mbappe lottin (kylian) (J.Prevost/L'Equipe)

Nantes-PSG : Kylian Mbappé, après la bouderie

Très attendu à Nantes après sa sortie et sa bouderie très commentées samedi dernier, Kylian Mbappé a été passeur décisif sur l'ouverture du score. Un match d'abord abouti pour lui, avant d'être entaché de plusieurs ratés. Surtout, son attitude globale trahissait qu'il n'était pas encore passé à autre chose.

Comment pouvait-il en être autrement ? À Nantes, sans Neymar, Kylian Mbappé était bien titulaire pour aller chercher trois nouveaux points (1-2). Pourtant, dans une semaine à trois matches pour les Parisiens, avec toujours le huitième de finale face à Dortmund dans les têtes, il n'aurait pas été si étonnant de voir le Français être ménagé. Mais il ne fallait pas être le meilleur coach de la planète pour se dire qu'il était certainement plus prudent d'inclure le champion du monde 2018 dans le onze de départ. Thomas Tuchel ne prenait pas le risque d'ajouter de l'huile sur le feu, moins de quatre jours après le remplacement tant commenté de son attaquant alors que Paris déroulait tranquillement face à Montpellier (5-0).

Un visage fermé

Visage très fermé dans les couloirs, comme un mélange de concentration maximale mais aussi d'envie de faire taire les critiques, Mbappé était forcément encore plus observé que d'habitude. D'abord pour guetter sa réaction de joueur de haut niveau après cette crise, mais aussi pour le voir prendre encore plus ses responsabilités en l'absence d'un Neymar qui est la véritable plaque tournante des siens depuis plusieurs semaines. Aligné aux côtés de Mauro Icardi dans le 4-4-2 de Tuchel, Mbappé a passé tout son temps sur la gauche dans ce match. Il était même davantage positionné en tant qu'ailier gauche pour faire face au pauvre Prado, 24 ans, titularisé pour la première fois de sa carrière en Ligue 1. Pas vraiment un cadeau de la part de Christian Gourcuff. Mbappé était vite trouvé et aurait pu bénéficier d'un penalty dès la 4e minute. Il semblait y avoir contact avec Andrei Girotto, mais Monsieur Schneider ne bougeait pas, la VAR non plus.

Comprenant très rapidement que les courants d'air allaient être très nombreux dans le couloir, Mbappé alignait les pointes de vitesse. Sur un magnifique appel où on le voyait se replacer pour éviter le hors-jeu avant d'enclencher la machine, il se compliquait la vie en tentant le lob face à Denis Petric (15e). Un nouveau tour de reins infligé à Prado lui permettait d'envoyer un centre quasiment parfait pour Icardi, mais Charles Traoré passait par là (16e). En mangeant toujours plus la ligne sur la gauche, il finissait, comme on pouvait se l'imaginer, par être décisif. Il laissait Girotto sur place pour donner ensuite un amour de ballon à Angel Di Maria, avec la déviation finale d'Icardi (0-1, 29e). Alors qu'on avait l'habitude de toujours le voir célébrer, Mbappé restait de marbre malgré les félicitations de certains coéquipiers. Comme si rien ne pouvait le faire sourire à La Beaujoire.

Prado, pour sa première titularisation en Ligue 1, n'a pas été gâté...

Icardi et Sarabia remplacés, pas Mbappé

Pas heureux dans ses renversements (32e, 36e) mais perturbant sur son côté, donc, Mbappé allait vivre une seconde période bien moins positive. Si Prado était toujours là, Girotto et les Nantais de la zone venaient davantage aider leur latéral. Mbappé était ensuite frustré par plusieurs actions où son positionnement était à chaque fois le meilleur, mais les services de ses coéquipiers n'arrivaient pas (56e, 58e, 62e). La sortie d'Icardi et, en conséquence, son retour seul dans l'axe n'étaient pas plus bénéfiques. Bien au contraire : entre passe ratée dans la surface (71e) et frappes sans étincelle (73e, 76e), il ne parvenait pas à mettre son équipe à l'abri. Enfin, sur cette énième opportunité parisienne, il y avait comme l'impression que Pablo Sarabia cherchait absolument son numéro 7 pour le faire marquer (79e).

Côté banc, comme on pouvait également s'y attendre, Mbappé terminait évidemment le match malgré les entrées de Draxler (pour Icardi) et de Paredes (pour Sarabia). «Il a fait un match top», dira Thomas Tuchel au sujet de sa star, après la rencontre sur Canal+ Sport. Un match à trois visages aurait-on envie de dire : un premier très positif, à réaction, pour illustrer les quarante-cinq premières minutes. Un second contrasté dans un deuxième acte bien moins abouti. Enfin, un troisième visage plus global, où son langage corporel trahissait une star marquée, ayant eu l'envie de marquer pour tout lâcher, avec peut-être, aussi, cette envie de se faire pardonner. Que Kylian conserve toute cette énergie et cette rage pour le 18 février prochain.

Timothé Crépin