denayer (jason) (A. Martin/L'Equipe)

Olympique Lyonnais : Pourquoi Jason Denayer a mis du temps à percer ?

Après plusieurs années de galère où il a été prêté dans toute l'Europe par Manchester City, Jason Denayer s'est enfin posé à Lyon, où il s'impose comme un vrai patron en défense. Mais alors, pourquoi n'a-t'il pas éclos plus tôt ?

Parce qu'il a brûlé les étapes

Initialement formé en Belgique à l'académie Jean-Marc Guillou, Jason Denayer a décidé de quitter son cursus sur un coup de tête à 17 ans. Ambitieux, il s'est rendu en Angleterre pour faire des tests dans les plus grandes équipes, comme Liverpool et Manchester City. De retour en Belgique en attendant une réponse, il a dû attendre trois mois avant de voir sa vie basculer. Trois mois sans jouer à cet âge charnière, ç'a forcément un impact sur un joueur. Il faut croire que ce n'est pas le cas pour Denayer, qui déclarait à France Football il y a quelques mois : «Etonnamment, ça ne m'obsédait pas tant que ça. Maintenant que j'y réfléchis, je me dis que j'aurais eu des raisons d'avoir peur parce que c'est à ce moment-là que tout s'est joué.»

Parce que Manchester n'a pas cru en lui

Si Manchester City lui a bien proposé un contrat professionnel, il n'a pas joué la moindre minute dans un match officiel avec les Citizens. Pourtant, son premier prêt au Celtic Glasgow avait été très concluant. Disputant 44 matches, il remportait deux trophées et était élu meilleur jeune du Championnat écossais. Une distinction suffisante pour faire son entrée dans l'équipe type de la saison. Mais en Angleterre, le secteur était bouché, et la comparaison constante avec Vincent Kompany (Belgo-congolais également) lui a plus porté préjudice. Le feeling n'est finalement pas passé avec le club mancunien. Entraîneur des jeunes à l'époque, Patrick Vieira résumait dans les colonnes de L'Équipe : «Ce sont aussi des choix de club qui ont fait qu'il n'a pas pu se stabiliser». Trimbalé par la suite à Sunderland et Galatasaray (deux fois), il n'a pas réussi à se faire un nom.

Parce que son caractère peut agacer

Cet échec lors de ses années à City, peut-être est-il dû à son tempérament. Chaussettes baissées, dreadlocks affutés, Jason Denayer a l'air très nonchalant comme ça. Mais c'est loin d'être volontaire. D'ailleurs, il se défendait dans nos colonnes en précisant que les chaussettes baissées lui permettaient d'éviter des crampes. En revanche, il avoue volontiers vivre à deux à l'heure. «A Istanbul, je prenais mon téléphone, et en deux minutes j'organisais une partie de paintball ou d'airsoft et on débarquait avec des potes. A Lyon, c'est moins facile. Il faut tout prévoir à l'avance c'est fatiguant», nous confiait-il. Et si c'était à cause du paintball qu'il n'arrivait pas à se poser ?

Parce que Lyon n'a pas une culture défensive

Aujourd'hui, Jason Denayer est le patron de la défense lyonnaise. Mais il a fallu attendre avant que ce soit le cas. Globalement, le tournant de sa saison a eu lieu lors du derby à Lyon fin novembre dernier (victoire 1-0), où il a marqué en plus d'être très solide derrière. C'est à ce moment précis où il est entré dans le cœur des supporters lyonnais, une tâche très dure pour les défenseurs. Les arrières adulés par le public lyonnais ces dernières années se comptent sur les doigts d'une main (Cris, Caçapa, Umtiti). Il n'y a qu'à voir Marcelo. Très apprécié la saison dernière, il est désormais conspué. Un environnement pas forcément propice pour progresser. Et pourtant, Denayer a réussi. C'est bien la preuve d'un certain talent.

Lire : Quel est le onze idéal de l'OL ?

Emile Gilet