(L'Equipe)

Naomi Osaka, Matthieu Jalibert, Fabio Quartararo... Les sportifs analysent Kylian Mbappé

Jeunes talents expérimentent problématiques similaires. Dans le cadre d'un dossier consacré à Kylian Mbappé, c'est de ce constat-là que FF est parti pour interroger une nouvelle génération de sportifs au sujet du champion du monde. Quatrième et dernier épisode avec la joueuse de tennis, le rugbyman et le pilote de Moto GP.

L'interdisciplinarité évoque partage de connaissances et progrès communs. Elle sollicite la nouveauté, invite à l'innovation, décrypte le micro-détail qui fait la différence. Après Kevin Mayer et le sprint, Pierre Gasly et ce qui entoure l'athlète et Frank Ntilikina, qui évoquait avec nous le développement physique d'un jeune athlète, France Football a prolongé l'invitation auprès de sportifs aux univers encore différents. Leur curiosité titillée par les performances de Kylian Mbappé, ils évoquent, avec leur oeil averti, des aspects relatifs à leur domaine. En plein confinement, ils ont pris un pas de recul pour nous offrir un peu de leur expertise. Naomi Osaka pense déplacements. Matthieu Jalibert pense frappe et pied d'appui. Fabio Quartararo pense gestion des émotions. Paroles de talents avertis.
 

«Un style proche de Djokovic»

Par Naomi Osaka
Open d'Australie, US Open, première japonaise n°1 mondiale. La Niponne s'impose sur le circuit WTA à tout juste 22 ans.

«Je suis la carrière de Kylian depuis le départ car nous avons presque le même âge. Le regarder jouer est fascinant, notamment parce que son jeu de jambes est impressionnant. La maîtrise technique dont il fait montre à grande vitesse me fait penser à celle qui caractérise des joueurs comme Djokovic, Murray, Dimitrov ou encore Nishikori. S'il était un joueur de tennis, je pense d'ailleurs qu'il jouerait dans un style proche de celui de Novak. Je vois également des similarités entre nos deux styles de jeu dans la manière dont il gère ses duels contre les gardiens. Il varie bien les zones et ce sont typiquement les choix que je dois faire lorsque j'ai l'opportunité de jouer un coup droit gagnant. Son killer instinct me plaît. De toute façon, les grands joueurs de football et les grands tennismen ont cela en commun : la capacité à exécuter le geste juste sous haute pression. Je vois par ailleurs la Coupe du Monde comme une sorte de Grand Chelem et le fait qu'il l'ait gagnée si jeune représente quelque chose de spécial. J'apprécie aussi la manière dont il gère tout ce qui lui arrive, c'est impressionnant. J'ai hâte de le revoir jouer pour le PSG et l'équipe de France quand la vie et le sport reprendront leurs cours.»

Dans le gestion des face-à-face, des similarités. (Charlotte Wilson/OFFSIDE/PRESS/PRESSE SPORTS)

«Une intelligence remarquable»

Par Matthieu Jalibert
Demi d'ouverture du XV de France et buteur, il est aussi incontournable à Bordeaux-Bègles, leader du Top 14 avant l'arrêt des Championnats.

«Notre pied d'appui permet de trouver de la stabilité au moment de la frappe. Il vient donner la direction du tir car il est normalement orienté dans la direction de la cible. On travaille la proprioception (sorte de mémoire musculaire, de sixième sens, qui se développe à force de répétition, ndlr) afin d'avoir le plus de stabilité possible sur la prise d'appui. Concernant la frappe, la répétition permet de trouver de la régularité et de pouvoir la perfectionner. C'est aussi une question de confiance, de se sentir plus à l'aise et d'avoir une sensation de “déjà vécu” dans les moments clés. Cette routine te permet de faire le vide, de faire abstraction du contexte. Entre football et rugby, il y a aussi un parallèle sur la prise de décision : le bon geste dans la bonne zone, l'anticipation des déplacements, essayer d'avoir un temps d'avance... Là-dessus, Kylian a tout. Il arrive à analyser les situations très rapidement. Il a une intelligence de placement remarquable qui, associée à sa vitesse, lui permet de faire très mal.»

«Le sang-froid, chez lui, c'est inné»

Par Fabio Quartararo
Prodige de Moto GP, le Français, 20 ans, est unanimement reconnu et a déjà signé 7 pole positions et 6 podiums.

«Le début de carrière de Kylian est impressionnant. Ça fait déjà quelques années que je suis le football et ce qu'il fait est incroyable. Je crois qu'il a déjà marqué toute la France et une bonne partie du Monde en accomplissant tout ça. Personnellement, il m'a impressionné sur plusieurs aspects mais j'aime beaucoup l'impression de facilité qu'il dégage, notamment lorsqu'il élimine ses adversaires. J'aime aussi la sérénité qu'il renvoie et je me retrouve là-dedans. Ce qui nous rapproche tous les deux, c'est ça : les gros évènements et la façon dont on les aborde. Et ça doit être encore plus dur pour lui, qui est encore plus sollicité que nous, les pilotes. Je n'ose même pas imaginer le nombre de choses qu'il doit gérer... La pression, c'est ce qui nous fatigue le plus. Personnellement, j'ai dû voir un psychologue qui m'a aidé à me calmer et à prendre sur moi pour gérer les situations avec sang-froid. Chez lui, ça paraît inné. J'ai déjà assisté à quelques matches au Parc et on sent qu'il est uniquement concentré sur le jeu, qu'il est tout le temps dans son match. Je ne l'ai encore jamais vu jouer avec l'équipe de France mais j'espère que ça se fera rapidement.»

Antoine Bourlon et Thymoté Pinon

L'intégralité du dossier consacré à Kylian Mbappé est à retrouver dans le nouveau numéro de France Football. À retrouver en version numérique en cliquant ici ou en kiosques.

- Le sommaire complet du nouveau numéro