Soccer Football - World Cup - Group E - Brazil vs Switzerland - Rostov Arena, Rostov-on-Don, Russia - June 17, 2018 Brazil's Gabriel Jesus reacts REUTERS/Jason Cairnduff (Reuters)

Neymar individualiste, Coutinho au-dessus : le Brésil en quête de repères offensifs

Tenu en échec par la Suisse (1-1), le Brésil a mal débuté sa Coupe du monde malgré un statut de favori. Si Philippe Coutinho a été très intéressant, le trio offensif a lui été décevant. À commencer par Neymar, particulièrement individualiste et jamais décisif.

La somme d’excellentes individualités ne forme pas toujours un bon collectif. Depuis le début de cette Coupe du monde, ce constat s'est vérifié à plusieurs reprises, de l’équipe de France et l’Argentine samedi à l’Allemagne plus tôt dans la journée, ce dimanche. Dans un registre différent, les favoris peinent à imposer leur maîtrise collective. Et le Brésil n’a pas fait figure d’exception – qui est sûrement l’Espagne – pour son premier rendez-vous contre la Suisse (1-1). Pour se lancer dans ce Mondial, Tite avait choisi de composer un onze sans surprise. Un système en 4-3-3 avec un trio offensif Neymar-Gabriel Jesus-Willian et Philippe Coutinho dans un milieu à trois aux côtés de Fernandinho et Paulinho. Seulement, l'impatience de voir la Seleçao à l’œuvre avant le début de la rencontre a laissé place à la déception au coup de sifflet final.

Un trio offensif décevant, Neymar trop individualiste

Neymar faisait son grand retour à la compétition après plus de trois mois d’absence et seulement deux apparitions pendant la préparation avec le Brésil. «Il n’est pas à 100% mais il est en état de jouer. Il a des qualités physiques particulières, la vitesse notamment. Il est toujours rapide, il n’a pas perdu cette vitesse mais il n’est pas à 100%», avait prévenu Tite, le sélectionneur brésilien, avant le match contre la Suisse. Des propos qui ont vraiment pris du sens au cours de la rencontre. Neymar n’est pas au top de sa forme, c’est vrai, mais il n’a jamais cherché à compenser d’éventuelles lacunes physiques en adaptant son jeu. L’attaquant du PSG s’est montré beaucoup trop individualiste pendant toute la rencontre. Il a souvent cherché à faire la différence tout seul, et Stephan Lichtsteiner l’a très bien contenu sur son côté gauche, à l’image de cette intervention autoritaire pour stopper le Brésilien (29e). Sans briller, Neymar est quand même parvenu à provoquer de nombreuses fautes (31e, 65e, 67e, 81e), toujours assez provocateur dans ses dribbles mais pas décisif. Même ses coups de pieds arrêtés étaient quasiment tous manqués (16e, 66e, 81e), à l’exception du dernier qui trouvait parfaitement Roberto Firmino dans la surface, dont la tête était repoussée par Yann Sommer (90e).

En fait, c’est l’ensemble du trio offensif qui a été décevant, même si les regards étaient surtout rivés sur Neymar. La relation entre les trois joueurs a semblé difficile, et ils n’ont jamais réussi à combiner entre eux dans les trente derniers mètres ou à jouer dans les petits espaces. Ainsi, malgré sa volonté, Gabriel Jesus n’a rien apporté dans la surface et a eu beaucoup de déchet technique (57% de passes réussies). Même constat pour Willian (78% de passes, 2 dribbles réussis seulement) qui n’a fait quasiment aucune différence sur son côté droit. Sauf en fin de match, quand il ajustait un bon centre sur la tête de Neymar, bien stoppée par Sommer (88e). En outre, l’entrée de Firmino a été plutôt convaincante, son jeu en pivot et sa palette plus large correspondant peut-être davantage au style de cette équipe brésilienne. Un premier casse-tête pour Tite ?

L'éclaircie Coutinho

Mais si le Brésil a eu des difficultés à développer son jeu, c’est également à cause d’une équipe suisse cohérente. À la pause, l’équipe de Vladimir Petkovic était légèrement devant à la possession (51%), signe que la Seleçao ne parvenait pas à contrôler la rencontre. Et pourtant, elle menait au tableau d’affichage. Un éclair de génie de Philippe Coutinho a fait la différence. Le milieu offensif a enroulé une frappe magnifique dans la lucarne de Sommer pour ouvrir le score (1-0, 20e). Par ailleurs, le joueur de Barcelone – crédité d’une note de 7 par FF – a été le plus en vue dans le secteur offensif. Coutinho s’est montré très disponible et a rempli son rôle : faire le lien entre le milieu et l’attaque brésilienne. Ce n’est pas un hasard s’il a été celui qui a touché le plus de ballons (89) derrière l’infatigable Marcelo (107), lui aussi très important dans les phases de jeu offensives de son équipe. Une Seleçao qui a eu tendance à s’appuyer sur la montée et l’explosivité des milieux de terrain, notamment de Paulinho qui s’est souvent retrouvé dans la surface pour créer le surnombre dans le camp suisse. Si le Brésil semblait avoir beaucoup de certitudes avant de débuter ce Mondial, il se retrouve avec quelques doutes après ce match nul contre les Helvètes. 

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Clément Gavard