Neymar s'est accroché avec les Strasbourgeois en Coupe de France. (E. Garnier/L'Équipe)

On a revu le match de Neymar (PSG) contre Strasbourg

Blessé face à Strasbourg mercredi en Coupe de France, Neymar s'est vu reprocher ses « provocations » et « chambrages » par les Alsaciens. Nous avons revu le match et l'attitude du Brésilien du PSG ne nous a pas semblé « dépasser les bornes » comme l'a dénoncé Thierry Laurey, l'entraîneur du RCSA.

Neymar, dont le jeu a parfois tendance à agacer ses adversaires, ne méritait pas de quitter la pelouse, mercredi, en boitant, le pied droit meurtri et les larmes aux yeux. Après le seizième de finale de Coupe de France perdu face aux Parisiens (0-2), Thierry Laurey, l'entraîneur de Strasbourg, n'a pas vraiment montré de compassion envers la star brésilienne du PSG. « C'est un génie, mais il y a des moments où, quand tu dépasses un peu les bornes, il faut assumer, a déclaré le technicien. Je n'ai pas demandé à mes joueurs de mettre des coups. Mais je comprends qu'ils en aient marre de voir quelqu'un qui donne l'impression de les chambrer. Il a le droit de provoquer, mais il a le droit aussi se faire attraper. »

C'est visiblement sur une intervention musclée du jeune milieu tunisien Moataz Zemzemi, à la 56e minute, que Neymar s'est tordu la cheville droite. Les premiers examens passés ont mis en évidence « une réactivation douloureuse de la lésion du 5e métatarsien droit », la blessure qui l'avait éloigné des terrains durant trois mois en fin de saison passée. « Je ne pense pas qu'il y ait eu un attentat, a défendu Dimitri Liénard, un autre milieu du RCSA. Ce n'est pas un tacle à la Cantona. Il est déséquilibré et se tord la cheville. »

Cinq fautes sifflées en faveur de Neymar

Nous avons visionné une nouvelle fois le match de Neymar pour savoir si les critiques des Strasbourgeois étaient justifiées. Une chose est certaine : le Brésilien n'a pas été ménagé par les milieux alsaciens. Laurey assure que son équipe n'a pas « choisi de mettre des coups à Ney », mais dès la 2e minute, celui-ci est bousculé par Liénard. À la 9e minute, il subit deux fautes coup sur coup de Gonçalves puis de Liénard. À la 27e minute, l'arbitre sort un carton quand il est accroché par Ismaël Aaneba. Puis arrive cette fameuse 56e minute où, après avoir reçu un coup dans le pied gauche par Liénard, Neymar subit trois assauts de Zemzemi pour l'arrêter. Le Brésilien finit évidemment par s'agacer et, sur l'action suivante, il humilie son adversaire d'un « arc-en-ciel », sur lequel le milieu de Strasbourg finit le nez dans la pelouse du Parc.

Au total, l'arbitre a sifflé cinq fautes en faveur de Neymar sur la douzaine accordée au PSG. C'est dire si les Alsaciens ont concentré leur attention sur l'ex-Barcelonais, qui est évidemment le Parisien ayant subi le plus de fautes mercredi soir. L'arbitre ne bronche pas quand Aaneba le retient au début de l'action alors qu'il déboule sur le côté gauche. Il ne siffle pas non sur la double intervention rugueuse de Gonçalves et Liénard (45e). Neymar a aussi été assez agile pour éviter deux interventions de Liénard (37e, 45e+1).

C'est sur cette action que Neymar se blesse au pied droit. (E. Garnier/L'Équipe)

Quelques dribbles mais aussi de la simplicité

Comme à son habitude, Neymar a effectivement voulu faire le show sur le terrain. On a répertorié quelques actions qui auraient pu passer comme des provocations aux yeux des joueurs de Strasbourg. À la 8e minute, il tente un petit pont sur Gonçalves. Une minute plus tard, il feinte une ouverture, toujours devant le même milieu alsacien, avant de finalement déclencher une passe et d'être fauché par Liénard. Sur une touche, il s'offre aussi une petite aile de pigeon qui met Gonçalves dans le vent (25e). À la demi-heure, il efface Liénard d'une « virgule ». Il retente - mais manque - le même geste dix minutes plus tard. Puis il réalise « l'arc-en-ciel » sur Zemzemi avant de quitter le terrain, blessé.

En dehors de ces quelques démonstrations techniques, le Brésilien a livré un match plutôt sobre en position de meneur de jeu. Il a souvent joué simple, à une ou deux touches de balle ou en tentant des une-deux avec ses coéquipiers. Il a régulièrement cherché à faire la différence par des passes même si, cela restant une de ses qualités, il a évidemment tenté quelques dribbles.

En revanche, impossible de relever les paroles du Brésilien comme l'ont dénoncé les défenseurs strasbourgeois. « Au-delà de chambrer, il parle mal », a assuré Pablo Martinez.

« Je sais aussi provoquer à ma façon »

Critiqué pendant la Coupe du monde pour sa facilité à tomber au sol au moindre contact, Neymar avait fait son mea culpa et beaucoup ont noté une amélioration de son attitude. Concernant son jeu, le Brésilien aura plus de mal à évoluer car c'est aussi sa manière de se démarquer. Il y a un an, après un match contre Rennes où ses provocations balle au pied avaient été pointées du doigt, Neymar déclarait :« Ils me mettent des coups et moi je joue au foot. Ils provoquent mais moi je sais aussi provoquer à ma façon, avec le ballon, avec mon foot. Je ne suis pas là pour mettre des coups, je ne sais pas faire ça. Moi je me défends avec le ballon. Ça ne sert à rien aux défenseurs de me provoquer parce que je vais provoquer encore plus. Et je vais faire gagner mon équipe. »

À bientôt 27 ans (le 5 février), il sera difficile de changer Neymar, dont les grigris balle au pied sont presque une marque de fabrique.