Allan of SSC Napoli during the Serie A match between Napoli and Fiorentina at Stadio San Paolo, Naples, Italy on 15 September 2018. Photo by Giuseppe Maffia. *** Local Caption *** (Giuseppe Maffia/AFP7/PRESSE SP/PRESSE SPORTS)

Naples : Allan, bien plus qu'un guerrier

Au Napoli depuis trois saisons, Allan s'est imposé comme l'un des meilleurs en Europe. Récompensé de ses efforts, celui qui est surnommé «le guerrier» vient d'être sélectionné pour la première fois en équipe du Brésil.

Le 24 octobre dernier, le Paris Saint-Germain recevait Naples en Ligue des champions (2-2). Comment ne pas mettre en avant le contraste saisissant entre les milieux de terrain parisiens et Allan ? Après la rencontre, le constat était implacable et rude pour le PSG. Amorphes, nonchalants, dépassés... voilà les termes qui accompagnaient la performance d'Adrien Rabiot et Marco Verratti ce soir-là. À l'inverse, le dictionnaire manquait de superlatifs pour décrire la performance du Brésilien. Subjugués par l'intensité mise par les Napolitains, Allan en tête, ceux qui ne le connaissaient pas encore allaient vite être séduits.

Une transformation avec Maurizio Sarri

Depuis plusieurs années maintenant, il a conquis Naples et en est devenu un élément incontournable. Cela lui vaut désormais un surnom : le guerrier. Mais Allan est un amoureux du ballon rond avant tout. Quand il parle de sa vie, de son éducation, il met toujours le football en avant. «J'ai vécu dans les favelas de Rio de Janeiro, dans une petite maison avec plein de monde. Il n'y avait pas beaucoup de place pour vivre. Dans ces situations, vous risquez de prendre de mauvais chemins... Mais mes frères et moi avons grandi animés par des principes sains. L'école, l'éducation, le travail et bien sûr, le football, expliquait-il à Il Messaggero. C'est ma vie depuis que je suis enfant [...] Et puis Vasco est arrivé, et après il y a eu le Mondial des moins de 20 ans, ensuite l'Italie. Ma vie a changé à partir de là».

C'est donc en 2012, à 21 ans, qu'Allan a découvert l'Europe et l'Italie, du côté de l'Udinese. Il s'était révélé l'année précédente, lors de la Coupe du Monde U20 remportée en Colombie, aux côtés de Coutinho, Oscar, Casemiro, Willian ou Alex Sandro. Pour sa première saison en Serie A, il disputait 36 rencontres et les premiers signes du talent du joueur étaient visibles. Avec Udine, en tout et pour tout, il a disputé 116 matches en quatre saisons. Mais la concurrence d'autres ténors européens, c'est finalement le Napoli qui remportait le jackpot à l'été 2015. Avec Maurizio Sarri aux manettes, Allan allait se frotter au gratin européen. Pour une somme avoisinant les 12 millions d'euros, les Napolitains ne le savaient peut-être pas à l'époque, mais ils faisaient une affaire en or. Car s'il était déjà performant avec l'Udinese, ce transfert allait le propulser sur le devant de la scène.

L'apprentissage du haut niveau se fait aux côtés de grands joueurs mais aussi de grands coaches. Allan peut en témoigner. Hier avec Maurizio Sarri, aujourd'hui avec Carlo Ancelotti, il a connu deux des plus grands entraîneurs dans sa carrière. Allan et Sarri sont arrivés en même temps à Naples. Avec lui, le milieu de terrain a bonifié son jeu, passant d'un «simple» récupérateur à un joueur extrêmement complet. Au-delà d'un rôle strict de milieu défensif, il a dépassé la fonction et s'est montré capable d'apporter à son équipe balle au pied. Cette transformation de son jeu avec l'entraîneur italien lui a permis de devenir incontournable.

En 2015, Sarri déclarait à Sky Sports à propos de son joueur : «Allan est un joueur important. Il a un grand dynamisme, une excellente qualité d'interception. C'est un joueur complet». Ses qualités étaient bien sûr indispensables dès lors que Sarri souhaitait instaurer un style de jeu comme il l'a fait à Naples, avec un pressing fort et constant, et un rythme très élevé. L'année passée, à l'apogée du Napoli, il formait avec Hamsik et Jorginho un trio qui a permis au club de terminer deuxième, à seulement quatre unités de la Juventus Turin et avec 91 points au total. On comprend aisément le poids qu'il a pris en Italie sous Sarri quand on regarde les chiffres de la saison précédente. C'est simple : Allan a pris part à l'intégralité des matches de son équipe, que ce soit en Serie A, Ligue des champions, Ligue Europa ou en Coupe d'Italie. Cet été, Mauricio Sarri et Jorginho, deux éléments fondamentaux de l'équipe, ont quitté le San Paolo pour Chelsea. Allan, lui, est resté chez les Partenopei.

La sélection brésilienne lui tend les bras

Carlo Ancelotti a repris les rênes de l'équipe. Il y a quelques jours, dans Il Messaggero, Allan comparait les deux hommes : «Sarri était un peu "maniaque" et cela nous donnait un style de jeu spectaculaire. C'était amusant, nous avions toujours le ballon et nous dominions. Ancelotti a un caractère différent de Sarri, il nous transmet de la sérénité, on sourit et on joue. Il a formé un grand groupe, tout le monde est impliqué dans le projet». Cet été, sur la station transalpine Radio Kiss Kiss, le Brésilien expliquait déjà la vision qu'il avait de son nouveau coach : «Ancelotti est calme et serein, c'est un entraîneur qui a beaucoup gagné et qui a entraîné de nombreux champions». Déterminé, il n'a eu aucun mal à s'adapter et à se mettre au diapason, comme un soldat fidèle à son maillot. Son entraîneur, Carlo Ancelotti, est allé jusqu'à le comparer à Gennaro Gattuso.

À force de travail et de régularité, il vient d'être appelé avec le Brésil. C'est donc à vingt-sept ans que sa carrière en sélection nationale pourrait débuter alors qu'il est éligible avec le Brésil, le Portugal, et même avec l'Italie. Selon Sky Italia, Roberto Mancini aurait considéré l'option de convoquer le joueur. Mais le premier à dégainer a donc été le sélectionneur brésilien, Tite, qui l'a appelé pour les deux prochaines échéances contre l'Uruguay et le Cameroun. Ces deux rencontres étant amicales, il ne sera en aucun cas lié avec la Seleção. Mais en 2015, le joueur pensait déjà à la sélection nationale... brésilienne, comme il l'expliquait sur le site officiel du club. «C'est un de mes rêves depuis tout petit. J'ai déjà joué avec les jeunes et je voudrais vraiment porter le maillot de la sélection nationale». Reconnaissant, le joueur n'a pas manqué de saluer son club après sa convocation avec le Brésil. «C'est une joie immense que je ressens, je remercie Naples, l'entraîneur, le groupe, tout le monde avec qui je partage mon bonheur», a-t-il réagi comme le relate la Gazzetta dello Sport. Cette convocation est une nouvelle étape pour le joueur mais aucune ne lui a résisté jusqu'à présent. Allan fait désormais partie des meilleurs d'Europe. Et s'il n'attire pas vraiment la lumière malgré des performances constantes, c'est un statut auquel il va devoir s'habituer.