Foto IPP/Fabio Murru Cagliari 02-4-2019 Campionato di calcio Serie A 2018-2019 Cagliari - Juventus Nella foto Leonardo Bonucci rimprovera Moise Kean dopo l'esultanza sotto la curva dei tifosi del cagliari italyphotopress world copyright *** Local Caption *** (L'Equipe)

«Pas pardonné», «embarras» médiatique : l'affaire Bonucci vue d'Italie

Douteux dans ses propos envers Moise Kean, le défenseur de la Juventus Turin Leonardo Bonucci est la cible de toutes les critiques. En Italie, si l'on condamne la situation, la presse navigue entre calme et stupeur.

«Je pense que la faute est partagée à 50-50. Moise n’aurait pas dû faire ça et le virage n’aurait pas dû réagir comme ça.» La phrase lâchée par Leonardo Bonucci, sur les cris racistes de certains supporters Cagliari à l’encontre du jeune attaquant de la Juve Moise Kean, a choqué la majeure partie de l’opinion publique internationale. Une partie de l’Italie, aussi. Mais l’atmosphère fut différente, alors que l’impact a été moindre et les réactions partagées. Bonucci, lui, s’il a présenté ses excuses et été repris par son coach en conférence de presse («Il s’est mal exprimé»), a subi les foudres d’une bonne partie des observateurs, à commencer par la presse. «Le web n’a pas encore pardonné à Leonardo, écrit par exemple la Gazzetta dello Sport. Dans le dernier post Instagram du défenseur de la Juve, qui ne concernait pas Kean, de lourds commentaires ont été postés en lien avec les événements de Cagliari. [...] Parmi eux figurent des insultes et des références à Kean.» Et Bonucci a tenté de se justifier, afin de couvrir le feu. «J’étais pressé, je condamnais le racisme» déclarait-il, tandis que le Corriere dello Sport lui reconnaît une volonté «d’accepter les accusations de joueurs et des médias.»

Lire : Les explications de Bonucci sur Instagram

Bonucci, le détesté

Bonucci a entaché sa réputation. Une nouvelle fois. Au point d’être qualifié d’«enfant terrible», lui qui avait quitté la Juve pour Milan dans un terrible fracas avant d’y revenir l’année d’après. Dans un article de 2016, Vice Italia avait déjà dépeint une personnalité contrastée et fruit de nombreux conflits : «Pourquoi Bonucci est-il l’un des joueurs les plus détestés d’Italie? La raison principale est triviale : il incarne parfaitement l’esprit de la Juventus. Il semble même avoir tatoué dans l’oeil la phrase "gagner n'est pas important, c'est la seule chose qui compte", et cette façon de le faire en fait la cible privilégiée. La dichotomie entre Bonucci et ses détracteurs est basée sur un mécanisme simple : la haine que les rivaux ressentent pour Bonucci fait partie intégrante des raisons pour lesquelles son ego continue de s'amuser.» Les derniers événements concernant Kean ne tendent pas vers une amélioration. Pas plus qu’à l’étranger. «Plusieurs joueurs n’ont pas apprécié, notamment en Angleterre, détaille le Corriere della SerraRaheem Sterling, qui fait souvent l’objet d’insultes racistes avec Manchester City, a visé Bonucci dans l’affaire Kean. Même Paul Pogba passe par les réseaux sociaux et prend parti pour Kean et Matuidi.» De même que Mario Balotelli, qui n’a pas caché son dégoût pour les mots de son coéquipier en sélection.

(L'Equipe)

Un tracas médiatique

Pourtant, là où la grande majorité des médias internationaux ont couvert l’affaire Bonucci avec effarement, l’Italie est restée modérée. Il Napolista, dans une analyse globale sur la position des médias, s’insurge : «À l’étranger, le cas du racisme est fixé sur Bonucci. En Italie, il y a surtout beaucoup d’embarras et quelques petits doigts levés au dernier rang. Chez nous, la gêne des journaux est palpable. En général, les journaux italiens ont le désir fou de tout commenter. Pendant des décennies, l’opinion a englouti la nouvelle. Jamais auparavant le journalisme italien n'avait été assailli par le désir d'un style anglo-saxon. Dans les chroniques, il y a tout. La conclusion est toutefois laissée aux lecteurs. Et l'affaire Bonucci n'est jamais isolée. Il y a des choses écrites à ce sujet. En un seul morceau, en plusieurs morceaux. Mais les gros titres, non.» Depuis, le calme a gagné les contrées de Léonard de Vinci, la Juve a rejoué et Moise Kean a de nouveau planté. Soutenu par Leonardo Bonucci. «Le défenseur, critiqué cette semaine pour ses propos sur le jeune attaquant, a été le premier à embrasser son coéquipier après le but», conclut Fox Sports Italia. Tout est bien qui finit bien ? Pas sûr. Ce nouvel épisode raciste risque de laisser des traces… - A.B.