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Peter Zeidler : «Sochaux est une adresse du football français»

Nommé, le 1er juin, entraîneur de Sochaux, Peter Zeidler entend bien redonner du lustre à un club cantonné à la Ligue 2 depuis 2014. S'il ne veut pas parler de montée dès cette saison, l'ancien coach de Tours entend bien l'emporter par le jeu.

«On dit de vous que vous êtes un francophile. Comment cette passion se manifeste-t-elle au quotidien ?
A l’université, j’ai étudié la langue française pour devenir professeur au lycée. C’est mon métier, à la base. Cet amour de la langue française vient du foot. Je suis un grand fan du foot français. Ca a commencé en 1978 et la Coupe du monde en Argentine. En 1986, je devais être l’un des seuls en Allemagne à être pour l’équipe de France (ndlr : lors de la demi-finale entre les deux nations au Mondial). J’étais très déçu après la demi-finale perdue en 1982, et l’incident Schumacher-Battiston (ndlr : France - Allemagne, toujours en Coupe du monde). J’ai aussi appris le français en lisant France Football et L’Equipe.
 
En 2016-17, vous étiez en D1 suisse, à Sion, et vous voilà en L2, à Sochaux. N’est-ce pas une régression pour vous ?
Non. Alors, oui, Salzbourg (ndlr : où Zeidler est passé en 2015) est un bon club ; à Hoffenheim, je n’étais qu’adjoint (ndlr : entre 2008 et 2011) ; à Sion, c’était extraordinaire, mais le président m’a démis de mes fonctions à sept journées de la fin, alors qu’on était troisième du Championnat, et qu'on était qualifié pour la finale de la Coupe de Suisse… Ensuite, j’étais pisté par Bâle, mais ils ont pris Raphaël Wicky, un très bon jeune coach. Qu’est-ce qu’il me restait en Suisse, sachant que je venais de Sion, et que Bâle avait trouvé quelqu’un ? Quand j’ai quitté Tours, en 2012, j’avais dit que je voulais revenir en France. Sochaux est une adresse du football français. On est en Ligue 2, oui, mais c’est un grand club. On veut faire quelque chose ici. Être en Ligue 2 ne me gêne pas du tout. Et on peut viser une montée en Ligue 1, pourquoi pas. Mais il y a douze ou quinze autres clubs qui veulent la même chose.

La montée est-elle un objectif dès la première année ?
C’est difficile de répondre concrètement à cette question. Je préfère dire qu’on va d’abord se concentrer sur le contenu. Mais en toute logique, quand on est à Sochaux, on ne peut pas dire que la Ligue 1 ne nous intéresse pas. Mais je ne peux pas dire non plus : “C’est seulement la montée qui nous intéresse.” Il ne faut pas trop parler, mais agir avec les joueurs et la direction. 
 
Quel est le jeu que vous allez mettre en place ?
D’abord, c’est le résultat qui compte, n’importe quel entraîneur dirait cela. Mais bien sûr, c’est un jeu qui va vers l’avant et qui est direct. Je veux que mon équipe soit positive et agressive. Je discute toujours avec mon staff. A la base, je voulais être épaulé d’anciens professionnels et d’anciens du club. A mes côtés, il y a Pierre-Alain Frau (ndlr : nommé entraîneur adjoint en juin) et Gérard Gnanhouan (ndlr : entraîneur des gardiens). Bruno Pascale, que j'ai connu à Sion, m'accompagne également.
 
Quel est l’intérêt de faire appel à des anciens du club ?
C’est très important pour créer un lien avec le public. Frau, par exemple, a tous les atouts : il vient d’ici, il veut apprendre, il a entraîné les jeunes du club… 

«Il ne faut pas trop parler, mais agir avec les joueurs et la direction.»

«Le club appartiendra toujours aux supporters»

Vous êtes réputé pour faire jouer des jeunes. Allez-vous vous appuyer sur la formation sochalienne ?
Oui. Avant, j’ai bossé avec des jeunes comme Dayot Upamecano, Naby Keita, Demba Ba… C’était une chance de travailler comme ça à Hoffenheim ou à Salzbourg/Liefering.
 
Quel est votre relation avec l’actionnariat de Sochaux ?
J’ai rencontré plusieurs fois Wing Sang Li, le propriétaire, avant de signer mon contrat. Il va assister à notre stage en Autriche, et je m’en réjouis. Je vais lui expliquer le football, et cela n’a rien de prétentieux. 
 
Est-ce que ça veut dire que Wing Sang Li n’a pas de culture football ?
Oui, c’est un peu ça. Je vais lui expliquer comment on va jouer, comment on va s’entraîner, etc. Il est très intelligent, mais il n’a pas eu la même éducation qu’en Europe. Ici, on commence à suivre le football grâce à nos parents, puis on joue avec nos amis… En Allemagne, un jeune de seize ans a déjà regardé 3000 matches de football. Ce n’est pas son cas. Mais ça va être super de discuter avec lui. 
 
L’année dernière, certains supporters n’étaient pas entièrement satisfaits de la direction prise par le club. N’avez-vous pas peur d’être rapidement mis sous pression ?
Ca reste le FC Sochaux Montbéliard. Le club appartiendra toujours aux supporters. Le club, c’est qui ? C’est ceux qui viennent au stade. Ils sont exigeants ? C’est bien. Impatients ? J’attends quand même un peu de patience. S’ils voient qu’on donne tout, ils vont être patients avec nous. Pas jusqu’au mois de mars, mais au moins pendant les premières semaines et les premiers mois. Troyes est monté en Ligue 1, alors qu’à la cinquième journée, le club était dernier. Idéalement, on espère quand même un bon départ.»

Propos recueillis par Nick Carvalho