(L'Equipe)

Plaidoyer pour deux oubliés

Il y a quelques jours, la Confédération africaine de football a publié une liste de dix joueurs parmi lesquels sera élu le numéro un continental en 2018. Curieusement, Kalidou Koulibaly et Hakim Ziyech ne figuraient pas parmi les heureux élus...

Dakar, une fois n'est pas coutume, sera en janvier prochain le centre névralgique du football africain. Outre la désignation du prochain pays hôte de la Coupe d'Afrique des Nations 2019, à l'occasion d'une réunion extraordinaire du Comité Exécutif de la CAF (le 9 janvier), la capitale sénégalaise sera au coeur de la cérémonie annuelle des récompenses du football africain la veille au soir. Un grand moment qui donne la tonalité à l'année naissante. Début 2018, le Maître de Cérémonie n'était autre que Didier Drogba, et il avait été bon !

Plusieurs catégories seront récompensées : les équipes nationales masculine et féminine de l'année, l'entraîneure et l'entraîneur de l'année, le meilleur jeune, enfin la joueuse et le joueur de l'année. Jusque-là, rien de très anormal. Après avoir fait circuler une première liste de 34 noms, l'instance faîtière du football africain a récemment rendu publique une autre liste de dix noms : Iwobi (NGA), Onana (CAM), Badri (TUN), Onyango (OUG), Benatia (MAR), Salah et Soliman (EGY), Aubameyang (GAB), Mahrez (ALG) et Mané (SEN). Le gratin, ont commenté certains. Un peu hâtivement d'ailleurs.

Rien qui ne vous fasse tiquer ? Vraiment ? Pourtant, on note les absences d'au moins deux cadors actuels du football continental, qui faisaient partie de la liste élargie : le Sénégalais Kalidou Koulibaly et le Marocain Hakim Ziyech. L'un comme l'autre ont brillé en Coupe du monde, en tout cas ils n'y ont pas démérité. Et ils ont également participé à la qualification pour la prochaine CAN qui se cherche toujours un pays d'accueil (l'Egypte tiendrait la corde, devant l'Afsud...). En club, Koulibaly a démontré avec Naples, en particulier contre le PSG de Kylian Mbappé, qu'il était devenu l'un des tout meilleurs défenseurs du monde. Quant à Ziyech, ses qualités de passeur-remiseur et de buteur avec l'Ajax (10 buts, 5 assists cette saison en Eredivsie) en ont fait l'un des joueurs les plus convoités du moment. Et pourtant, ces deux icônes du football africain en Europe n'ont pas trouvé grâce aux yeux des membres du Comité technique et de développement de la CAF...

Comprenne qui pourra. Ce n'est pas la première fois qu'une institution comme la CAF interpelle quant à ses choix dans cette catégorie du meilleur joueur, baptisée à tort par certains médias "Ballon d'or africain". Il n'y a de Ballon d'or que celui de France FOotball, soit dit en passant. Du temps de l'ancienne direction de la CAF -Issa Hayatou, avant l'avènement du Malgache Ahmad Ahmad- on avait attribué en 2008 un prix à un joueur (Fred Oumar Kanouté) plutôt qu'à un autre (le vrai lauréat Didier Drogba) parce que ce dernier avait refusé de faire le déplacement en pleine CAN...

L'un comme l'autre ont brillé en Coupe du monde. Et ils ont également participé à la qualification pour la prochaine CAN.

Nombre d'observateurs du football africain, au premier rang desquels des anciens joueurs - l'ancien lauréat Patrick Mboma notamment, qui sera d'ailleurs à Dakar - s'interrogent sur les absences de Ziyech et Koulibaly, pourtant deux exemples de réussite du football africain sur le vieux continent. Ce post, s'il n'a pas vocation à nourrir une polémique, se devait de pointer le doigt sur ces oublis. Et s'étonner, dans le même temps, de la présence d'autres joueurs dans le Top 10 (Iwobi ? Onana ?). Que le meilleur gagne, à l'arrivée ! Même s'il nous semble qu'un des deux oubliés aurait mérité, cette année, de figurer sur le podium. Au "Double K" (Kalidou Koulibaly), puisqu'il s'agit de lui, de se servir de cette décision comme levier de motivation, pour aller le plus loin possible à la CAN cet été. Pour ne pas être exclu d'une consécration africaine qu'il mérite, lui aussi.

Frank Simon