Salenko (L'Equipe)

Oleg Salenko (Russie), nouvel épisode de nos 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde

25 mai - 14 juin : dans exactement 20 jours, débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu'au coup d'envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde. Quatre-vingt et unième épisode avec Oleg Salenko.

Son histoire avec la Coupe du monde

Pour sa première participation à une Coupe du monde, en 1994 aux États-Unis, la Russie - ainsi renommée auprès de la FIFA après la dislocation de l’URSS en 1991 – s’est avancée avec peu de certitudes, à la suite de performances en dent de scie lors des éliminatoires. Placés dans le groupe B  en compagnie de la Suède, du Cameroun et surtout de l’ogre brésilien, les Russes sont éliminés au premier tour, non sans avoir fait le spectacle grâce à leur attaquant Oleg Salenko. Peu en vue lors de la défaite inaugurale face à la Seleçao (2-0), future championne du monde, l’avant-centre du CD Logrones en Espagne a scoré son premier but lors du match suivant face aux Suédois d’Henrik Larsson sur penalty, mais cet avantage n’a pas été suffisant pour la Russie, défaite une nouvelle fois (1-3). Eliminé, et désormais libéré de toute pression, le buteur de 25 ans a régalé lors du dernier match contre les Lions Indomptables, également hors course. Il a signé un incroyable quintuplé (voir ci-dessous) pour garantir le large succès 6-1 de son équipe. Si les Russes sont rentrés au pays après seulement trois matches, la performance d’Oleg Salenko a marqué les esprits, récompensée par le titre de meilleur buteur de la compétition (à égalité avec le Bulgare Hristo Stoichkov). À la suite du Mondial américain, le natif de Leningrad – aujourd’hui Saint-Pétersbourg – n’est plus apparu sous le maillot russe, terminant son aventure avec la Sbornaïa avec des chiffres affolants : six buts en seulement huit sélections (0,75 but/match) et trois passes décisives. S’il est retombé dans un certain anonymat, Oleg Salenko, grâce à son quintuplé, est considéré comme le plus grand joueur russe en Coupe du monde.

Le moment marquant

Ses cinq buts lors du troisième match de poules contre le Cameroun. Eliminé après deux revers d’entrée, la Russie ne tarde pas à trouver le chemin des filets grâce à son n°9. Dès le quart d’heure de jeu, après que l’un de ses coéquipiers ait été taclé par un défenseur camerounais, il est à l’affût pour croiser son tir et battre pour la première fois Jacques Songo’o (1-0, 15e). Après avoir profité de l’altruisme de son compatriote Ilia Tsymbalar grâce un coup franc rapidement joué (2-0, 41e), il corse l’addition juste après la pause sur penalty (3-0, 44e). Salenko ne va pas en rester là, puisque à l’entame des vingt dernières minutes, après la réduction du score de Roger Milla dès la reprise (3-1, 46e), il inscrit son quatrième but en reprenant un centre en retrait d’Omari Tetradze (4-1, 72e), avant de croiser son tir à droite du but adverse, suite à un merveilleux service en profondeur de Dmitriy Khlestov (5-1, 75e). Pour couronner le tout, il se paie même le luxe de s’offrir une passe décisive, pour Dmitri Radchenko (6-1, 81e), qui clôt la marque.

Le chiffre : 5

Evidemment son nombre de buts inscrits en une seule rencontre de Coupe du monde. Oleg Salenko est toujours à ce joueur le seul joueur à avoir marqué un quintuplé lors d’un match d’un Mondial. Meilleur buteur de la Coupe du monde 1994, il est le seul à remporter le Soulier d’or d’une Coupe du monde au sein d’une équipe éliminée dès la phase de groupes.

L'archive de FF

Quelques années après le Mondial 1994, FF est revenu sur la performance de l’attaquant russe qui livrait en même temps ses impressions : «C’est bien connu, avec les Russes, ça ne se passe jamais comme prévu. Et l’attaquant vedette de la Sbornaïa Oleg Salenko, ce fameux 28 juin 1994 au Stanford Stadium de Palo Alto, allait confirmer cette impression. En inscrivant un hat-trick en seulement 45 minutes, l’avant-centre de sans grade de Logrones se serait sans doute contenté d’un tel exploit. Mais il était dit que ce Russie-Cameroun ne serait pas le match d’un jour normal. En réduisant la marque dès la reprise, Roger Milla est devenu le plus vieux buteur en phase finale d’un Mondial, et Salenko, porté par une euphorie débordante, allait claquer deux autres buts, inscrivant un retentissant quintuplé dans une journée propice aux records, du jamais vu auparavant. ‘Je pense que cela a pas mal aidé de jouer contre le Cameroun. Ils étaient bons en 1990, mais à cette époque, les équipes africaines pouvaient être un peu folles tactiquement. Dès qu’elles prenaient un but, elles commençaient à se ruer à l’attaque en grand nombre. Quand Roger Milla a marqué au début de la seconde période, les Camerounais ont cru qu’ils pouvaient revenir et ils ont lancé l’assaut. Et on les a punis… Quand j’ai mis ce quintuplé, je n’avais pas l’impression d’écrire l’histoire, parce quand on joue, on pense toujours qu’il y a mieux à côté’».

Joffrey Pointlane