des phases de jeu qu'il maîtrise habituellement, le Français pêche encore dans trop de domaines.

Des négociations qui font grincer les supporters

Et parmi les petites histoires qui ont détérioré l’image d’Adrien Rabiot, le poste de sentinelle reste l’une des plus importantes. Positionné devant la défense lors de la belle victoire du PSG face au Barça 4-0 en février 2017, rencontre où le Français fut, à l’image de son équipe, exceptionnel, Rabiot a longtemps boudé une organisation tactique qui faisait de lui la première rampe de lancement du onze parisien. Comme l’an passé, où Giovani Lo Celso dû se coltiner le poste face au Real Madrid à l’aller, laissant un Rabiot buteur à ses préférences de relayeur. Une attitude qui en a agacé plus d’un, à l’instar d’un contrat qui tarde à se renouveler.

En effet, le bail qui lie le PSG à Adrien Rabiot, qui n’a plus signé de contrat avec le club depuis 2014, expire en juin 2019. Date à laquelle le titi sera libre de s’engager avec n’importe quelle formation, les noms du Barça et de la Juve revenant avec grande récurrence - le joueur étant d’ailleurs intéressé par ces deux clubs, où il retrouverait les champions du monde Umtiti, Dembélé ou Matuidi. Avec des desiderata élevés (on parle de plus de 10 millions de salaire annuel et plus de 12 millions à la signature), le clan Rabiot n’a pas non plus facilité la tâche à Nasser Al-Khelaïfi et Cie, en délicatesse par rapport au recrutement au milieu de terrain. Le tout corrélé à des performances qui suivent une courbe sinusoïdale et peu de déclarations sur son avenir, de quoi envenimer les débats et susciter les interrogations de fans impatients. Au regard du passif du PSG, de ses tracas directionnels et des rumeurs qui entourent constamment le club dirigé par Doha, la tâche n’a rien d’aisé. Rabiot, sans doute en pleine réflexion, devrait peut-être, quant à lui, clarifier la situation. Au risque, sinon, de garder pour l'éternité cette étiquette de talentueux turbulent.

Rabiot, sans doute en pleine réflexion, devrait peut-être clarifier la situation.

Antoine Bourlon