sarabia (pablo) (A.Mounic/L'Equipe)

Pablo Sarabia (PSG), le temps des premières

Convoqué pour la toute première fois avec l'Espagne, Pablo Sarabia savoure. De quoi récompenser son adaptation express à Paris pour sa toute première expérience à l'étranger. Et avec l'Euro 2020 en ligne de mire, le gaucher a aujourd'hui une belle carte à jouer...

Il n'aura fallu que cinq petites apparitions sous le maillot du Paris Saint-Germain pour convaincre Robert Moreno, sélectionneur depuis le retrait de Luis Enrique, de faire appel à Pablo Sarabia. Une nouveauté, et pour cause : à 27 ans, l'ancien milieu du FC Séville, qui accumulait les buts et les passes décisives en Andalousie depuis son arrivée en 2016 (vingt-trois réalisations et dix-neuf caviars l'an passé), n'avait tout simplement jamais été convié par la Roja ! L'exposition médiatique que lui offre le champion de France et ses débuts probants sous les ordres de Thomas Tuchel lui auront cette fois permis d'être dans le groupe pour affronter la Roumanie et les Iles Féroé. Histoire de réparer une anomalie qui s'éternisait depuis bien trop longtemps déjà.

L'Espagne a beau se remettre lentement mais sûrement de ses échecs successifs à l'Euro 2016 et au Mondial russe, le vivier reste d'une force quasiment sans égale. Et si la polyvalence du numéro 19 parisien aurait pu lui permettre de gratter un ticket dans l'entrejeu, restait à évincer Parejo, Busquets, Rodri, Thiago Alcantara, Saul ou Fabian Ruiz, rien que ça. Robert Moreno a même pu se priver sans remord d'un élément comme Koke, moins saillant ces derniers temps. A défaut d'une place au sein de ce casting XXL qui a même contraint Dani Ceballos à glisser un cran plus haut, restait donc le costume d'ailier. Ce qui tombe plutôt bien, puisque Sarabia en a fait son favori. Les cartouches y étaient cette fois moins nombreuses, et le Madrilène de naissance a pu se frayer un chemin aux côtés de Suso, Oyarzabal, Rodrigo et Ceballos.

Une sélection amenée à en appeler d'autres ?

Reste à savoir maintenant si, dans la continuité de ses apparitions du côté du Parc des Princes, Pablo Sarabia sera mieux qu'un feu de paille au sein d'une sélection en très légère pénurie offensive. Le doute est permis de l'autre côté des Pyrénées, où la donne semble claire. «Sa sélection est avant tout due aux absences de Marco Asensio et Isco, qui évoluent dans les mêmes registres que lui. Il a longtemps été victime de la concurrence, et Asensio est amené à regagner sa place à son retour», assure Juan Castro, journaliste à Marca. Le son de cloche se veut plus élogieux dans les colonnes de AS : «Sarabia l'aurait déjà mérité à plusieurs reprises pour sa progression constante qui l'a conduit vers le PSG», s'engoue Javier Matallanas.

Toujours est-il que Pablo Sarabia Garcia, seul Parisien de la colonie espagnole (Herrera, Rico, Bernat) à figurer dans le dernier rassemblement, profite de l'instant sans trop s'inquiéter du reste. En marge du succès face à la Roumanie (1-2), il étalait son émotion à Sefutbol, la chaîne de la fédération. «Je n'arrive pas à réaliser. C'est un jour très spécial pour moi, c'est le rêve de tout footballeur de représenter son pays. Il y a en plus la victoire au bout, c'est donc une grande fierté. Je vais encadrer ce maillot dans ma maison. J'en garde quelques-uns, mais celui-là est l'un des plus importants de ma carrière, si ce n'est le plus important». Entré à la 76e minute en lieu et place de Dani Ceballos, on ne peut pas dire qu'il ait vraiment eu le temps de se mettre en évidence. Il s'est d'abord évertué à jouer simple et à conserver le cuir, surtout que l'Espagne était réduite à dix. Face aux Iles Féroé, dimanche, il a eu droit à trente minutes (entré en jeu à la 60e), le temps d'engranger un peu de confiance supplémentaire.

Avec la blessure longue durée de Marco Asensio et l'intermittence usuelle d'Isco, Pablo Sarabia voit ses chances d'être dans la liste pour le prochain Euro s'accroître soudainement. Si l'Espagne se qualifie, ce qui est bien parti, il devra toutefois se départir de tous ses concurrents actuels, auxquels s'ajoutent des prétendants tels que Lucas Vazquez, Iñaki Williams ou Dani Olmo. Une mission périlleuse, d'autant que son temps de jeu à Paris est là aussi loin d'être acquis. «Avec le trio Neymar-Cavani-Mbappé et l'arrivée d'Icardi, il devra probablement se contenter d'un rôle de joker de luxe», commente Juan Castro. Mais son professionnalisme, loué par Thomas Tuchel en personne, et les pépins physiques de deux des quatre mousquetaires pourraient lui offrir une occasion rêvée en Ligue des champions. Avec un match inaugural au Bernabeu, pour éblouir un public devant lequel il n'a jamais pu briller.

Corentin Rolland